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Nabil El Haggar : «Les savoirs et les connaissances sont une exigence sociale pour le développement»

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ALM : Redéfinir le rapport de l’université avec la culture semble vous préoccuper à tel point que vous critiquez la passivité de l’université et les universitaires. Pourquoi ?
Nabil El Haggar : Par nature, la culture est enrichie par le savoir et les connaissances universitaires. Or, ces derniers perdent chaque jour la place qui leur revient dans leur rapport avec la culture et de surcroît leurs intelligibilités. L’ambition démocratique pour l’accès à la culture et au savoir est ainsi mise en question par une large partie de penseurs dans un contexte de plus en plus globalisé. De ce fait, la culture contemporaine tend vers un croisement accentué par l’effacement de plusieurs genres artistiques. C’est pourquoi les institutions culturelles doivent s’interroger sur les schémas de pensée et de modes de fonctionnement qui déterminent leurs rapports avec la culture. Ceci est intéressant car le modèle politique pour le culturel et l’éducatif touche à ses limites et nécessite une réflexion. Culture, politique et démocratie ne sont pas l’apanage d’une même réalité. Ce sont trois composantes complémentaires mais distinctes.

Ne pensez-vous pas que dans cette approche la société, en tant qu’entité qui transmet des savoirs par des rapports aussi complexes que conflictuels, doit porter un regard critique sur ses ambitions ?
Les savoirs et les connaissances sont, de nos jours, une exigence sociale pour le développement. Cela engendre une demande croissante de la formation et une coopération entre les différentes disciplines, les centres de production de culture et de savoirs techniques, artistiques et scientifiques. L’enseignement supérieur doit ainsi s’organiser pour apprendre de façon globale et contextuelle et non de manière fragmentaire. Il est triste de constater que dans le siècle de l’hyperspécialisation et la compartimentation disciplinaire, l’accès aux connaissances majeures est négligé. Cela a eu comme effet négatif de rapprocher la culture de la barbarie. L’histoire est ainsi appréhendée non pas comme une marche vers le progrès mais plutôt comme une course vers la catastrophe.

Est-ce à cause de ce que vous appelez la médiocrité de «l’état culturel» de l’université ?
C’est tout à fait cela, car une université qui se respecte doit préserver son âme en tant qu’entité libre de réflexion, de création artistique et de diffusion du savoir en plus de son rôle éducatif. C’est dans ces lieux que les diverses approches de la connaissance et les différentes cultures peuvent exister en dehors de toute logique de rentabilité. L’université devrait être un espace en mesure de mettre à la disposition du public les possibilités d’apprendre, regarder, écouter, apprécier, critiquer, évaluer les sciences, la qualité d’un texte, d’une mise en scène ou d’une œuvre artistique.

Est-ce un appel à une réorganisation de la diffusion et de l’interprétation du savoir ?
L’université doit encourager à la réflexion sur l’art, la recherche, le savoir et la connaissance qui sont dépositaires d’un pouvoir qui n’est ni neutre ni objectif. Tant que cette démarche fait défaut, la rencontre entre la créativité et l’intelligibilité restera un leurre.

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