"M. (Patrick) Ramakl estime que le juge d’instruction marocain Jalal Sarhane, chargé du dossier, prétexte des difficultés pratiques pour ne pas exécuter la Commission rogatoire (internationale, CRI)" sur l’affaire Ben Barka, avait déclaré mardi à l’AFP Me Buttin après s’être entretenu avec le juge français.
"La déclaration de Me Buttin est dénuée de fondement, sachant qu’une séance de travail s’est tenue au siège de la cour d’appel de Casablanca entre le juge d’instruction français et son homologue marocain", a rétorqué mercredi "une source judiciaire" du parquet de Casablanca, citée par l’agence officielle Map.
Au cours de cette séance, "les pièces et documents sur lesquels repose l’exécution de la commission rogatoire ont été déterminés", ajoute le parquet en exprimant son "étonnement" au sujet des déclarations de Me Buttin.
"Un procès-verbal a été rédigé en ce sens, dans lequel le juge d’instruction français s’engage à envoyer une commission rogatoire complémentaire dont la date d’exécution sera fixée ultérieurement", a ajouté la même source.
Le parquet de Casablanca a encore souligné que "l’exécution de la dite commission rogatoire se fait dans le cadre de l’accord de coopération judiciaire signé entre le Royaume du Maroc et la République française, conformément à la loi marocaine".
Me Buttin qui se trouve depuis lundi à Rabat, avait indiqué mardi que "la commission rogatoire internationale (CRI) porte sur l’interrogatoire d’une vingtaine de fonctionnaires et militaires marocains, certains de haut rang, en activité ou à la retraite, et sur la visite d’un ancien centre de détention secret à Rabat où pourraient se trouver les restes de Mehdi Ben Barka".
"Le magistrat marocain a affirmé lundi à son homologue français qu’il n’avait pas pu trouver l’adresse des domiciles de ces personnes, ni localiser cette ancienne prison. Or, la plupart de ces personnalités sont connues, tout comme le lieu de l’ancienne prison abandonnée", a ajouté l’avocat.
Interrogé par l’AFP, le magistrat français Patrick Ramakl n’avait voulu mardi ni confirmer ni démentir les propos de l’avocat de la famille Ben Barka.
Mehdi Ben Barka, chef de l’opposition marocaine au roi Hassan II dans les anées soixante, avait été enlevé en 1965 à Paris et, selon toute vraisemblance, assassiné. Mais l’affaire n’a jamais été élucidée, malgré divers témoignages et de multiples recours introduits au Maroc comme en France.
Le parti de l’Union socialiste des forces populaires (USFP) a déposé plainte avec constitution de partie civile en 2003 pour que "la lumière soit faite sur cette disparition".