Société

12 ans pour avoir tué sa femme

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Chambre criminelle près la Cour d’appel d’El Jadida. En ce mardi 22 juin 2004, Abdelkader, 60 ans, s’est levé du banc des accusés pour avancer, les larmes aux yeux, vers le box des accusés. Il a profité d’un moment pour jeter un regard vers l’assistance. Il a aperçu, sur l’un des bancs, ses cinq enfants et sa vieille mère. Ils ont fondu tous en larmes après qu’il leur a fait un signe de la main. “Tu es accusé de coups et blessures ayant entraîné la mort sans intention de la donner“, lui lance le président de la Cour.
Toujours les larmes aux yeux, Abdelkader a gardé le mutisme en jetant des regards circulaires, comme s’il cherchait quelqu’un. Le président lui a demandé de se calmer et de répondre aux questions. Et comme pris d’hystérie, il a commencé à pleurer à flot au point que le président a suspendu l’audience pour quelques minutes avant de la reprendre ensuite. Abdelkader est retourné cette fois dans la salle d’audience un peu plus calme, prêt à répondre aux questions concernant l’affaire de meurtre dans laquelle il est impliqué. Qui a-t-il tué? Sa femme.
Ils vivaient en totale harmonie. Leurs cinq enfants égayaient leur foyer situé dans un douar de la commune Béni Dghoughe, à Ouled Âmrane. Certes, ils avaient, comme toutes les autres familles, des petits problèmes, mais qui sont considérés comme le sel de la vie, car ne constituant pas une menace pour la stabilité de la vie conjugale. Au contraire, ils la consolident. Seulement, ils ne savaient pas ce qui leur est arrivé au fil du temps. Pourquoi a-t-il commencé à la soupçonner d’infidélité, alors qu’elle est la mère de ses cinq enfants et n’a jamais adopté un comportement louche ? A-t-il entendu quelques rumeurs? La dernière fois, Abdelkader s’enivrait chez lui, alors que son épouse était absente. Il ne sait pas où elle est allée. L’un de ses enfants lui a dit qu’elle s’était rendue chez des membres de sa famille demeurant dans un douar voisin. Les soupçons ont hanté l’esprit d’Abdelkader au point qu’il s’est énervé. Les heures passent et elle n’est toujours pas là. Elle n’est rentrée qu’à une heure tardive de la nuit.
Abdelkader s’est levé de sa place et s’est tenu devant sa femme, tremblante de peur. “Où étais-tu pendant tout ce temps ?“, lui a-t-il demandé, menaçant. Elle lui a expliqué qu’elle était chez des membres de sa famille et qu’elle était arrivée tard parce qu’elle n’a pas trouvé facilement un moyen de transport. Il ne l’a pas crue et a commencé à l’insulter. Leurs enfants, tous mineurs, se sont retranchés dans l’autre chambre, suivant ave crainte ce qui passait entre leurs parents. La vieille mère d’Abdelkader a tenté d’intervenir pour mettre fin à ce litige. Seulement, son fils lui a demandé de s’éloigner. Retournant près de ses petits-fils, elle a agoni d’injures sa femme, qui ne lui répondait pas. Elle gardait le silence en attendant qu’il se calme. Mais en vain. Il a continué à l’insulter. Une fois encore, elle a tenté de lui expliquer qu’elle n’était que chez sa famille.
Soudain, il s’est saisi d’un bâton en bois et lui a asséné un coup au niveau de la tête. L’épouse s’est effondrée. Quelques secondes plus tard, elle a rendu l’âme. Abdelkader a effectivement reconnu devant la Cour l’avoir malmenée avec un bâton. “Je n’avais pas l’intention de la tuer, mais de l’éduquer“, affirme-t-il à la cour. Avait-il des soupçons sur son comportement ?. “Non, Monsieur le président, ce sont des choses écrites par la police et que je n’ai pas déclarées“, a-t-il précisé à la cour. Prenant la parole, le représentant du ministère public a requis une peine convenable. Pour sa part, l’avocat de la défense, désigné dans le cadre de l’assistance judiciaire, a expliqué, lors de sa plaidoirie, que le mis en cause n’avait pas d’intention criminelle et qu’il devait bénéficier des circonstances atténuantes.
Après délibérations, la Cour a condamné Abdelkader à 12 ans de réclusion criminelle.

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