Société

Abdelhak Aqallal : «Une entreprise sur cinq seulement dispose d’un comité d’hygiène et de sécurité»

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ALM : Pourquoi avoir choisi la thématique «Le Maroc face aux défis de la santé et de la sécurité au travail. Quelles stratégies pour sortir de l’impasse»?
Abdelhak Aqallal : Dans la dynamique des grandes réformes que vit le Maroc depuis une décennie, le domaine de la santé et de la sécurité au travail reste un maillon bien faible. En effet, seuls 3% des salariés en activité bénéficient de la prestation de médecine du travail telle que prévue par la législation, et une entreprise assujettie sur cinq dispose d’un comité d’hygiène et de sécurité. Le Maroc a donc un retard considérable à rattraper! Par démagogie ou par facilité, certains prétendent que l’État est seul responsable de cette situation. En vérité la responsabilité est collective : l’employeur – public ou privé, les professionnels de la médecine du travail, les partenaires sociaux, les organisations professionnelles et la société civile, sont autant responsables que l’autorité publique. Aujourd’hui, nous devons dépasser cette polémique et nous attacher à faire progresser, tous ensemble, notre pays dans ce domaine. Souvenons-nous de la tragédie d’avril 2008 à Casablanca où 55 personnes ont péri dans l’incendie d’une usine, qui manifestement n’observait aucune règle de sécurité. Tout le monde sait que la quasi-totalité des entreprises marocaines, publiques et privées, ne sont toujours pas aux normes, en 2010.

Quels sont les objectifs de ce symposium ? Et qu’elle en est la finalité ?
En organisant ce symposium, où interviendront toutes les parties prenantes, l’Observatoire social international souhaite contribuer à faire avancer la réflexion et le débat sur cette problématique bien complexe. Les débats animés par Thami Ghorfi, président de l’ESCA École de management et  ASWAT promettent d’être passionnant : le ministre de l’Industrie, du Commerce et des Nouvelles technologies et le ministre de l’Emploi et de la Formation professionnelle, le président de la CGEM, des présidents d’entreprises de premier plan, des leaders dans leur domaine d’activité et modèles en terme de santé et sécurité au travail, des partenaires sociaux et des experts nationaux et internationaux de référence participeront à cette manifestation. Au total, plus de 300 personnes du Maroc et de l’étranger, appartenant à l’administration publique, au monde économique, financier, universitaire, à la société civile et aux médias, prendront part aux travaux de ce symposium. S’informer, échanger, débattre et partager les expériences pour agir, chacun selon sa position et ses responsabilités, tels sont les principaux objectifs de cette importante manifestation.

Quels sont les principaux défis auxquels le Maroc est confronté en matière de santé et de sécurité au travail ? Et selon vous, que faut-il faire pour remédier à ces différents défis ?
La problématique de la santé et sécurité au travail est posée dans toutes ses dimensions : en terme de législation : la loi, les droits et obligations de toutes les parties, les risques, les sanctions…, (en terme de responsabilité : sociale, sociétale, développement durable, éthique, déontologie…), en terme financier :coût des AT, investissements dans les moyens de prévention et de protection, de productivité, de compétitivité, d’exigences des fournisseurs, en terme de gestion au sein de l’entreprise : démarche et systèmes de prévention et de promotion de la santé et sécurité, de qualité, de planification, de formation, d’information, de dialogue, d’organisation et d’amélioration des conditions du travail. Toutes ces dimensions doivent concourir à un seul objectif stratégique commun : la mise à niveau de l’entreprise publique et privée marocaine. La situation nécessite une volonté politique réaffirmée, des moyens d’accompagnement et de mise en œuvre identifiée, une démarche participative et pragmatique, et une action nationale d’envergure, énergique et résolue. Nous sommes tous comptables des résultats. C’est à travers un tel challenge et la mise en conformité avec la loi et les conventions nationales et internationales, que nous pourrions permettre à notre pays d’asseoir son rang et son image, et de poursuivre son développement.


L’Observatoire social international en bref

L’Observatoire social international (OSI) a vu le jour en décembre 2000 et regroupe une centaine de partenaires dans le monde. L’OSI comprend un bureau exécutif présidé par Muriel Morin, cinq délégations (Europe, États-Unis, Argentine, Chili, Maroc), un conseil d’orientation de 15 membres, une assemblée générale annuelle. A noter qu’un symposium international est organisé tous les deux ans. Cet observatoire a pour ambition d’être un laboratoire d’idées et d’initiatives sur le thème des «exigences sociales de la mondialisation» et de l’exercice de la responsabilité sociale d’entreprise. Son approche se veut résolument internationale, partenariale, prospective dans le respect des diversités culturelles. Son objectif majeur est de développer des espaces de réflexion et d’initiatives face à la fracture grandissante entre la création de richesses, les progrès des nouvelles technologies de l’information et le redoutable développement de la pauvreté, de l’exclusion et des phénomènes de marginalisation. L’OSI veut ainsi contribuer à démontrer qu’au-delà de la seule logique économique et financière et de la toute puissance du marché, il est urgent de réconcilier compétitivité, éthique et responsabilité sociale.

 

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