Société

Abou Bakr Harakat : «J’ai traité des cas qui ont frôlé le suicide»

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ALM: Quel est l’impact des malformations de la verge sur l’homme ?
Abou Bakr Harakat : Contrairement à la femme, l’organe génital masculin est extériorisé. Le mâle «humain» se définit généralement par cette partie du corps. Au-delà du fait que le pénis est l’unique conduit pour deux fonctions principales, celle d’uriner et celle de libérer le sperme, il est considéré en quelque sorte en tant qu’emblème. Pour l’homme, le pénis est synonyme de virilité. C’est ce qui l’identifie et met en relief sa masculinité et sa dominance. Cette définition ne se limite pas seulement à la société marocaine. Je peux même dire qu’elle est mondialement commune. Ainsi, quand l’homme se sent toucher dans cette partie intime, il se sent fortement toucher dans sa puissance sexuelle. Il sombre dans une remise en cause. Dans ce sens, n’importe quelle pathologie qui pourrait atteindre la voie génitale chez l’homme, que cela soit une malformation du pénis ou tout simplement une simple panne d’érection, influe négativement sur son psychique.

Comment se manifeste cette souffrance psychique ?
Comme je l’ ai signalé, précédemment, cette atteinte à l’identité mâle engendrée par une malformation des voies génitales ébranle l’équilibre psychologique de l’homme. Dans ce sens, la personne peut éventuellement souffrir de troubles psychiques modérés, à savoir l’anxiété, le stress et la dépression. De même, de profonds remaniements psychiques pourront surgir, introduisant ainsi des troubles émotionnels assez forts ainsi que de vrais pathologies psychiatriques tel que le paranoïa. J’ai même traité des cas qui ont frôlé le suicide. Ce problème n’a pas un impact individuel. Son risque peut s’étendre sur l’ensemble de la famille. Pour les couples, à titre d’exemple, cette situation cause un handicap. Elle crée, majoritairement, un climat de tension au sein du nid conjugal. Cette anomalie pathologique est considérée dans les ménages comme une panne sexuelle pénalisante. Se prétendant impuissant, l’homme ne vit pas aisément sa sexualité et manifeste un comportement impulsif portant atteinte à la personne de son épouse. Il devient agressif et douteux.

Ose-t-on aujourd’hui parler ouvertement de ces malformations ?
Je reçois actuellement en thérapie un couple dont le fils souffre d’une malformation génitale. Le petit, âgé à peine de 4 ans, vient de subir une opération qui s’est déroulée pendant une quinzaine d’heures. Vous pouvez bien imaginer le cas des parents. Rien que le fait d’avoir osé exposer leur cas est déjà une bonne épreuve. En ce qui concerne les malformations génitales, nous avons franchi un énorme pas. Grâce aux différents canaux de communication, nous avons pu lever le voile sur cette pathologie et briser tous les tabous. Les divers sujets de sexualité abordés à travers les médias ont réussi à rendre les Marocains plus ouverts. Les gens se sentent de plus en plus sensibles à ce problème et sollicitent le corps médical. Dans ce sens, ils commencent à oser, davantage, chercher et s’informer.

Comment peut-on remédier aux maux psychiques des personnes souffrant de ce genre de malformations ?
Il est à noter que ces malformations peuvent être d’ordre congénital, ou post-traumatique. Un enfant qui est né avec une malformation doit être au courant de son cas. On doit le sensibiliser afin qu’il s’adapte avec sa situation. Dans ce sens, l’accompagnement psychologique est primordial. En cas d’intervention chirurgicale, le suivi psychique est recommandé. Il doit s’étendre à la phase
post-opératoire.


L’ extrophie vésicale, une malformation très rare

Hassan, âgé de 13 ans, est un adepte du pavillon de la chirurgie réparatrice au Centre hospitalier universitaire Ibn Rochd de Casablanca. Depuis sa naissance, cet adolescent a supporté les longues distances qui séparent la capitale économique à sa ville natale Taroudant. Et ce, pour suivre régulièrement une thérapie contre l’«Extrophie vésicale». Une malformation congénitale très rare qui lui nécessite des mois d’hospitalisation, loin de la famille et des amis. Depuis sa naissance à aujourd’hui, il a subi une dizaine d’interventions chirurgicales réparatrices au niveau de l’appareil génital. Une situation que Hassan étale ouvertement. «Je suis né sans organe génital. De même, j’ai une malformation au niveau de la vessie. Malgré toutes ces difficultés, je garde espoir. Un jour, je pourrai surmonter mon handicap», dévoile-t-il sereinement à ALM. Cliniquement, l’extrophie vésicale survient entre la quatrième et la dixième semaine de la grossesse chez la mère. Au moment où, les organes variés, tissus et muscles commencent à se former, se séparer, se plier. Les praticiens le définissent en tant que défaut de fermeture médiane de la partie sous-ombilicale de la paroi abdominale. Chez les garçons, elle est accompagnée d’un épispadias et d’un espacement des os pubiens, d’autres lésions congénitales y sont souvent associées notamment une hernie bilatérale, une ectopie testiculaire et une imperfection anale. Une anomalie qui se rencontre aussi bien chez les garçons que chez les filles.

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