Société

À quand le droit à la santé pour tous au Maroc ?

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Le système de soins en vigueur au Maroc est encore loin de satisfaire la majeure partie des citoyens. Si des avancées importantes ont été réalisées dans le domaine de la santé notamment avec la mise en place de l’assurance maladie obligatoire (AMO), l’exonération du ticket modérateur pour les affections de longue durée (ALD) en 2007 puis son extension en 2009, l’élargissement des soins pris en charge par la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) en 2010, la mise en application du droit à la santé connaît des limites de taille. Pour débattre de cette problématique, l’association Reins a organisé le mardi 15 juin à Casablanca, une rencontre sur le thème «Droit à la santé entre éthique et législation». Cette manifestation a été l’occasion d’analyser les limites de la politique de santé au Maroc. La couverture des indépendants ( médecins du secteur libéral), le retard de la mise en place du RAMED, la non généralisation de l’exonération à toutes les ALD, la disparité de prise en charge par les multiples régimes d’assurance-maladie ( CNOPS, CNSS, assurances privées…) figurent parmi les principales limites à la mise en application du droit à la santé. Il faut également relever le cumul des rôles de gestionnaires de l’assurance- maladie et prestations de soins, la méconnaissance des droits par les usagers de la santé, la lenteur administrative sans oublier le manque de communication des Caisses sur leurs dépenses et stratégies pharmaco-économiques. D’autres faiblesses sont visibles dont le lourd héritage de la CNSS qui entrave ses avancées et limite son rôle ainsi que Caisse nationale des organismes de prévoyance sociale (CNOPS) qui est un assureur santé qui se donne des prérogatives contraires à la loi telle que l’achat et le stockage des médicaments avec des répercussions d’ordre économique et sociale pour les pharmaciens, les médecins et les patients. Pour le Pr Amal Bourquia, présidente de l’association Reins, il est difficile de faire vivre la loi 65-00 qui porte sur le droit à la santé sans l’implication de tous les intervenants de la santé à savoir les médecins, pharmaciens, assurances (CNOPS, CNSS, assurances privées, ANAM), ministère de la Santé et associations de patients. Ainsi, chaque acteur est appelé à jouer pleinement son rôle. Selon le Pr Bourquia, l’Agence nationale de l’assurance-maladie (ANAM) devrait jouer pleinement ses prérogatives, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui car elle a hérité d’une situation de patchwork englobant une mosaïque de petits systèmes (Cnops, CNSS, Cmim, assurances privées et régimes internes aux grandes entreprises et banques). Dans un contexte global de crise économique, la fusion de ces régimes en une seule caisse maladie, à l’image de certains pays tels que la France et le Canada est une nécessité. Quant au ministère de la santé, son rôle est d’assainir l’environnement de la Santé au Maroc pour mettre en place une position saine de la politique de santé. Autrement dit, le département de Yasmina Baddou devra jouer le rôle de fédérateur ou du «sage» auquel on a recours en dernier lieu. Pour sortir de cette situation, plusieurs propositions ont été émises. Il est question de réaliser des études d’impact budgétaire des différentes catégories de maladies et des différentes solutions thérapeutiques, d’œuvrer pour l’harmonisation du remboursement maladie pour les deux caisses et l’étude d’une fusion entre la CNSS et la CNOPS pour éviter le dédoublement des frais de cotisations des salariés et de l’employeur. Autres propositions : procéder à la fermeture de la pharmacie de la CNOPS et faire en sorte que le système de santé englobe une solution sur le parcours de soins ainsi que les pertes d’argent notamment celles des patients qui sont contraints de se déplacer entre les médecins et essayent plusieurs thérapies.

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