Politique

2/3 de citadins insatisfaits de leurs élus

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Entre la moitié des citadins qui ne connaissent aucun élu et plus d’un tiers des électeurs qui ignorent les véritables décideurs au niveau local, le constat du sondage Averty et la Fondation Abderrahim Bouabid est édifiant. Le sondage qui a porté sur l’intérêt des Marocains pour les prochains scrutins a été réalisé en décembre dernier auprès d’un échantillon de 1.084 personnes sur 40 villes au Maroc, représentatif de la population urbaine connectée.

Les résultats qui sont globalement inquiétants confirment un certain désamour entre les Marocains et la politique.

A titre d’exemple, ce sont plus de 80% des répondants qui ne connaissent pas le nom du président du conseil municipal dont ils dépendent. Ce taux passe même à 91% chez les femmes et 88% chez les moins de 24 ans. Seuls les retraités et la tranche d’âge de plus 44 ans semblent bien informés sur leurs élus locaux. Interrogés sur les compétences des conseils municipaux, plus de la moitié des répondants affirment que l’éclairage public, l’entretien du réseau routier urbain et l’eau et l’assainissement sont les compétences principales des élus locaux. S’agissant des attentes, environ la moitié des sondés ont mis la propreté et le traitement des déchets en tête de leurs priorités, suivis de la gestion des services de l’état civil, puis l’électricité et assainissement et enfin à l’entretien des routes. «Ces éléments semblent indiquer, que parmi les attributions des services municipaux, la priorité est accordée par les citoyens citadins aux services publics urbains», expliquent les auteurs de l’étude.

«Je t’aime, moi non plus»

Pour les partis politiques, il reste encore beaucoup à faire pour séduire les électeurs. Dans ce sens, la majorité des répondants (83%) ont déclaré ne pas être membres ou sympathisants d’un parti politique. Ce taux s’élève à 90% chez les femmes et à 91,5% chez les personnes sans emploi. Cela peut expliquer le taux d’insatisfaction des Marocains concernant le rendement du conseil municipal de leur ville.

Ce sont d’ailleurs les deux tiers des citadins qui se disent insatisfaits des réalisations. Pourtant, 44,3% des répondants confirment leur intention de participer au prochain scrutin alors que près d’un tiers ne se sont pas encore décidés.

Les personnes sans emploi et les femmes semblent être les moins tentées par le vote contrairement aux 44 ans et plus et les retraités. Près de la moitié des sondés ayant confirmé leur intention de vote vont aller aux urnes pensant que c’est un devoir civique alors que 24,7% pensent voter pour renforcer la démocratie locale.

A peine 13,2% le feront pour faire gagner leur camp politique. «Ces résultats semblent cohérents avec une faible appétence pour la classe politique de manière générale (83% des répondants n’indiquant pas d’affiliation politique)», ajoutent les initiateurs du sondage. Les déterminants du vote commencent également à changer.

Depuis longtemps, les électeurs votaient pour ceux qu’ils connaissent, un peu plus de la moitié des citadins mettent aujourd’hui en tête le critère de l’honnêteté des élus ou des candidats, suivi de leur niveau de compétence chez plus d’un tiers des électeurs. Ceci explique probablement le caractère essentiel de l’action politique auprès de 64,1% des répondants pour le développement du Maroc.

Echantillon

Le sondage a été réalisé auprès d’un échantillon de 1.084 répondants sur 40 villes au Maroc, représentatif de la population urbaine connectée. Les hommes représentent 64,6% des participants à l’enquête contre 35,4% de femmes. Les participants à l’enquête sont principalement des employés (21%), des étudiants (22,4%), des représentants de professions libérales (12,5%), des inactifs (12%), des ouvriers (9,9%) et des cadres (7,8%). Selon ses auteurs, le sondage a touché toutes les tranches d’âge. Dans ce sens, 30,5% des personnes interrogées ont moins de 24 ans et 33,3% ont entre 25 et 34 ans. Des personnes de 40 villes ont participé à l’enquête, dont 31,2% de la région atlantique (axe Casa-Rabat, El Jadida, Kenitra), 27,8% du Nord, 23,2% du Sud et 17,9% de la région centrale (Fès-Méknes). Selon ses auteurs, le sondage avait pour objectif de mesurer le niveau de connaissance des citoyens par rapport aux rôles et responsabilités des élus et étudier les attitudes et intentions de vote concernant les futurs scrutins électoraux. A noter enfin que la Fondation Abderrahim Bouabid (FAB) est une institution indépendante financée par des donations privées et les cotisations de ses adhérents. Elle traite des grandes problématiques de la société en mobilisant la réflexion scientifique susceptible d’en éclairer les enjeux.

Listes électorales

Le sondage s’est intéressé à deux sujets relativement importants, à savoir la date des prochaines élections ainsi que l’inscription dans les listes électorales.
L’étude a ainsi montré que 58,5% des répondants connaissaient la date des prochaines élections municipales contre 48,4% chez les femmes.

Quant à celle des élections législatives, 22,5% seulement savent qu’elle aura lieu en 2016. D’autre part, 45,7% des répondants ont déclaré être inscrits sur les listes électorales alors que 17,8% ne savent pas s’ils le sont ou pas.

La confirmation d’inscription est beaucoup plus faible chez les femmes (24%), les étudiants (21%) et la tranche d’âge 18-24 ans (18,7%) alors que chez les 35 ans et plus, ce taux s’élève à 70%. Pour rappel, le ministère de l’intérieur a lancé il y a quelques semaines l’opération de la révision des listes électorales dans les bureaux administratifs dédiés à cet effet dans l’ensemble des communes du Royaume.

L’opération doit se poursuivre jusqu’au 19 février prochain. Il faut préciser qu’il est désormais possible à tous les citoyens de présenter leurs demandes d’inscription via le site électronique www.listeselectorales.ma

Pouvoir décisionnaire

De nombreux citadins ne connaissent pas exactement la partie qui détient le pouvoir décisionnaire au niveau local. Ainsi, plus d’un tiers des personnes interrogées (38,7%) ont déclaré ignorer qui détient le pouvoir décisionnaire au niveau local. Lorsqu’ils se prononcent, les répondants identifient les autorités relevant du ministère de l’intérieur comme prépondérantes dans la détention du pouvoir décisionnaire local largement devant les élus locaux. Seuls 16% des 18-24 ans semblent ainsi penser que les élus locaux détiennent le pouvoir décisionnaire.

Intention de vote

Par rapport aux prochaines élections municipales, 44,3% des personnes interrogées ont confirmé leur intention de participation alors que 28,5% ne se sont pas encore décidées. Les personnes sans emploi et les femmes sont les 2 catégories enregistrant l’intention de vote la plus basse avec respectivement 32,3 et 37,7%. Par contre, celle-ci est très élevée chez les 44 ans et plus (60,3%) et chez les retraités (72,7%).

Nom du président du conseil municipal

80,3% des personnes interrogées ne connaissent pas le nom du président du conseil municipal dont ils dépendent. Ce taux s’élève à 91% chez les femmes et 88% chez la tranche 18-24 ans. Cela dénote une très faible identification avec une figure, une personnalité ou même un parti politique. Cela dit, 60,1% des personnes interrogées connaissent au moins un élu local dans leur ville. Ce pourcentage est beaucoup plus élevé chez la tranche d’âge 44-54 ans avec un taux de 72% et de 84% chez les chefs d’entreprises et hauts cadres. Par ailleurs, près de la moitié des femmes (45,8%) ne connaissent aucun élu.

Priorités pour les électeurs

Par rapport à leurs attentes, 49,7% des personnes interrogées donnent plus de priorité à la propreté et au traitement des déchets, 37,8% à la gestion des services de l’état civil, 36,7% à l’électricité et assainissement et 34,9% à l’entretien des routes.

A l’exception des services d’état civil (une donnée fort intéressante en soi quant aux points de contact entre les citoyens et l’Etat), les citoyens semblent ainsi mettre les services urbains de base au cœur de leurs priorités en ce qui concerne l’action locale.

 

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