Politique

Grève générale le 10 décembre: Les syndicats «avertissent» le gouvernement

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La tension entre les principales composantes syndicales du Royaume et le gouvernement n’est pas près de prendre fin. Quelques jours après la marche nationale organisée jeudi 29 novembre à Casablanca, une grève générale se tiendra jeudi 10 décembre pour protester contre, entre autres, «le mutisme» du gouvernement. Il s’agit essentiellement de la Confédération démocratique du travail (CDT), la Fédération démocratique du travail (FDT), l’Union générale des travailleurs du Maroc (UGTM) et  l’UMT qui disent «avertir le gouvernement» et semblent décidés à poursuivre une longue série d’actions de protestation jusqu’à ce que cesse le gel de leur dossier revendicatif.

Vendredi dernier, une réunion des représentants des quatre centrales syndicales a abouti à une décision de maintien de la date du 10 décembre pour la tenue d’une grève générale mobilisant les secteurs de la fonction publique et les collectivités locales.  Cet appel à immobilisation des activités intervient pour dénoncer ce que les forces syndicales du Royaume estiment être une dégradation continue du pouvoir d’achat de l’ensemble des fonctionnaires et des classes populaires. «Une situation due à la hausse importante ininterrompue des prix des produits de base et des services, à la réforme de la Caisse de compensation, au gel des salaires et à l’endettement du pays», indique-t-on auprès de l’UMT.

«Nous ne faisons pas de grève pour le plaisir. Quand on parle de grève d’avertissement, cela veut dire qu’elle va se répéter jusqu’à l’ouverture d’un dialogue sérieux et responsable avec le gouvernement», indique Miloudi Moukharik, secrétaire général de l’UMT. Pour les centrales syndicales, cette grève est également une réaction  à une série de décisions prises par le gouvernement et dont on citerait celle du prolongement de l’âge de départ à la retraite à 65 ans, l’augmentation des retenues sur salaires ainsi qu’une réduction de plus de 20% au niveau des pensions de retraite.

Le secrétaire général de l’UMT estime également que «certains représentants du gouvernement sont clairement hostiles à la classe ouvrière et mènent une politique d’intoxication et de désinformation de l’opinion publique». Ici, Moukharik fait allusion à la marche tenue dimanche à Casablanca et que l’on a généralement décrite comme étant un «fiasco». Selon lui cette marche serait un grand succès et ce, à plus d’un titre. «Nous avons mobilisé au minimum 223 secteurs d’activités. Cette marche pacifique a connu la présence de 52 représentations des différentes villes. Elle a duré trois heures dans les grandes artères de Casablanca sans qu’aucun débrayage ne soit noté», s’explique-t-il.

Par ailleurs, si l’on revient aux faits, il est à noter que la marche tenue dimanche 29 novembre a connu la participation de quelques dizaines de milliers de personnes, ce qui reste bien loin des 500.000 marcheurs annoncés par les quatre centrales syndicales du pays. En réponse à cela, la même source indique dans une déclaration à ALM que l’annonce des 500.000 participants a été faite bien avant les événements ayant récemment secoué le monde, à savoir les attentats à Paris, à Tunis et ailleurs. «Le nombre de marcheurs, nous l’avons voulu ainsi.

Nous nous sommes retenus de mobiliser davantage de monde et avons évité de distribuer les tracts dans les quartiers industriels. Il ne s’agit pas du nombre de personnes mobilisées, il s’agit avant tout de notre pays», ajoute Moukharik tout en se disant clairement conscient des risques et des circonstances d’une marche dans un contexte international instable.

Pourquoi sortir le 8 décembre ?

Deux jours avant la grève nationale, un rassemblement national organisé par les quatre centrales syndicales se tiendra à Casablanca. Il ne s’agit pas d’une énième manifestation mais de la commémoration d’un grand événement de l’histoire du Maroc : la grève du 8 décembre 1952.  Le rassemblement se tiendra dans la rue Farhat Hachad, anciennement appelée rue Lasalle.

«La grève de 1952 a été menée par les syndicalistes non pas pour crier leurs doléances mais pour l’indépendance du Maroc. Certains ont connu la prison tandis que d’autres ont trouvé la mort ce jour-là. Parmi eux figure l’ancien secrétaire général de l’UMT, Feu Mahjoub Ben Seddik. On l’avait condamné à la peine de mort avant d’être libéré après deux années de prison.

C’est là un témoignage de l’implication et du grand rôle de la classe ouvrière dans la libération du Royaume», fait savoir Miloudi Moukharik. En effet, le 8 décembre 1952, se discutait au sein des Nations Unies l’affaire marocaine et cette grève s’inscrivait comme une tentative d’attirer l’attention de l’opinion internationale sur ce qui se passait au Maroc.

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