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Hadjria Amara : «La pièce reflète des mutations qui accompagnent l’évolution d’une société»

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ALM : Avant d’aborder le contenu de la pièce que vous venez de jouer. Peut-on avoir une idée sur votre parcours ?
Hadjria Amara : Étant collégienne, j’ai eu la chance d’avoir un professeur qui nous encourageait à participer au concours du théâtre scolaire. Cela m’a permis de jouer dans plusieurs pièces dont le «Cri», «Madame Saâda» et «Hlima Bent Haddou». Mais j’étais contrainte à apaiser ma passion pour les planches. Mes parents refusaient de me laisser jouer en dehors de ma ville natale, Oujda. Ce n’est qu’après mon mariage, et puisque mon mari est un acteur associatif avec un penchant pour le théâtre, que j’ai repris mes activités théâtrales. En 1999, on a constitué notre propre troupe Comedrama. Depuis, les pièces se sont succédé et aussi les subventions. A tel point qu’on est la seule troupe d’Oujda qui a bénéficié successivement de six subventions du ministère de la Culture. On ne compte pas s’arrêter là. Nous avons lancé, il y a trois ans, le Festival international du théâtre d’Oujda dont j’assume la responsabilité de directrice générale et qui organisera sa quatrième édition en mai prochain.

Juste après les trois coups du brigadier, lors de la pièce que vous venez de jouer : «Le Berceau», le spectateur est en face d’une souffrance féminine. Une femme tiraillée entre plusieurs intérêts masculins. Est-ce une radioscopie ou une cure ?
La pièce reflète des mutations qui accompagnent l’évolution d’une société qui aborde ses tabous avec lucidité et clairvoyance : la Moudawana, la mère célibataire, le droit au travail et au respect, la femme ménopausée, les filles ou femmes violées par des inconscients sont autant de sujets qu’il fallait aborder artistiquement afin de souligner la gravité de ces cas et les séquelles qu’ils peuvent engendrer. C’est une femme prise entre plusieurs tenailles : son père, son frère, son mari ou amant et son fils. Mais en dépit de cela, l’héroïne affronte avec courage et persévérance son destin de femme pour démontrer au monde qui l’entoure qu’elle est une pièce maîtresse dans la construction de tout édifice social. Dans le cas du «Berceau», l’enfant qui, par principe, est porteur d’espoir, est illégitime. Ce qui complique la situation et accentue l’intensité du drame. Je dirai même le tragique du moment qu’il doit mourir à la fin de la pièce. Avec cette approche, le dramaturge Mostafa Barnoussi a démontré que la solution réside dans l’entente entre l’homme et la femme. Ils sont responsables de ce qui arrive à leurs enfants et à l’espoir que nous avons dans un avenir meilleur.

Comme toute pièce, il doit y avoir un fil conducteur de ces idéaux pour transcender le spectacle au moment de partage et d’emprise. Quel en est celui du «Berceau» ?
Dans cette pièce, tout en traitant la condition féminine, nous avons focalisé sur le rôle de la famille. Elle est le noyau sur lequel se greffent d’autres conduites qui peuvent affecter une société. Ce qui explique, en partie, les raisons pour lesquelles j’ai fait jouer avec moi sur scène ma propre fille. En dévoilant des comportements, nous avons proposé d’autres. C’est l’éducation au sein de cette famille qui engendrera l’harmonie sociale convoitée. Il ne faut pas omettre que la famille n’est qu’un maillon parmi d’autres pouvant impacter positivement ou négativement sur la contribution de la femme dans le développement et la modernisation de son pays.

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