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Abdelfdil Bennani : «Nous avons créé un incubateur pour accompagner les étudiants»

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ALM : Quels sont les défis auxquels est confrontée aujourd’hui l’Université Ibn Zohr d’Agadir ?
Abdelfdil Bennani : Notre université est très jeune (25 ans d’existence), pourtant elle doit faire face à un grand défi.C’est une université qui couvre tout le sud du Maroc.
Le nombre des bacheliers a augmenté avec la scolarisation et l’effectif n’a fait qu’augmenter au cours de ces dernières années. Notons qu’entre 2009 et 2012, le nombre d’étudiants va doubler. Dans ces conditions, il faut un renforcement du rendement interne .Un étudiant, qui fait son parcours universitaire, a besoin d’avoir un diplôme mais il faut également qu’il l’aide à s’insérer dans la vie active. Pour se faire, nous devons avoir dans un premier temps les infrastructures nécessaires en matière de laboratoire, salles d’études.
Dans le cadre de notre plan de décentralisation, nous avons établi une faculté à Ouarzazate et une autre à Taroudant et nous allons bientôt lancer un appel d’offres au niveau de «Guelmim» et de «Laâyoune». Nous avons opté pour la construction de deux écoles EST.
Nous souhaitons équilibrer le nombre des étudiants dans les établissements et encourager les étudiants à aller vers les sciences. Signalons qu’il y a une étude qui a été lancée par le ministère de l’Education nationale pour mettre en place la carte universitaire et trouver une solution judicieuse.

Qu’en est-il du renforcement de la langue ?
Il y a la mise en place de licence qu’on appelle des licences de nouvelles approches avec laquelle nous allons renforcer les langues, car le problème de la langue est très compliqué. Dans ce cadre, nous avons plusieurs dispositions pour améliorer le français.
Nous nous penchons sérieusement sur ce problème avec des manuels, des tests de positionnement, ainsi qu’à travers l’utilisation des nouvelles technologies de l’information et de communication et des stages.

La méthodologie de travail a toujours constitué un handicap pour les étudiants.Quelles sont les actions qui sont menées pour y remédier ?
Il y a actuellement un modèle sur la méthodologie du travail universitaire. Nous avons également opté pour le renforcement de l’informatique. Dans ce cadre, nous donnons un certificat de formation en informatique. Cette certification est très utilisée en France. Dans le but de renforcer les compétences de l’étudiant, nous avons établi un modèle sur l’entrepreneuriat afin de développer l’autonomie de l’étudiant. L’objectif de cette initiative est de doter l’étudiant d’un esprit entreprenant dans ce qu’il réalise. Nous avons formé 24 enseignants de différentes universités à Agadir en collaboration avec le Bureau international du travail et une société suisse. Actuellement, nous avons 641étudiants qui se sont inscrits au Maroc. Ils suivent ce modèle à distance à titre de phase pilote avant que ce programme soit généralisé à tous les étudiants. Ce programme sera généralisé dans deux ans. Toutes ces initiatives visent à préparer les étudiants dans le cadre des langues, techniques d’information, prise d’initiative. Ce sont ces ingrédients qui manquent aux étudiants.

Qu’en est -il du volet culturel?
Le volet culturel et artistique occupe une grande importance dans nos programmes. Depuis bientôt deux ans nous organisons chaque année «la Journée de l’enracinement du comportement civique». L’objectif étant que l’étudiant parvienne à avoir un comportement citoyen.
Ce n’est pas les matières qui manquent aux étudiants mais des activités culturelles qui sont des formations personnelles leurs permettant d’aller naviguer, communiquer, rédiger. Nous avons toujours misé sur le savoir mais nous avons négligé le savoir être et le savoir-faire.

L’un des défis de l’université est de former des jeunes qui seront en mesure de s’insérer dans le marché d’emploi, quels sont vos engagements dans ce sens ?
Nous voulons également former nos étudiants à des métiers. Nous avons essayé de toucher à tous les secteurs qui intéressent notre région. C’est dans cette optique que nous nous sommes tournés vers les secteurs piliers de l’économie régionale à savoir le tourisme, l’agroalimentaire, le tourisme et le cinéma. Nous avons mis en place un certain nombre de licences professionnelles et des masters spécialisés en biotechnologie, développement et valorisation des produits de terroir, agroalimentaire, tourisme et communication.
Nous voudrions poursuivre dans cette voie en mettant en place des formations pour des métiers et spécialités précises, de manière à avoir davantage de licences professionnelles. Nous sommes en train d’augmenter le nombre de ces licences afin d’atteindre l’objectif du programme d’urgence qui est de l’ordre de 20% d’étudiants en licences professionnelles. Nous souhaitons mettre en place, des formations de deux ans (formation de base et formation personnelle) mais à partir de là, on mettra en place des options professionnalisantes. Ce qui permettra de préparer l’étudiant à des secteurs et à lui donner des formations plus pointues.

Et pour le volet accompagnement de l’étudiant ?
Nous devons accompagner les étudiants qui sortent avec un bagage leur permettant de s’insérer dans la vie professionnelle. Un bagage dans le domaine des langues, de la communication, des comportements, l’initiative et de l’autonomie.
C’est dans cette optique que nous travaillons pour doter nos étudiants de ces aptitudes. Par ailleurs bon nombre d’étudiants qui arrivent à la faculté ont du mal à se retrouver. Pour remédier à ce problème nous envisageons de mettre en place un système d’accompagnement, de tutorat. Ce projet consiste à mettre en place un modèle d’accompagnement visant à assurer leur intégration au sein de l’université. Les étudiants qui bloquent seront accompagnés par les doctorants ou par des tuteurs en master.L’important est de travailler en synergie pour trouver des solutions adéquates.

L’importance de la recherche scientifique est indéniable, que fait aujourd’hui l’Université pour promouvoir et valoriser la recherche ?
Nous avons commencé par restructurer la recherche scientifique au niveau de l’université. Dans ce cadre, nous avons réuni les chercheurs pour créer des laboratoires. Les différents résultats de ces recherches peuvent être très bénéfiques pour le développement économique de notre région. Nous avons créé un incubateur pour soutenir des jeunes et les accompagner pendant dix-huit mois afin de mettre en place leur entreprise.
Nous allons renforcer ce volet. Dans le même cadre, nous avons opté pour la mise en place d’un seul centre doctoral dans notre université pour que l’on puisse définir la stratégie de valorisation de la recherche et de l’appliquer. L’objectif étant d’encourager le travail en synergie, car nous estimons que chacun a quelque chose à apporter à l’autre. Nous allons lancer un cahier de normes concernant la recherche et sa restructuration. Et parmi ces normes, nous avons deux volets importants à savoir l’évaluation interne et externe. Les chercheurs bénéficient de l’appui de l’université. Ils sont évalués dans un premier temps au niveau interne et après à un niveau externe par des personnes de l’extérieur.


L’Université Ibn Zohr en bref


Depuis sa création en 1989, l’Université Ibn Zohr (UIZ) agit pour assurer, dans les meilleures conditions, ses missions traditionnelles de formation et de recherche. Elle s’est constamment efforcée pour s’intégrer dans son environnement socio-économique et culturel ainsi que pour une meilleure valorisation des potentialités des régions du sud du Royaume. Cet effort s’est traduit tant au niveau des formations dispensées qu’au niveau des travaux et des activités de recherche menés et des prestations de services réalisées au profit de ses partenaires.
L’UIZ est implantée sur trois sites universitaires : à Agadir, à Ouarzazate et  à Taroudant. Le site d’Agadir comprend en plus du siège de la présidence, la Faculté des sciences, la Faculté des lettres et des sciences humaines, la Faculté des sciences juridiques, économiques et sociales, l’Ecole nationale de commerce et de gestion, l’Ecole nationale des sciences appliquées, l’école supérieure de technologie et un complexe sportif universitaire. Le site universitaire d’Ouarzazate, dont les constructions sont en cours, comprend une Faculté polydisciplinaire. Quant au  site universitaire de Taroudant, il comprendra également une Faculté polydisciplinaire. Le démarrage de cet établissement est prévu pour la rentrée universitaire 2009-2010. Deux autres sites sont prévus à Laâyoune et à Guelmim.
Actuellement, l’Université Ibn Zohr, accueille plus de 37.000 étudiants. Son personnel pédagogique est d’environ 550 enseignants-chercheurs et 50 enseignants du 2ème cycle. Le personnel administratif et technique compte quant à lui quelque 360 personnes. 
La diversité et la complémentarité des enseignements dispensés, la multiplicité des pratiques pédagogiques et l’éventail des cursus de formation (Bac+2 à Bac+8), le potentiel de sa recherche tout comme sa politique de professionnalisation des formations confèrent à cette université un caractère d’excellence.

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