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Vers une libéralisation des salaires

Le système de salaire égalitariste à Cuba, construit par Fidel Castro, n’est plus viable, a déclaré un haut responsable du régime communiste dans un entretien publié mercredi, estimant qu’il plombe le pouvoir d’achat et incite à la corruption et au gaspillage.
Selon le vice-ministre du Travail et de la Sécurité sociale, Carlos Mateu, de nombreuses entreprises ont déjà supprimé les plafonds salariaux pour les travailleurs les plus productifs -adoptant en quelque sorte la doctrine «travailler plus pour gagner plus». Les autres compagnies devront le faire d’ici le mois d’août, a-t-il averti.
La fin des plafonds salariaux constituerait une petite révolution à Cuba, permettant à une classe moyenne d’émerger et d’accumuler librement des richesses. La mesure irait à l’encontre de la doctrine égalitaire que Fidel Castro, l’ancien chef d’Etat, a promue pendant 49 ans au pouvoir, avant de passer la main à son frère cadet Raul cette année. L’entretien publié dans le quotidien du Parti communiste «Granma» contenait peu de citations, mais l’article faisait savoir que Carlos Mateu «a souligné qu’il y a eu une tendance à ce que tout le monde ait la même chose, et que l’égalitarisme n’est pas pratique».
«C’est quelque chose que nous devons résoudre», selon «Granma», qui estime, dans la droite ligne de la théorie de l’économie de marché, qu’un système salarial égalitaire n’incite pas les travailleurs à donner le meilleur d’eux-mêmes, puisque l’effort n’est pas récompensé. Cela est «injuste, car s’il est nuisible de donner à un travailleur moins que ce qu’il mérite, il est également nuisible de lui donner ce qu’il ne mérite pas». Selon le ministre, le déplafonnement des salaires correspond parfaitement au nouveau slogan prôné par Raul Castro: «De chacun selon ses capacités, à chacun selon son travail». Cette formule est censée symboliser l’évolution du système cubain par rapport à la doctrine de Karl Marx: «De chacun selon ses capacités, à chacun selon ses besoins». On ne disposait d’aucun détail sur le nouveau système de salaires, et le ministère n’a pas souhaité fournir de précisions. Fidel Castro avait déjà ouvert les portes de l’île au tourisme et engagé quelques réformes d’inspiration libérale pour relancer l’économie après la chute de l’Union soviétique, qui avait privé le régime de revenus importants au début des années 1990. Mais dès les premiers signes de reprise, il avait reculé, tout en dénonçant la classe montante des «nouveaux riches».
Depuis son accession au plus haute poste de responsabilité en février dernier, Raul Castro a de son côté instauré un certain nombre de réformes assouplissant le régime de son frère aîné, permettant aux Cubains de se procurer un abonnement de téléphonie mobile, de louer une voiture, de prendre une chambre dans un hôtel de tourisme et d’acheter des ordinateurs, des DVD et autres produits électroniques. Il a également ouvert les terres publiques non-cultivées aux exploitants privés, afin d’augmenter la production alimentaire.

• Will Weissert (AP)

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