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USA : Une journaliste derrière les barreaux

Judith Miller, une journaliste du New York Times, a été emprisonnée mercredi par ordre du juge fédéral, Thomas Hogan. Motif : son refus de révéler ses sources d’information anonymes à un procureur qui enquête sur une affaire de fuite médiatique portant sur l’identité d’un agent de la CIA. Le juge a décidé que si la reporter du New York Times ne se décidera pas à révéler l’identité de sa source, elle devra rester en prison jusqu’à la dissolution de la chambre d’accusation saisie de cette affaire de fuite, prévue en octobre prochain. Une décision que Judith Miller n’est pas prête à prendre. En effet, elle a déclaré durant l’audience que si on ne peut pas faire confiance aux journalistes pour qu’ils garantissent la confidentialité de leurs sources, alors les journalistes ne peuvent pas exercer leur métier. Il ne peut pas y avoir de presse libre, a-t-elle conclu.
Le directeur de la rédaction du "New York Times", Bill Keller, a, pour sa part, apporté son soutien à sa journaliste. « Judy Miller a pris un engagement auprès de sa source et elle le respecte », a-t-il déclaré aux journalistes. Par ailleurs, M.Keller a exprimé sa crainte que ce précédent permette à l’avenir aux gouvernants d’étouffer des affaires.
« Quiconque pense que le gouvernement et les autres institutions puissantes doivent faire l’objet d’une surveillance attentive et déterminée doivent se sentir glacés aujourd’hui », a déclaré M.Keller à l’issue de l’audience judiciaire au terme de laquelle Mme Miller a été placée en détention.
« C’est une conclusion glaçante pour une procédure totalement consternante », a ajouté M.Keller. « C’est consternant parce que la nature du crime commis et ce que le procureur espère accomplir en punissant une journaliste honorable reste un mystère », a-t-il précisé. Peu auparavant, un autre journaliste inquiété dans cette affaire, Matthew Cooper, reporter au magazine "Time", avait fait le choix inverse, en acceptant finalement de coopérer avec la justice. Cooper a justifié cette volte-face en expliquant que sa source l’avait explicitement autorisé à faire état publiquement de leur conversation. « Je suis prêt à témoigner. Je me soumettrai » à l’ordre du tribunal, avait dit Cooper quelques minutes avant que sa consœur Miller n’annonce la décision contraire. Le procureur Patrick Fitzgerald mène une enquête pour connaître l’identité de la personne qui au sein de l’administration Bush, avait révélé à des journalistes que Valerie Plame, épouse de l’ancien ambassadeur Joseph Wilson, était en fait un agent secret de la CIA. Valerie Plame a été citée dans un éditorial de Robert Novak, journaliste au "Washington Post", quelques jours après que l’ancien ambassadeur Joseph Wilson eut mis en doute l’une des justifications de Bush pour attaquer l’Irak. Joseph Wilson avait été envoyé en Afrique par l’administration Bush pour enquêter sur une information selon laquelle Saddam Hussein aurait acheté de l’uranium au Niger à la fin des années 90 afin de fabriquer des armes nucléaires. Mais, de retour du Niger, l’ancien ambassadeur a assuré ne pas avoir pu vérifier cette accusation. Wilson a reproché à l’administration Bush d’avoir manipulé des informations données par les services secrets américains afin d’exagérer la menace irakienne. Robert Novak avait évoqué dans son éditorial deux hauts responsables non identifiés de l’administration Bush. Jusqu’à présent, il a refusé de dire s’il avait déjà témoigné devant le grand jury ou s’il avait été cité à comparaître. Cooper a parlé au secrétaire général adjoint de la Maison-Blanche, Karl Rove, après les critiques publiques de l’ancien ambassadeur Wilson, mais avant la publication de l’éditorial de Novak, selon l’avocat de Rove. Toutefois, ce dernier a démenti que Karl Rove ait révélé le nom de Valerie Plame à qui que ce soit. L’article de Cooper mentionnant le nom de Valerie Plame a été publié après l’éditorial de Novak. Quant à Judith Miller, elle a enquêté sur l’affaire, mais n’a jamais publié d’article sur le sujet. Certains estiment que l’auteur de la fuite, au sein de l’administration Bush, voulait peut-être se venger des critiques de l’ancien ambassadeur en révélant l’activité d’agent secret de son épouse. Bien que son avocat ait démenti son implication, tout laisse croire que l’informateur qui a volontairement grillé la couverture de l’espionne de la CIA, n’est autre que le conseiller de Bush en personne.

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