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USA-SYRIE : dialogue via les démocrates

La photo réunissant Nancy Pelosi, présidente démocrate de la Chambre des représentants et troisième personnage de l’Etat américain avec le président syrien, Bachar El Assad, à Damas sera, sans aucun doute, une des plus mauvaises nouvelles que l’administration Bush ait eu à subir ces derniers temps.
En témoigne la violence de la réaction de la Maison-Blanche quand une de ses porte-parole brocarde, à l’artillerie lourde, le projet de ce voyage : «Nous pensons que cela envoie le mauvais message quand des personnalités officielles américaines de haut rang vont là-bas pour des séances photos qu’Assad exploite ensuite». Avec le risque évident de conférer à un régime une honorabilité non méritée. Cette critique est d’autant plus appuyée que, quelques jours plus tôt, trois sénateurs républicains, Frank Wolf, Joe Pitts et Robert Aderholt ont posé pied à Damas obligeant la Maison-Blanche soit à contenir son ire soit à avaler la couleuvre.
Et pour cause. Le régime syrien appartient désormais au panthéon des cauchemars de l’administration Bush. Même si, à l’origine, la Syrie ne figure pas au sein de l’axe du mal lancé au début de son mandat par Bush pour y définir et stigmatiser les Etats dits «voyous», l’approche républicaine actuelle fait du maître de Damas la source presque absolue de tous ses maux, d’où ce refus d’ouvrir le moindre canal de communication avec les Syriens.
La logique de l’administration Bush s’appuie sur ce constat : la Syrie de Bachar ne ferme-t-elle pas les yeux, quand elle ne l’encourage pas, sur «la marée» des combattants étrangers qui se déversent sur l’Irak à travers ses frontières et rendent impossible toute stabilité ? Damas ne parraine-t-elle pas le Hezbollah libanais qui, en plus de constituer une menace permanente sur Israël, paralyse le jeu politique libanais et prend en otage les alliés locaux de Washington emmené par Fouad Siniora ? Sans compter que G. Bush s’est avéré être un des plus ardents accusateurs de Damas d’être derrière l’assassinat de Rafik Hariri… Le régime syrien n’abrite-t-il pas, avec une bienveillance opportune, les factions palestiniennes les plus revendicatives et dont la stratégie est d’empêcher les Palestiniens de parvenir à une solution acceptable pour Israël ? Et, enfin, la Syrie n’est-elle pas un des rares pays arabes à afficher un soutien et une solidarité à toute épreuve avec le régime honni des Ayatollahs de Téhéran et qui, défiant l’ensemble de la communauté internationale, s’apprête à acquérir l’arme nucléaire ?
Après avoir croisé le fer avec la Maison-Blanche au sein du Congrès lui fixant presque un ultimatum et un agenda pour sortir les soldats américains du bourbier irakien, Nancy Pelosi est partie défricher la scène du Proche-Orient à la recherche d’interlocuteurs susceptibles d’apporter  aide et soutien.
Des commentateurs dans la presse américaine affirment que cette démarche ne vise pas à soulager un président que beaucoup, même parmi ses plus intimes alliés, accusent d’être enfermé dans un autisme dangereux, mais à préparer une alternative en perspective des prochaines échéances électorale américaines. L’enjeu pour les démocrates est de dérouler une solution pour un pays qui ne sait plus comment se défaire de l’imbroglio régional actuel dans lequel des erreurs d’appréciation et de jugement l’ont plombé.
Son voyage à Damas n’a pas cette allure aventuriste que ses adversaires veulent bien lui accoler. Nancy Pelosi fait savoir à ses détracteurs que son action s’inscrit simplement dans le cadre des recommandations de la commission bipartite Baker-Hamilton qui avait suggéré avec beaucoup d’insistance l’ouverture de canaux de communication et de négociation avec les pays voisins de l’Irak dans l’espoir d’instrumentaliser leur collaboration pour  pacifier le pays.
Et avant d’atterrir à Damas, les motivations étaient clairement exprimées. «Nous pensons, martèle Nancy Pelosi, qu’engager le dialogue  avec la Syrie est une bonne idée, c’est pourquoi nous le faisons (…) Le but de cette visite fait partie de notre responsabilité pour la sécurité nationale des Etats-Unis».

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