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Vers une Palestine aux frontières provisoires

© D.R

Le grand quotidien « Haaretz », a publié vendredi dernier, une analyse qu’Alouf Ben va jusqu’à intituler : « Un ballet de sauterelles diplomatiques ».
Tout d’abord, Colin Powell était pour la première fois ravi de son passage au Moyen-Orient. « C’est ma plus agréable rencontre avec Ariel Sharon », a-t-il raconté à ses collègues du Quartette à Sharm El-Cheikh. « Il était calme et de bonne humeur ». Dans le passé, Colin Powell se heurtait à l’intransigeance du chef du gouvernement israélien. Cette fois, Ariel Sharon lui a offert un succès pour fêter son départ : la promesse de tout faire pour un bon déroulement des élections palestiniennes.
Le décès de Yasser Arafat avait mis fin au boycott du gouvernement Sharon à l’égard des personnalités qui rendaient visite au Raïs palestinien. Dans l’espoir de la relance du processus de paix, on constatai une vague de visites et de rencontres politiques.
Les ministres des Affaires étrangères, de Russie, de Grande-Bretagne, après le secrétaire d’Etat américain, étaient reçus par les Israéliens et la nouvelle direction palestinienne menée par Abou Mazen. Et cette semaine une visite des représentants de l’Egypte, de l’Espagne, d’Allemagne et de Turquie, est programmée. Le mois prochain est attendu Tony Blair, un défenseur déclaré des Palestiniens. Ariel Sharon, constate l’analyste Alouf Ben, ne s’émeut pas de ce ballet. Il estime que les visiteurs cherchent à soigner leur image en s’intéressant « au problème international le plus important.
Mais, ils sembleraient se préoccuper plus, de leurs besoins intérieurs que de la solution de notre problème », a-t-il dit. Sharon s’est, donc, bien préparé à ce « ballet de sauterelles diplomatiques », en faisant preuve d’ouverture et de souplesse, sans mettre d’obstacles au déroulement des élections palestiniennes. Ses proches rappellent que Sharon, n’a pas empêché le transfert, en France, de Yasser Arafat pour se soigner, ni son enterrement à Ramallah.
A présent, Sharon donne son accord à la participation des Palestiniens habitant Jérusalem-Est à l’élection présidentielle palestinienne. Il promet, aussi, d’autoriser une libre circulation aux candidats et aux électeurs dans les territoires palestiniens. Sans compter son accord pour l’invitation d’observateurs étrangers chargés de surveiller le déroulement des élections.
L’Administration américaine, par Colin Powell, a averti que tout entrave israélienne aux élections serait « mal vue ». Mais aussi que Sharon devait prévoir « une coordination avec l’Autorité palestinienne de la réalisation du plan de désengagement de la Bande de Gaza et des 4 colonies au Nord de Cisjordanie »… Le problème, relève Alouf Ben très justement, reste la traduction sur le terrain de toutes ces promesses.
D’autant que le retrait militaire israélien des villes palestiniennes, afin que « les élections ne se déroulent pas à l’ombre des fusils israéliens », est un acte irréversible. En effet, le retour des troupes de Tsahal, après les élections, serait interprété, dans le monde, comme une nouvelle occupation et une grave atteinte au prestige de la direction palestinienne. Mais les Israéliens peuvent se féliciter de l’exemple, lors des obsèques de Yasser Arafat, de la bonne coordination entre les forces de sécurité palestiniennes et israéliennes.
Ariel Sharon, en contrepartie de sa souplesse, a déjà reçu de Colin Powell et de son homologue russe, l’assurance, selon Alouf Ben, d’une application de la « feuille de route, sans un raccourci, libérant les Palestiniens d’un démantèlement des organisations armées, en contrepartie de la première étape », a dit le chef du gouvernement israélien. D’autant que la communauté internationale ne veut pas trop en demander à Sharon qui est en butte à une opposition intérieure, dans son parti (le Likoud) et dans le Parlement (la Knesset) : « Je ne dispose que d’un gouvernement de minorité », a reconnu Sharon devant Colin Powell.
En fait, dans la réalité politique israélienne, la gauche ne peut pas agir et la droite ne le veut pas. C’est pourquoi Sharon a ajouté « je suis le seul à pouvoir mener à son terme le plan de désengagement de Gaza». Quoi qu’il en soit, à Washington, Moscou ou Bruxelles, on souhaite que les Palestiniens élisent Abou Mazen, le 9 janvier prochain, et que Sharon applique, en été, le désengagement prévu de Gaza.
Les ministres des Affaires étrangères qui se sont réunis, lundi dernier, à Bruxelles ont, – selon Alouf Ben -, évité de faire leurs déclarations habituelles « sur un accord final et le retrait de territoires », pour se concentrer sur des objectifs à court terme : l’arrêt des actes de violence et d’hostilité des deux parties, l’élection et les réformes au sein de l’Autorité palestinienne. Sans, cependant, se priver d’appuyer les résolutions à l’ONU.
Le prochain conseiller à la sécurité nationale, Steve Hadley, doit arriver au Proche-Orient, avant même sa succession à Condolezza Rice, marquant ainsi les nouvelles priorités américaines et la décision du président Bush de ne pas perdre de temps dans son intervention sur le conflit israélo-palestinien. Il apparaît que le président Bush veut, en effet, terminer son second mandat « comme fondateur de l’Etat de Palestine ». Quoique son administration ne parle pas d’un règlement définitif, mais d’un «accord intérimaire» après l’exécution de l’évacuation de Gaza. En vue de laisser, au successeur du président Bush les questions épineuses de « Jérusalem et des réfugiés », sauf, semble-t-il, une solution « acceptable » présentée par les Palestiniens.
Pour de nombreux observateurs, dès le lendemain des élections palestiniennes, le président Bush, en compagnie du président russe et de l’Union européenne, feront pression pour une réforme sécuritaire par les Palestiniens, afin d’appliquer la première étape de la « feuille de route ».
La deuxième étape, sera alors réalisée avec la formation d’un « Etat palestinien dans des frontières provisoires » et l’ouverture de négociations sur les frontières définitives, entre les Palestiniens et les Israéliens, dans un délai limité par avance.

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