Politique

Le Mouvement populaire, un parti traditionaliste et libéral

Le Mouvement populaire peut se targuer de faire partie du club très fermé de partis politiques dits « historiques ». Le MP, qui se veut un prolongement politique naturel et légitime de l’action de l’Armée de libération nationale, a signé son acte de naissance en 1958. La situation était particulièrement difficile à l’époque du fait, notamment, des «velléités hégémoniques et des déchirements du parti de l’Istiqlal du positionnement idéologico-politique de l’aile qui allait s’en détacher en 1959 pour former l’Union nationale des forces populaires (UNFP)», expliquent les historiens.
C’est en cette période qui venait de voir promulguer le premier texte de loi régulant les libertés publiques ou le fameux Dahir du 15 novembre 1958, que Abdelkarim El Khatib et Mahjoubi Aherdane ont décidé de lancer cette nouvelle formation politique. Les deux hommes ont pu réunir autour d’eux les laissés-pour-compte des partis forts de l’époque, l’élite rurale, les notables et chefs de tribus notamment, et certaines couches sociales citadines qui ne se retrouvaient ni dans le PI dans son pendant gauchiste qui allait devenir l’UNFP ni dans le Parti communiste marocain ou les autres formations qui composaient l’éventail des partis politiques de l’époque.
La création du Mouvement populaire venait confirmer l’option du Maroc fraîchement indépendant d’abolir le système du parti unique en vogue à l’époque dans l’écrasante majorité des pays du tiers-monde qui venaient de sortir de l’ère du colonialisme. Outre le fait qu’il constituait un nouveau pôle communément désigné comme pôle berbériste, il est resté attaché aux principes fondamentaux de la monarchie constitutionnelle avec une forte référence à la tradition et l’authenticité marocaines. Le parti va jouer le long de son existence un rôle important dans l’histoire politique du Maroc. Il fait parler de lui dès 1963 quand il a décidé de s’allier aux Libéraux Indépendants d’Ahmed Réda Guédira et de Belhassane Ouazzani pour former le Front de défense des institutions constitutionnelles communément connu sous le FDIC, en perspective des élections de la même année.
La première scission au sein du parti va être signée par Abdelkarim El Khatib qui est sorti du giron du MP pour lancer, en 1965, son propre mouvement, le MPDC ou le Mouvement populaire démocratique et constitutionnel qui va devenir, fin des années 1990, le premier parti islamiste du Maroc à savoir le PJD.
Mahjoubi Aherdane prendra par la suite les rênes du Mouvement jusqu’au milieu des années 1980. Durant cette décennie, le parti va connaître une grave crise, la plus importante de son existence, liée à son leadership. Mahjoubi Aherdane, jusque-là chef incontesté du Mouvement, va être contraint à quitter la formation. Et c’est son ancien chef de cabinet, Mohand Laenser qui allait être propulsé à la tête du parti.
La traversée du désert d’Aherdane va durer quelques années avant qu’il ne revienne sur la scène politique. En 1991, il crée le Mouvement national politique (MNP). Il participe aux élections de 1997 et rafle un nombre important de sièges mais manque toujours de cohésion. C’est ainsi que certains députés du MNP à la tête desquels se trouvait Mahmoud Archane ont décidé de claquer la porte et lancer une nouvelle formation, le Mouvement démocratique et social (MDS). Le MNP nullement affaibli par cette scission va connaître une nouvelle crise au début de ce millénaire. En 2001 et à cause d’un différend avec le chef de parti, un de ses ministres, Ahmed Moussaoui, et certains députés dont Bouazza Ikken sont contraints de quitter le Mouvement national populaire et finissent par créer une nouvelle formation, l’Union démocratique (UD).
Entre-temps et lors de la tentative de bipolarisation du champ politique, au début des années 90, le MP crée avec l’Union constitutionnelle (UC) et le Parti national démocrate (PND) un pôle dit le Wifak en réponse à la création de la Koutla par le PI, l’USFP et d’autres formations de gauche. Au sein du Wifak, le MP va jouer le rôle de l’opposition au premier gouvernement de l’Alternance avant qu’il ne décide de faire cavalier seul en participant à la coalition gouvernementale dirigée par Driss Jettou.
Des années plus tard, en mars de l’année dernière, les trois grandes formations harakies, le MP, le MNP et l’UD décident de se réconcilier et se réunir sous une seule bannière. La nouvelle version du Mouvement populaire aujourd’hui fort de 66 députés et 56 conseillers décide d’aborder l’échéance du 7 septembre sous un nouveau signe.
Le MP, présidé par Mahjoubi Aherdane, dont le secrétaire général est son dauphin Mohand Laenser secondé par Mohammed El Fadili comme secrétaire général adjoint, se veut un parti moderne et ouvert sur toutes les couches sociales du pays. Tout au long de son demi-siècle d’existence, le parti qui était à sa création un porte-voix des tribus berbères de l’Atlas et des notables du monde rural a su réussir sa mue pour s’intégrer dans un paysage politique moderniste régi par des règles de jeux modernes et transparentes.

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