Ses déclarations concernant le discours «simpliste» du président George W. Bush sur «l’axe du mal» supposé formé par l’Iran, l’Irak et la Corée du nord, lui avaient récemment valu l’ironie du secrétaire d’Etat Colin Powell et du principal intéressé, M. Bush lui-même.
Mais peu importe, soupçonné par ceux-ci d’avoir des «vapeurs», Hubert Védrine continue d’évoquer dans les colonnes du quotidien français Libération «une réelle perplexité européenne» face à l’administration américaine. «Les Etats-Unis ne sont certes pas le seul pays convaincu d’être chargé d’une mission universelle, mais c’est le seul qui en ait tous les moyens et qui s’estime entièrement légitime dans ce rôle», déclare-t-il. Faisant allusion au rejet par Washington du protocole de Kyoto (émissions de gaz à effet de serre), et du traité sur la Cour pénale internationale, le ministre français des Affaires étrangères souligne par ailleurs que plusieurs pays européens «ont fait des offres de service, soit directement, soit indirectement au travers de l’OTAN» après le 11 septembre, mais n’ont pas eu de réponse. «Il ne s’agit pas de critiquer les Etats-Unis de façon stérile, mais de les appeler à avoir une attitude différente», souligne M. Védrine, insistant sur un retour au «partenariat».
Car selon lui, «il y a un écart énorme et croissant entre les Etats-Unis et l’Europe sur le plan militaire et dans les budgets de défense», la plupart des pays – excepté la France et la Grande-Bretagne – s’en étant «complètement remis au système de l’OTAN et à la protection américaine».
La veille pourtant, le président Jacques Chirac avait affirmé que Paris et Washington étaient «exactement sur la même ligne» concernant la lutte contre le terrorisme, et avait réfuté toute divergence de vue à ce sujet.