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Ce que recommandent les jeunes parlementaires au gouvernement

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Code de la famille, contrats de partenariat public-privé, coopération Sud-Sud…

L’Association marocaine des jeunes parlementaires (AMJP), présidée par Nizar Berdai, a présenté ses recommandations élaborées par ses jeunes députés, et qui ont été débattues lors de la première session législative du Parlement Jeunesse du Maroc qui s’est tenue du 22 au 27 juillet 2019.

Une initiative qui s’est donné pour objectif de promouvoir l’implication des jeunes marocains en politique, mais aussi de partager avec le reste du Royaume le regard que porte la jeunesse sur des sujets qui la concernent tout particulièrement. «Elle vient en accord avec la volonté de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, que Dieu L’assiste, de donner une place prépondérante à la jeunesse marocaine sur la scène politique, et rentre dans le cadre des célébrations de ses deux décennies de règne, le 30 juillet dernier», a indiqué M. Berdai, en marge d’une conférence de presse organisée à Rabat. Il faut dire que les recommandations annoncées touchent plusieurs sujets couvrant les aspects politiques, économiques et du développement liés à différents niveaux national, régional et international, à travers quatre commissions : la première dédiée à la justice, de la législation et des droits de l’Homme, la deuxième s’intéresse aux secteurs sociaux, la troisième se penche sur les finances et le développement économique et la dernière consacrée aux affaires étrangères, de la défense, des affaires islamiques et des Marocains résidant à l’étranger. 

Un nouveau mécanisme de résolution des conflits familiaux proposé

Au niveau de la première commission, elle a examiné les questions du mariage précoce, du mariage forcé et de la médiation familiale en relevant non sans grand regret que le mariage précoce et le mariage forcé prévalent toujours dans notre pays, dès lors que le consentement de l’épouse est formel et irréel et qu’ils ne sont que l’œuvre pure et simple de la famille, poussant de nombreuses filles et femmes à vivre dans des conditions déplorables. «L’absence d’un système juridique de médiation familiale constitue un vide injustifié dans une société en constante évolution et nécessitant un nouveau mécanisme de résolution des conflits familiaux», souligne Mehdi M’daghri, président de cette commission. Dans ce sens, la commission recommande l’élaboration des propositions de trois lois. La première sur le mariage forcé, qui inclut notamment la définition et l’annulation de ce mariage ainsi que sa criminalisation par l’adoption de sanctions répressives. La deuxième portant modification du code de la famille et prévoyant notamment la révision des conditions dérogatoires fixées par le législateur en ce qui concerne le mariage des mineurs. Quant à la dernière proposition, elle établit un système juridique de médiation familiale en tant que remède aux ruptures familiales en déterminant les conditions de recours à ce moyen ainsi que les trois mécanismes d’intervention du médiateur et les modalités permettant de trouver des solutions satisfaisantes pour toutes les parties.

Une loi-cadre relative à l’éducation et à la formation

La deuxième commission dédiée aux secteur sociaux s’est penchée pour sa part sur une proposition d’une loi-cadre relative à l’éducation et à la formation afin d’intégrer les jeunes au marché du travail à travers la mise en œuvre des Hautes directives royales dans ce domaine. La commission a estimé qu’il existait toute une série d’entraves à l’intégration des jeunes au marché du travail liées principalement à la formation tout en soulignant l’absence de véritables mécanismes d’intégration des personnes à besoins spécifiques et des personnes libérées après avoir purgé une peine privative de liberté. En conséquence, la commission a reconnu la nécessité d’élaborer une proposition de loi incluant : des règles spéciales pour l’orientation académique, qui imposent au ministère de tutelle de former des cadres pédagogiques et leur confier la tâche d’orienter les élèves à partir de l’enseignement collégial et de l’enseignement secondaire, afin de garantir un accompagnement et une orientation efficace vers un parcours scolaire réussi, l’obligation d’enseigner une filière dédiée à l’orientation académique pour les cadres pédagogiques dans les centres régionaux des professions d’éducation et de formation, la nécessité d’inclure l’entrepreneuriat dès le primaire et enfin la création d’un fonds pour soutenir la création d’entreprises des jeunes.

Investissements : Réexamen des termes de conclusion des contrats avec le partenaire privé

Les travaux  de la commission des finances et du développement économique ont essentiellement porté sur l’étude de la loi n ° 86.12 sur les contrats de partenariat public-privé. La commission a conclu qu’il fallait élaborer une proposition de loi prévoyant le réexamen des termes et conditions de conclusion des contrats avec le partenaire privé ainsi que les modalités de sa rémunération. La commission recommande la persistance de l’État à assumer ses obligations et à ne pas utiliser ce mécanisme pour se soustraire à son rôle, la mise en place des mécanismes efficaces de suivi, de vérification et de contrôle de ces contrats en vue d’instaurer une gouvernance efficace et efficiente et, enfin, l’adoption de règles de responsabilité sociale pour ces contrats.

Mise en œuvre d’une diplomatie parlementaire des jeunes

Au niveau de la commission des affaires étrangères, de la défense, des affaires islamiques et des Marocains résidant à l’étranger, ses travaux ont porté sur la coopération Sud-Sud, qui a constitué lors de ces dix dernières années un axe majeur de la diplomatie marocaine, en particulier avec les partenaires de notre pays en Afrique. La commission a également estimé que le statut avancé du Maroc en tant que partenaire de l’Union européenne lui permettait de jouer un rôle efficace dans la facilitation des relations entre les pays du Nord et du Sud afin de parvenir à un développement global en Afrique. A partir de ce diagnostic, la commission appelle à la tenue de réunions regroupant les jeunes africains afin de débattre d’une approche commune pour la mise en œuvre d’une diplomatie parlementaire des jeunes, la conception d’une stratégie de coopération Sud-Sud. De plus, elle recommande à œuvrer pour l’institution d’une base de données de partenariats entre les pays du Sud et le Maroc. Par ailleurs, la commission a insisté sur la nécessité de publier un rapport annuel permettant de réaliser une évaluation globale des accords de partenariat entre le Maroc et les pays du Sud et de proposer des recommandations pour de futurs partenariats.

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Questions à Nizar Berdai, président de l’Association marocaine des jeunes parlementaires (AMJP)

«Il est temps d’être à l’écoute des jeunes»

ALM : Comment s’est déroulée la première session législative ?

Nizar Berdai : La première session législative du Parlement Jeunesse du Maroc s’est tenue du 22 au 27 juillet 2019. L’objectif principal étant de produire des recommandations que nous comptons soumettre au gouvernement pour les appliquer. Je pense qu’il est le temps de mettre en place ce genre d’initiative au Maroc pour pouvoir être à l’écoute des jeunes marocains, être aussi à leur disposition pour récupérer leurs idées et propositions et les soumettre au gouvernement pour les appliquer et les «mettre» dans le vif du sujet.

Combien de jeunes ont participé à cette initiative et sur quelle base ont-ils été sélectionnés ?

L’événement a connu la présence de 100 jeunes âgés de 17 à 27 ans, représentant toutes les régions du Royaume et dont 50% de femmes. Cette année 1.090 candidatures ont été recueillies sur la plate-forme nationale. Par la suite on a récupéré 250 personnes qui ont passé l’examen oral. Il y a des profils diversifiés de plusieurs filières :  l’agriculture, l’économie, l’ingénierie, sciences politiques, droits…

Comment est née l’idée de cette association ?

L’idée est venue par plusieurs jeunes marocains. Je l’ai proposée parce que j’ai eu l’occasion de participer au Parlement du Québec au Canada puisque je suis étudiant à Montréal.

Après ma participation je me suis dit pourquoi ne avoir ce genre d’initiative au Maroc.

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