Politique

Koutla : L’Istiqlal confirme son leadership

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Transparentes, crédibles et normales. Observateurs, autorités et acteurs politiques sont unanimes à qualifier ainsi les élections du 7 septembre. Les urnes ont confirmé certains partis dans leurs rangs, sanctionné ou limité les prétentions d’autres.
Deux heures après la fermeture des bureaux de vote, un climat de confiance régnait sur le quartier général du parti de l’Istiqlal. Les amis de Abbas El Fassi sortis grands gagnants de ces élections ont qualifié le scrutin de «correct» et alors que parvenaient les premiers échos des bureaux à son siège, l’enthousiasme des dirigeants et surtout de la jeunesse du parti montait en flèche.
Non loin de là, au quartier des orangers, et vers  23h30, le PJD annonçait ses premiers chiffres. Devant un parterre de journalistes et chaînes de télévision internationales, Jamâa El Mouatassim, directeur de la campagne du parti égrenait les sièges remportés tout en fustigeant les autorités pour divers méfaits. Selon le PJD, il y aurait eu usage de l’argent, implication des agents de l’autorité en faveur de certains candidats et des infractions dans les bureaux de vote comme le retard de la remise des PV. L’ambiance sentait la mobilisation générale, le PJD se voyait déjà première force politique du pays.
Au siège flambant neuf de l’USFP dans le quartier Riyad, la situation est toute autre. Seuls quelques militants arpentaient encore, à minuit passée, les couloirs et les bonnes nouvelles tardaient à venir. Le siège de Latifa Jbabdi était gagné, un autre dans la circonscription de Tiznit et un autre dans le Nord également, Lahbib El Malki était donné gagnant alors que le dépouillement avait atteint 60% dans sa circonscription. Ce sont les seules informations que certains responsables du parti de la rose ont bien voulu communiquer. La défaite était perceptible dans tous les regards.
L’USFP pourra néanmoins se satisfaire de la performance de ses amis de la Koutla, les quatre partis qui forment le groupe ont pu décrocher 102 sièges.
Par ailleurs, les chiffres l’auront montré, la majorité sortante a convaincu, les partis la composant ont raflé quelque 186 sièges selon les chiffres qui, au moment où nous mettions sous presse, n’étaient pas encore définitifs.Ces mêmes chiffres montrent que le mode de scrutin et le seuil de 6% inscrits dans l’actuelle loi électorale ont permis de rationaliser le champ politique et d’éviter sa balkanisation et la dispersion des votes. Cela est d’autant plus palpable que les six premiers partis du futur Parlement ont gagné 243 sièges, ce qui représente 74% du total. Le PI se trouve ainsi en tête avec 16% des sièges, talonné par le PJD qui remporte 14%, le MP suit avec 13%, le RNI se trouve en quatrième position avec 12%, l’USFP est relégué à la cinquième position avec 10% suivi de l’UC qui a décroché 8% des sièges. Tous les scénarios restent donc possibles quant à la prochaine formation gouvernementale. Les petits et les nouveaux partis n’ont pas pour autant été exclus. Quatre nouveaux partis accèdent, en effet, pour la première fois au Parlement alors que les listes indépendantes ont raflé 5 sièges. Neuf partis n’ont pu décrocher aucun siège.
Les femmes ne sont pas en reste, en atteste l’accès de 34 nouvelles députées à l’hémicycle dont 7 présentées par le PJD. Autre particularité est le fait que 55% des nouveaux députés ont un niveau d’instruction supérieur et sont issus des milieux socioprofessionnels divers. Du sang nouveau est injecté dans le futur Parlement, apporté par une nouvelle élite politique, des experts, intellectuels et praticiens de la politique. Autre fait marquant, 74 nouveaux députés ont moins de 44 ans, ce qui ne manquerait pas de donner un nouveau souffle à l’action parlementaire.
En somme, les élections sont désormais devenues une étape normale dans le processus démocratique que connaît notre pays. Et cela de par leur timing et leur régularité. Toutefois, le taux de participation, qui est de 37% interpelle à plusieurs égards.
«Le taux de participation nous interpelle tous, société civile, mais aussi  partis politiques et administration pour pouvoir réexaminer et réévaluer les  modes de communication utilisés au cours de la campagne électorale», a affirmé Chakib Benmoussa, ministre de l’Intérieur lors de la conférence de presse tenue samedi 8 septembre.
Seuls 5,700 millions d’électeurs qui avaient pris le chemin des urnes vendredi. À cela s’ajoute un taux important de bulletins nuls qui est de 19%.  «Il est fort possible que la nature de l’électorat, les réalités du terrain font que les approches de proximité ont probablement une influence plus forte sur la mobilisation», a affirmé le ministre en guise d’explication.  Le taux de participation renseigne néanmoins sur un fait important. La maturité politique des populations des provinces sahariennes et leur attachement aux institutions et symboles de la nation a été largement prouvé, s’il en est encore besoin, par un fort taux de participation. Les chiffres le confirment, leur mobilisation dépasse largement la moyenne nationale. Ils étaient plus de 50% des inscrits à aller voter à Laâyoune–Boujdour, 58% à Guelmim-Smara et 62% à Oued Eddahab-Dakhla. 

Le PJD : Un mauvais perdant

Le parti de la justice et du développement (PJD) a agi comme un mauvais perdant après l’annonce des résultats. Avoir l’ambition de remporter les élections est légitime, mais, considérer que le scrutin a été entaché d’irrégularités par ce qu’on a perdu n’est pas digne du parti de Saâd Edine El Othmani. En répétant à la presse internationale, à chaque fois qu’il en avait l’occasion, que son parti allait rafler la mise, le secrétaire général de la formation islamiste s’est lui même piégé et a transformé sa victoire relative puisqu’il a gagné plus de sièges qu’en 2002 – il passe de 42 à 47 députés – en une grande défaite. Il a fini par faire en sorte que la presse étrangère, qui a fait de l’éventuelle victoire du PJD, l’événement des élections, ne l’interroge samedi que sur les 23 sièges qu’il n’a pas pu gagner et non les 5 nouveaux qu’il venait de décrocher. Ce qui l’a poussé à se justifier en dénonçant des actes présumés de fraude électorale que les observateurs internationaux se sont empressés de démentir.

 

USFP : La nécessaire remise en cause  

L’Union socialiste des forces populaires (USFP) perd 16 sièges par rapport aux élections de 2002. Avec 36 sièges, la formation dirigée par Mohamed Elyazghi est appelée à procéder immédiatement à une analyse afin de déceler les défaillances ayant conduit à une telle régression. Une autocritique s’impose, mais elle aura lieu après le bouclage des tractations pour la formation du gouvernement, indique un membre du bureau politique. Tant la gestion du parti en général que celle de l’opération électorale doivent faire l’objet d’une analyse profonde, estiment la plupart des militants de la formation socialiste. Aller à l’encontre de la volonté des militants dans certains cas a été pénalisé dans certains circonscriptions. Des dirigeants importants du parti ont perdu les élections à cause d’un vote sanction qui ne les concerne peut-être pas directement mais plutôt l’actuelle direction du parti, estime un analyste.  

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