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Une révolution de velours ?

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Pour le leader de l’opposition, Mikhaïl Saakachvili, il est cependant « trop tôt pour fêter la victoire. Il faut encore, par voie pacifique, faire démissionner le pouvoir ». « Nous occuperons les bâtiments administratifs, le Parlement et la Présidence, et nous les protègerons », a-t-il ajouté, en appelant ses partisans dans les régions à faire de même avec les bâtiments administratifs locaux. Il a aussi demandé aux ministres de venir s’entretenir avec Nino Bourdjanadze, présidente du Parlement sortant que l’opposition a désignée pour assurer l’intérim de la présidence d’ici de prochaines élections législative et présidentielle. « Tant que la situation n’est pas éclaircie, j’assure, conformément à la constitution, la direction du pays », a-t-elle confirmé. Edouard Chevardnadze , chassé du parlement par la foule alors que venait de s’ouvrir la première session de l’assemblée nationale sortie des élections législatives contestées du 2 novembre, a assuré qu’il ne démissionnerait pas et a décrété l ‘état d’urgence. « Nous punirons tous les criminels, nous arrêterons ceux qui ont violé la loi. Je décrète maintenant l’état d’urgence, nous devons remettre de l’ordre dans le pays », a-t-il déclaré, s’exprimant dans une résidence, située à trois kilomètres de la capitale, alors que le centre-ville est aux mains des manifestants : «Un coup d’Etat a été commis en Géorgie», a affirmé la Présidence dans un communiqué, semblant reconnaître que le pouvoir a changé de main. La Géorgie est désormais plongée dans une crise profonde, personne ne pouvant encore anticiper l’évolution de la situation. Le ministre russe des Affaires étrangères est sur place pour tenter de dénouer la crise sans effusions de sang. La position de Chevardnadze, devenue de plus en plus chancelante au fur et à mesure des protestations de l’opposition et manifestations quotidiennes, contre les résultats des élections législatives, avait été encore fragilisée le week-end par le lâchage de son allié américain dénonçant les fraudes massives qui ont marqué le scrutin. Le grand frères russe a assuré que ses troupes, basées dans l’ex-république soviétique, n’interviendront pas dans la crise. Outre, la question de savoir à quel point Chevardnadze conserve le contrôle de la police et de l’armée, une inconnue demeure : l’attitude du puissant leader régional de l’Adjarie, un territoire autonome de l’Ouest de Géorgie, Aslan Abachidzé, qui a fait alliance avec Chevardnadze et qui dispose de ses propres forces armées. Mais pour d’autres, la solution est toute trouvée, ils demandent à Chevardnadze de choisir : « partir comme de Gaulle ou comme Milosevic ». Mais le président Géorgien ne semble pas prêt à céder et compte finir à tout prix son mandat qui court jusqu’en 2005. Surtout que, tous les ténors de l’opposition viennent de « la même famille politique » que Chevardnadze lui-même. Il semble compter beaucoup sur Alsan Abachidze, le chef pro-russe de l’Adjarie, qui dirige depuis le début des années 90 sa république d’une main de fer et qui a multiplié les contacts à l’étranger, en Azerbaïdjan, en Arménie puis à Moscou. Abachidze, ancien rival de Chevardnadze devenu son allié par la suite, focalise toutes les réserves des opposants. Les craintes du clan du président chancelant ne s’arrêtent pas en si bon chemin. Ses partisans accusent en effet l’ambassadeur américain, Richard Miles, un diplomate chevronné, d’être venu en Géorgie pour organiser la chute de Chevardnadze. L’ambassadeur, également impliqué dans les affaires politique et énergétique lors de ses postes précédents en Azerbaïdjan, en ex-Yougoslavie et en Bulgarie, est qualifié de «spécialiste de l’imprévisible». Richard Miles applique en Géorgie la méthode qui était déjà la sienne en Yougoslavie : financer les étudiants et les médias. «À l’instar du précédent yougoslave, les brigades étudiantes de la Kmara et la chaîne de télévision indépendante Roustavi-2, fondée par l’argent de George Soros, forment la principale force de frappe de l’opposition», relèvent des analystes. Ils vont jusqu’à soutenir que l’origine de la crise géorgienne remonte à la signature d’un accord de coopération entre Tbilissi et Gazprom, particulièrement désavantageux pour le projet américain de gazoduc Bakou-Tbilissi-Erzurum.

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