Politique

Élections législatives : Des ouléma à la conquête de l’hémicycle

Le principe de base de toute démocratie est l’égalité des citoyens pour ce qui est de leur droit à l’éligibilité et au vote. Toutefois, ce droit a été limité dans certains cas par la force de la loi, notamment en ce qui concerne les corps militaires ou paramilitaires, les magistrats, les procureurs, les agents et les auxiliaires d’autorité…
Si ces restrictions ont été appliquées par le législateur à un droit constitutionnel limitant ainsi son applicabilité, c’est dans le but de protéger la démocratie elle-même.
Mais si la loi interdit à certains corps professionnels de se présenter aux élections et d’exercer le droit de vote, elle permet néanmoins à d’autres qui se trouvent dans une situation plus ou moins similaire de le faire.
C’est le cas, par exemple, des ouléma, des imams de mosquées et des prédicateurs du vendredi. Cette catégorie professionnelle bénéficie d’un avantage par rapport au commun des citoyens puisqu’elle a, aux yeux des gens, une légitimité religieuse qui confère une certaine sacralité à ses prises de positions. Quand un imam se trouve sur la tribune, le vendredi, il n’est plus sur le même pied d’égalité que son auditoire puisque son discours a une légitimité religieuse qui le place au-dessus de la mêlée.
Aussi, a-t-on le droit de s’interroger : un prédicateur peut-il adhérer à un parti politique ? A-t-il le droit de se présenter aux élections et briguer ainsi un siège au Parlement ou dans un conseil communal ?
Normalement, la logique qui a voulu que le corps de la magistrature soit interdit de participation active à la vie politique devrait s’appliquer aussi à celui des ouléma. Un Alem a la possibilité de critiquer ses adversaires politiques du haut de sa tribune lors du prêche du vendredi. Lui permettre cela revient à violer le principe de l’égalité entre les candidats face à l’électorat.
C’est ce que pensait d’ailleurs, jusqu’à il y a quelques semaines, le grand érudit de la Chariâ islamique et l’un des éminents prêcheurs marocains, Abdelbari Zemzmi. Dans un entretien à ALM, le 23 mars dernier, il avait affirmé qu’il était contre l’adhésion des ouléma aux partis politiques. «Un prédicateur comme moi ne devrait pas s’enfermer dans un cadre partisan, sinon ses propos et fatwas deviendraient objets de suspicion», avait-il déclaré. Voilà une fatwa qui devrait susciter un grand débat. Or, il se trouve qu’il y a juste quelques jours, on apprend que M. Zemzmi a décidé non seulement d’adhérer à un parti politique (le parti de la renaissance et de la vertu) mais aussi de se présenter aux élections législatives.
Ainsi, M. Zemzmi démontre à deux reprises qu’il faut interdire aux prédicateurs de se présenter aux élections. D’abord à travers sa fatwa. Ensuite, en révisant cette même fatwa pour des raisons politiques.

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