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Accouchement par césarienne : Bras de fer entre la CNOPS et les gynécologues

© D.R

La nouvelle procédure de prise en charge de l’accouchement par césarienne qui sera instaurée par la Caisse nationale des organismes de prévoyance sociale (voir l’article) a suscité de vives réactions des médecins et des cliniques privées.

Cinq  associations des professionnels de la médecine, à savoir l’Association nationale des cliniques privées (ANCP), le syndicat national des médecins du secteur libéral (SNMSL), le Syndicat national de médecine générale (SNMG), le Collège syndical national des médecins spécialistes privés au Maroc (CSNMP), le Collège syndical national des médecins généralistes libéraux (CSNMGL)  ont adressé une lettre le 16 avril au directeur général de l’Agence nationale de l’assurance maladie (Anam) au nom de la profession et des gynécologues obstétriciens privés. 

Dans leur correspondance, les professionnels de la santé   invitent le  directeur général  de l’Anam à  prendre position  et à demander au  DG de la CNOPS «d’annuler, purement et simplement, la note en question qui comporte l’appellation césarienne de convenance». Les associations signalent que «le directeur général de la CNOPS s’inscrit dans un rôle purement médical, scientifique et relevant des attributions exclusives des spécialistes, dûment habilités à cela». Et d’ajouter : «Qu’il puisse parler de «césarienne de convenance» est une pure ingérence dans la compétence des médecins et une insulte à leur intégrité scientifique». Les rédacteurs de cette lettre dénoncent le fait que le DG de la CNOPS se soit basé sur des statistiques validées uniquement par ses services et «dont les résultats restent à interpréter en fonction de plusieurs autres paramètres (populations cibles, politiques de santé de chaque pays, conditions d’accès aux soins des citoyens….), pour en déduire des conclusions aussi hâtives et des jugements de valeur envers toute une profession, (ce qui) démontre la légèreté avec laquelle la santé et la vie de nos concitoyennes est traitée».

La décision de la CNOPS de conditionner le paiement de toute césarienne à la production d’un rapport médical justifiant médicalement le recours à cette pratique a été motivée par des statistiques alarmantes et les dépenses importantes supportées chaque année par la Caisse. En 2017, la Caisse a compté 30.583 cas d’accouchement, dont 18.522 réalisés par césarienne (61%). Autrement dit, sur 10 accouchements, 6 sont des césariennes. Les dépenses des césariennes ont explosé en passant de 13 MDH en 2006 à 130 MDH en 2017. Les pertes estimées par la Caisse sont de 70 millions DH chaque année. En dépit des chiffres avancés par la CNOPS, les praticiens estiment que «la problématique des césariennes touche l’ensemble des pays du globe, et sur laquelle l’Organisation mondiale de la santé se penche depuis des années, nécessiterait des études et des analyses à l’échelon national pour pouvoir faire l’état des lieux par rapport à cette approche mondiale». Ces derniers défendent l’idée selon laquelle les gynécologues et les médecins marocains en général ont toujours été prêts à se pencher sur le dossier conformément aux orientations de la politique de santé du pays  et des pratiques médicales. Ils estiment que des conclusions «comptables» ne peuvent se substituer aux impératifs de la médecine et des objectifs de santé du pays.

Enfin, ces derniers n’ont pas hésité à évoquer  les menaces cachées du DG de la CNOPS et «qui ne menacent au fait que la santé et le bien-être du citoyen marocain». Signalons qu’une copie de la lettre a été   adressée au ministre de la santé et au président du Conseil national de l’Ordre des médecins (CNOM). Affaire à suivre.

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