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Victoire de la gauche au Sénat : Une menace sérieuse pour Sarkozy

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Déjà embarrassé par des affaires de financement politique, le président français Nicolas Sarkozy a subi un revers historique avec la perte du Sénat, très sévère avertissement avant l’élection présidentielle d’avril et mai prochains. Au cours d’un véritable «séisme» politique, l’opposition de gauche a remporté dimanche la majorité absolue au Sénat, à l’occasion du renouvellement de la moitié de sièges de la Chambre haute du Parlement, contrôlée par la droite depuis 1958.
Dès le choc des résultats, chaque camp s’est projeté en 2012. Le Parti socialiste (PS) voit dans le basculement à gauche du Sénat les prémices d’une victoire au printemps prochain, tandis que le parti présidentiel UMP relativise la portée du vote et affiche toujours sa confiance en son probable candidat à la présidentielle, Nicolas Sarkozy. Seul le ministre de l’agriculture, Bruno Le Maire, reconnaissait lundi «un sérieux avertissement» pour la majorité, ajoutant que les Français «sont inquiets». Si une possible victoire de la gauche aux sénatoriales était évoquée depuis un certain temps, le choc est rude pour Nicolas Sarkozy: l’opposition détient désormais 177 sièges de sénateurs, soit 2 de plus que la majorité absolue au Sénat (348 sièges). Elle contrôle une institution chargée avec l’Assemblée nationale d’examiner et de voter projets de lois, traités et conventions internationales. Même si la Constitution accorde un rôle prééminent à l’Assemblée, la gauche aura maintenant la possibilité de faire retarder au Sénat l’adoption de textes par le Parlement. Le Sénat était pourtant considéré comme une place forte imprenable, grâce à un mode de scrutin indirect très complexe, qui assure une sur-représentation aux régions rurales considérées comme favorables à la droite. Mais les succès de la gauche aux derniers scrutins locaux et régionaux ont modifié la composition des grands électeurs appelés à désigner les sénateurs. Pour Nicolas Sarkozy, le résultat du scrutin de dimanche ponctuait une semaine cauchemardesque avec de nouveaux rebondissements dans l’affaire dite de Karachi, un dossier de corruption et de financements politiques illégaux liés à une vente de sous-marins au Pakistan. Deux de ses proches ont ainsi été mis en examen (inculpés) par le juge qui enquête sur de supposées valises de billets ayant circulé entre le Pakistan et la France pour financer la campagne de l’ancien Premier ministre, Edouard Balladur, à la présidentielle de 1995. Puis ce fut au tour de l’ex-ministre de l’intérieur, Brice Hortefeux, préssenti pour être directeur de campagne de Nicolas Sarkozy en 2012, d’être pris dans la tourmente. Il est soupçonné d’avoir eu accès au dossier du juge d’instruction et d’avoir averti l’un des mis en examen. Cette affaire, pour laquelle l’Elysée a démenti toute implication du chef de l’Etat, n’a certainement pas joué en faveur de la droite aux sénatoriales. Les socialistes, en campagne pour la primaire chargée de désigner leur candidat à la présidentielle, y voient un mouvement plus profond, qui leur donne l’espoir de retrouver la présidence de la République, perdue depuis le départ de François Mitterrand, au pouvoir de 1981 à 1995. Il y a «un désir d’alternance», expliquait lundi Pierre Moscovici, un proche de François Hollande, favori des sondages pour la primaire. Signe que l’avertissement est passé à l’Elysée, Nicolas Sarkozy a reçu lundi matin son Premier ministre François Fillon, et le secrétaire général de l’UMP (parti du président), Jean-François Copé. Le président du Sénat sera élu le 1er octobre. Une élection à forte valeur symbolique car il est le deuxième personnage de l’Etat dans l’ordre protocolaire, assurant l’intérim du président en cas d’incapacité ou de décès. Les socialistes ont mis en garde lundi la droite contre toute tentative de conserver cette présidence par un jeu d’alliances ou de débauchages individuels.

  Frédéric Jeammes (AFP)

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