Le sénateur américain Robert Menendez a annoncé, jeudi dernier, qu’il va mener une enquête en vue d’une audition en septembre sur le rôle de BP dans la libération en 2009 du Libyen Abdelbaset al-Megrahi condamné pour l’attentat de Lockerbie. Le sénateur, qui siège à la commission des affaires étrangères, devait présider une audience jeudi sur ce sujet. Mais la séance a été reportée à une date ultérieure car plusieurs témoins, dont le directeur général de la compagnie Tony Hayward, ont refusé de se présenter devant la commission. «Plusieurs témoins ont indiqué qu’ils ne se présenteraient pas à une audition prévue aujourd’hui, c’est pourquoi nous avons concentré de nouveau nos efforts et annoncé un nouveau plan pour aller jusqu’au bout du cas Megrahi», a affirmé M. Menendez dans un communiqué jeudi. Le sénateur a réitéré son invitation à comparaître devant la commission à M. Hayward, à Mark Allen un ancien agent du MI6, le service de renseignement extérieur britannique, engagé chez BP et à l’ex-ministre de la Justice britannique Jack Straw. Tous trois avaient initialement décliné l’invitation. Parmi les autres témoins que souhaite entendre le sénateur figure Jeffrey Feltman, le sous-secrétaire d’Etat américain chargé du Proche-Orient. BP est accusé d’avoir exercé des pressions pour la libération de Megrahi en vue de faciliter la signature d’un contrat d’exploration d’hydrocarbures au large de la Libye. La position de BP est la suivante: la compagnie a fait pression pour que Londres accélère la conclusion d’un accord de transfèrement de prisonniers (PTA) avec la Libye pour obtenir des contrats dans ce pays, mais n’a jamais spécifiquement insisté sur le cas Megrahi. M. Menendez avait fustigé Tony Hayward jeudi matin dans un autre communiqué car ce dernier avait indiqué à la presse qu’il était «trop occupé» pour se rendre à l’audition du Sénat. «Cela doit être bien d’être «trop occupé» à négocier plusieurs millions de dollars de parachute doré et de ne pas se rendre à une audition du Sénat américain qui s’interroge pour savoir si M. Hayward a monnayé du sang pour du pétrole», a-t-il dit.