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Reda Elfellah : «L’option militaire devrait rester sur la table, elle est possible et légitime»

© D.R

Entretien avec Reda Elfellah, expert en droit international et professeur à l’université Ibn Zohr d’Agadir

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Après avoir brûlé presque toutes ses cartes, la machine de propagande algéro-polisarienne joue désormais la carte de la provocation dans la zone tampon de Guerguerat. Reda Elfellah revient sur les dessous de cette énième provocation séparatiste.

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ALM : Le Polisario vient de mener une série d’actions de provocation dans la zone tampon de Guerguerat, quelle lecture en faites-vous ?

Reda Elfellah : Les agissements et provocations du Polisario dans cette zone tampon ne datent pas d’aujourd’hui, ces actions de violation de l’accord de cessez-le-feu ont commencé depuis longtemps, et on remarque lors de ces deux dernières années que le rythme s’est accéléré. Il y a aujourd’hui une réelle tactique qui se cache derrière ces manœuvres,  et qui consiste à déplacer une partie des camps de Tindouf, des unités militaires et civiles de ces camps vers cette zone, et cela coïncide d’une part avec une nouvelle relance du processus politique de résolution du conflit, un processus qui est remis en chemin avec la nomination de l’actuel secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres, et aussi avec la nomination de son envoyé spécial, et qui est fondé sur une dynamique privilégiant le réalisme et l’esprit de compromis pour trouver une solution politique et mutuellement acceptable de ce conflit. Hélas il y a maintenant ces manœuvres algéro-polisariennes qui visent à compromettre cette dynamique positive.

Pourquoi ce timing pour effectuer ces incursions, sachant que le Conseil de sécurité examinera le mandat de la Mission des Nations Unies au Sahara (Minurso)  d’ici la fin du mois courant ?

La bande du Polisario et derrière elle l’Algérie et aussi certains agendas extérieurs essayent d’imposer une logique du fait accompli qui va à l’encontre de la légalité internationale et des décisions du Conseil de sécurité de l’ONU, et cela à travers le déplacement des unités civiles, militaires et administratives des camps de Tindouf vers la zone tampon, et ce pour d’une part soustraire l’Algérie de sa responsabilité historique dans ce conflit, et d’autre part de créer un pseudo semblant de base territoriale qui lui servira d’argumentation pour faire valoir un pseudo statut d’Etat. Et il est également intéressant de remarquer les récents développements qui concernent l’implication de l’Union africaine (UA), notamment avec le Commissaire africain qui a eu des entretiens avec certaines parties concernées. Face à cela, le Maroc devrait rester vigilant, pour ne pas laisser l’UA se saisir du dossier, pour la simple raison que cette dernière ne pourrait pas être juge et partie à la fois.  La résolution du conflit doit être faite dans le cadre onusien. D’ailleurs, la prochaine réunion du Conseil de sécurité est pour bientôt, le secrétaire général de l’ONU est en phase de rédiger la version finale de son rapport annuel, qui sera débattu au sein du Conseil de sécurité avant la prise de décision le 31 avril. Il est clair que le Polisario et les ennemis de l’intégrité territoriale du Maroc essayent de mettre la pression et d’accélérer leurs mouvements pour imposer un état de fait sur le terrain, ce qui devrait à leurs yeux servir d’alibi pour exécuter leur plan d’imposer un Etat de facto avec une base territoriale prétendue «libérée». C’est pour cette raison-là que le Maroc a haussé le ton, et l’action militaire n’est pas exclue. La pression devrait être aujourd’hui diplomatique pour que le Conseil de sécurité prenne une décision ferme, stricte et forte poussant le Polisario à se retirer de cette zone une fois pour toutes. En l’absence de réaction de ce dernier, l’option militaire devrait rester sur la table, elle est possible et légitime, car le Maroc a le droit de défendre sa souveraineté, son intégrité territoriale et ses intérêts suprêmes.

Pourquoi le Polisario et son mentor algérien essayent-ils de semer une ambiance d’insécurité, notamment après chaque défaite politique, et en l’occurrence ici la décision de la Commission européenne d’inclure les provinces du Sud dans les négociations sur l’accord de pêche Maroc-UE ? Ne s’agit-il pas d’une fuite en avant ?

Le Polisario, l’Algérie et d’autres agendas extérieurs essayent d’imposer une solution au conflit en dehors du processus onusien. On est là devant une sorte de volonté d’imposer un état de fait non pas seulement illégal mais également déstabilisateur pour toute la région fortement menacée par plusieurs scénarios de déstabilisation. Dans ce contexte sécuritaire tendu, le Maroc occupe une position forte et centrale dans l’architecture géopolitique et un garant de la stabilité, son rôle de lutte contre le terrorisme, l’immigration clandestine et les trafics illicites de tout genre. Il y a  aujourd’hui une confrontation non pas seulement entre le Maroc et le régime algérien, mais entre deux logiques, une qui vise la déstabilisation à travers la création d’un pseudo Etat dans la zone tampon en  plaçant les populations, et la logique du Royaume qui garantit la stabilité de la région.

La décision de l’UE de renouveler l’accord de pêche couvrant toutes les eaux marocaines et aussi la réaction du Maroc après la décision de la Cour de justice de l’Union européenne prouvent que cette relation de partenariat demeure hautement stratégique, et qui influencera sur la situation. L’Union européenne déployera tous les efforts nécessaires pour empêcher une éventuelle guerre dans la région.

Que représentent ces provocations à l’égard du droit international ?

Ces agissements sont contraires au droit international et aux décisions du Conseil de sécurité, et constituent une violation de l’accord de cessez-le-feu de 1991, et bien sûr ont un caractère déstabilisateur sur le plan sécuritaire dans toute la région qui est déjà menacée par le terrorisme, et par le phénomène des Etats fragiles. Donc on est devant une situation où la communauté internationale et le Conseil de sécurité devront prendre leurs responsabilités, et s’entendre sur une décision très ferme, pour  empêcher cette stratégie algéro-polisarienne de se concrétiser.

Maintenant quels sont les scénarios possibles ?

Si le Polisario continue sa tactique l’option militaire n’est pas à exclure puisqu’il s’agit de la légitime défense conformément à l’article 51 de la charte des Nations Unies, qui donne le droit au Maroc de prendre toutes les mesures nécessaires pour engager une action militaire forte et ferme, même si cette action reste la dernière option à mettre en œuvre si le Polisario et l’Algérie continuent dans cette logique.

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