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Washington et Moscou se désarment

Washington et Moscou se sont engagés à réduire des deux tiers leur armement dans la décennie à venir. Une décision qu’ils ratifieront noir sur blanc lors du Sommet Bush-Poutine prévu en Russie, à la fin du mois de mai. «Les Etats-Unis et la Russie se sont mis d’accord sur un traité qui réduira de manière substantielle nos arsenaux nucléaires dans une fourchette acceptée de 1.700 à 2.200 têtes nucléaires».
En intervenant lundi depuis les jardins de la Maison- Blanche, le président américain a précisé que ce traité «rendra le monde plus pacifique et tournera la page une fois pour toutes sur la Guerre froide».
Son homologue russe Vladimir Poutine a lui aussi certifié la nouvelle. «Le ministre des Affaires étrangères Igor Ivanov m’a confirmé que les négociations russo-américaines de Moscou avaient abouti à un accord sur le texte d’un des principaux documents du sommet, l’accord sur la réduction des armements nucléaires stratégiques», a déclaré le chef du Kremlin. Un texte de trois pages, «court, (…) honnête et simple pour (un accord) sur le contrôle des armements» comme noté par le secrétaire d’Etat américain Colin Powell, qui annoncerait donc à lui seul la naissance d’une «nouvelle ère». Une évolution qui mettrait officiellement un terme à plusieurs décennies d’oppositions, nées au lendemain de la Deuxième guerre mondiale. Le monde avait alors dû choisir son camp et vécu au gré des périodes de gel et de dégel entre les deux blocs d’alors, l’URSS et les Etats-Unis, bientôt rejoints par celui des «des non-alignés». Ce face à face n’a pourtant jamais empêché les négociations entre Washington et Moscou. Des ententes qui, malgré la course à l’armement, entendaient fixer un équilibre dans la terreur. Ainsi dès 1963, le premier d’une série de onze traités, celui de Moscou, entre MM. Khrouchtchev et Kennedy, déterminait l’interdiction partielle des essais nucléaires.
Cinq ans plus tard, un second traité signé à Londres, celui de non-prolifération des armes nucléaires (TNP), mettait à nouveau les deux géants d’accord. SALT I, signé en 1972, sur la limitation des systèmes de missiles intercontinentaux, a été prolongé par SALT II en 1979. Mais l’histoire retient surtout les accords START dont découle directement l’actuel accord sur le désarmement. START I («Strategic arms reduction talks») a été signé le 31 juillet 1991 à Moscou par Mikhaïl Gorbatchev, président d’une Union soviétique qui devait s’effondrer quelques mois plus tard, et George Bush, le père de l’actuel chef de la Maison blanche. Cet effort de désarmement nucléaire était alors le plus ambitieux réalisé : il prévoyait de réduire de 9.986 à 8.556 le nombre d’ogives nucléaires américaines et de 10.237 à 6.449 le nombre d’ogives soviétiques.
Le 3 janvier 1993, le président George Bush et le nouveau président russe, Boris Eltsine, ont signé le traité START II, prévoyant que le nombre total d’ogives nucléaires de chacun soit réduit à 3.800 – 4.250, puis à 3.000 – 3.500. START II devait entrer en vigueur d’ici fin 2003. Mais le nouveau traité, qui ne porte pas encore de nom, pousse encore plus loin la stratégie des deux Etats qui possèdent actuellement 5.000 à 6.000 têtes nucléaires (chacun) opérationnelles déployées. La fourchette, 1.700 à 2.200, autorise cependant une certaine souplesse, de même que le terme «réduction» en lui-même. Car réduire ne veut pas dire détruire. En l’occurrence, il s’agit ici de démanteler, stocker et « mettre en réserve». Inquiet sur une possible réutilisation de ces armes, Moscou s’est pourtant plié à l’exigence américaine, le traité laissant aux deux parties une latitude entière sur les modalités de cette «réduction».
Tout comme le projet américain de «bouclier antimissile» auquel aucune clause ne fait référence dans le traité, et ce malgré les souhaits de Moscou en ce sens. Cet accord, signé lors du Sommet Poutine-Bush, prévu du 23 au 26 mai prochains en Russie, devra être ratifié par le Sénat américain et la Douma russe pour entrer en vigueur.

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