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Les carrières de sable à Safi : Entre développement durable et tensions sociales

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La situation qui prévaut depuis trois semaines à la commune Lamâchat à l’ancienne Essaouria (37 km au sud-est de Safi) augure d’un changement dans les relations entre les acteurs économiques disposant d’autorisations d’exploitation des carrières de sable et les habitants des douars voisins, consistant à passer du grand souci de réalisation du développement durable à la création de tensions sociales jamais vécues depuis presque 15 ans, date du début de l’investissement dans ce secteur porteur.
Les habitants des douars Khmiss Oulad ElHaj, jouxtant les carrières de sable, avaient toujours bénéficié des revenus en nature oscillant entre 350 à 400 DH par jour, que les propriétaires des carrières versent en guise d’indemnités pour les dommages causés par les opérations de transport du sable et le bruit des véhicules utilisés.
Quelque 150 familles des douars Zaouiat Rtnana, Oulad Taher Abdellah, Lakwader et Sidi Said bénéficiaient des ces indemnités. Les revenus perçus par la commune rurale de l’ancienne Essaouira en contrepartie de l’exploitation des carrières de sable s’élevaient à 12.000 DH par jour, selon son président Mbarek Soubai. Les travaux sont suspendus à cause des contestations continues des habitants de la région contre l’exploitation abusive des carrières de sable et la violation des textes de loi régissant le secteur.
Les habitants de cette région avaient également présenté une pétition portant quelque 100 signatures sur les dommages causés par l’exploitation des carrières sur l’environnement et la santé humaine, ainsi que ses impacts sur les infrastructures de la région (routes, ponts et pistes).
La pétition faisait état également des infractions commises lors de l’exploitation des carrières, en l’occurrence le non respect des horaires de travail et des quantités légales de sable à transporter conformément aux cahiers des charges. Les signataires de la pétition soulignent la nécessité de trouver une formule qui consiste à investir les revenus des carrières dans des projets de développement de la région.
Le président de l’association des propriétaires des carrières de sable, Abdelaziz Labzioui, a affirmé à ce propos que l’exploitation des carrières s’effectue conformément aux textes régissant le secteur et suivant l’expertise menée par un bureau d’études.
Dans une déclaration à la MAP, Labzioui a assuré que l’exploitation des carrières s’opère conformément aux cahiers de charges environnementaux et d’exploitation et à la circulaire du Premier ministre n 06/2010 en la matière, indiquant ainsi que les pertes subies suite à la suspension des travaux vont de 250.000 à 300.000 DH par jour.
La direction régionale du ministère de l’équipement et du transport a, pour sa part, affirmé qu’elle suit de près l’évolution de la situation des carrières et qu’elle a contacté les autorités compétentes au niveau de la préfecture de la région pour déléguer une commission dans une tentative de gérer le conflit.
Malgré l’unanimité des parties en conflit quant à la rentabilité des carrières de sable à Safi en termes de bénéfices, d’emplois et de développement durable, les tensions sociales suscitées remettent en question la relation entre les propriétaires des carrières et les habitants des douars voisins, au regard de la constitution qui garantit le droit des individus à bénéficier du développement durable et à vivre dans un environnement sain.
La superficie des carrières de sable de Safi s’étend sur 15 km, en majorité de terres agricoles.

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