Société

Al-Abadila Mae El Ainain : «La libération des détenus politiques donne plus de crédibilité aux réformes»

© D.R

ALM : Quelles sont vos impressions suite à la libération de plusieurs détenus ?
Al-Abadila Mae El Ainain : Il s’agit d’une très bonne nouvelle. Nous sommes très heureux. Dès le départ, nous étions profondément convaincus de notre innocence. Nous savions qu’un jour nous allions retrouver la liberté et que la vérité allait être révélée au grand jour. De l’avis des défenseurs des droits de l’Homme et des personnes qui ont milité pour notre libération, notre procès a été politique ni plus ni moins. Nous tenons à saluer les avocats qui ont pris en main la mission de nous défendre. Nous saluons également l’Instance de défense des détenus politiques présidée par Mohamed Bensaïd Aït Idder ainsi que les acteurs politiques, culturels, académiques et médiatiques. Notre libération est intervenue dans le cadre du printemps arabe qui a été déclenché par le martyr Mohamed Bouazizi dont l’effet a atteint l’ensemble de la région arabe et qui a donné naissance au Mouvement du 20 février au Maroc. C’est dans ce contexte qu’est intervenu le mémorandum du CNDH auquel le Souverain a répondu favorablement. Je dis que l’harmonie entre les revendications du peuple et la clairvoyance royale ne peut que servir les intérêts de la Nation.

Après trois ans en prison, comment qualifiez-vous votre procès ?
Notre dossier a été monté de toutes pièces et n’a aucun fondement. Tous les détenus dans le cadre de notre affaire sont victimes de l’injustice et doivent être libérés immédiatement. Aussi, le procès de la Salafiya Jihadiya a été marqué par de nombreuses violations. Les conditions du procès équitable n’ont pas été respectées. Le Maroc traverse actuellement une étape très sensible de son histoire. Une étape qui nécessite la restauration de la confiance à travers des mesures d’accompagnement, notamment la libération des détenus politiques. Il s’agit-là d’une revendication de l’ensemble des acteurs politiques, associatifs et médiatiques. Dans le cadre de la dynamique politique que connaît le Maroc actuellement, nous souhaitons la libération de tous les détenus politiques, notamment les détenus parmi le Mouvement du 20 février. Nous voulons rompre définitivement avec les pratiques douloureuses du passé et entrer dans une nouvelle ère avec une nouvelle Constitution.

Comment avez-vous été impliqué dans l’affaire Abdelkader Belliraj ?
J’ai dis au départ que notre procès est politique. Il n’est plus un secret que la Justice marocaine va mal. Les poursuites judiciaires dans le cadre de la lutte antiterroriste ont été entachées par des violations graves. Les dossiers ont été préparés au centre de détention de Témara. Puis ils ont été transférés à la Brigade nationale de la sûreté nationale qui leur a ajouté quelques éléments avant de les transmettre au tribunal. Ce dernier n’a fait que recevoir les directives pour prononcer des jugements injustes. En effet, les gens se demandent toujours quels sont les vrais commanditaires des attentats terroristes du 16 mai? Certes, les personnes qui ont exécuté les plans dévastateurs sont connues, mais celles qui ont pensé ces plans sont toujours méconnues. La justice au Maroc n’est pas indépendante et connaît de nombreux dysfonctionnements. Nous espérons bien que la dynamique que connaît le Maroc ira dans le sens de la mise en place d’un pouvoir judiciaire indépendant.

Que dites-vous à propos de la dynamique que vit le Maroc?
Avant la révolution de Bouazizi, le Maroc s’acheminait vers l’inconnu. Le Maroc ressemblait en quelque sorte à un avion détourné et orienté vers une destination inconnue. Heureusement, qu’il y a la bienveillance divine qui veille sur ce pays très cher. Dieu merci, il y a une main invisible qui fait éviter à notre pays des catastrophes politiques. Dans ce sens, il faut dire que le printemps arabe a opéré un changement radical et a contrecarré les desseins du courant antidémocratique et a mis en échec ses plans haineux. C’est cela le changement positif qu’a connu le Maroc. Un changement qui va dans le sens de garantir à tous les Marocains les conditions d’une vie digne.

Selon vous, quel est l’impact de la libération des détenus sur cette dynamique ?
A partir du moment que les principaux acteurs dans la dynamique que connaît le Maroc actuellement demandent la libération des détenus politiques, cette initiative ne pourra que donner plus de crédibilité au processus de réforme. Elle renforce, également, le climat de confiance dans un Maroc répondant aux exigences du troisième millénaire. Cette initiative nous rassure du fait que les réformes politiques et constitutionnelles ambitionnent réellement de répondre aux aspirations des citoyens marocains. La libération des détenus fera en sorte, en outre, qu’une grande partie de la population marocaine va s’intéresser directement aux affaires publiques. Cela permettra, ainsi, de rompre avec le phénomène de l’abstention lors des élections.

Qu’en est-il du chantier de la réforme constitutionnelle ?
Tous les acteurs politiques, associatifs, médiatiques, civils et les intellectuels doivent se mobiliser pour réussir ce chantier prometteur. On doit être vigilant à cet égard. Car le courant antidémocratique fera l’impossible pour faire échouer la réforme car elle ne sert nullement ses intérêts. Nous espérons, par ailleurs, que le projet de réforme réponde au moins au minimum des aspirations des forces vives de la Nation.

Allez-vous reprendre l’action politique au sein du PJD ?
Comme vous le savez, mon militantisme politique ne s’est jamais arrêté. En prison, je suivais l’actualité politique et je participais aux congrès et rencontres du parti à travers des correspondances. Par exemple, j’avais adressé une lettre au conseil national du PJD tenu récemment. En plus, je publiais des articles dans des journaux. Pour l’instant, je compte marquer une petite pause pour me reposer un peu avant de reprendre l’action politique au PJD. Je crois aux programmes et au référentiel de cette formation politique. Pour ce qui est des autres partis politiques, je pense que la divergence d’idées ne peut être que dans l’intérêt du pays. Le but ultime étant le renforcement de l’édifice démocratique au Royaume.

Parlez-nous de vos trois ans d’emprisonnement ?
Depuis que j’ai commencé mon militantisme politique en 1980, je parlais toujours de l’injustice et je militais pour aider les personnes victimes de l’injustice. Mais, je n’ai jamais su parfaitement le sens de ce mot qu’après avoir été jeté en prison. L’injustice est la chose la plus abjecte qui pourrait arriver à un être humain ou une société. Celui qui subit une injustice devient plus déterminé à lutter contre ce fléau. L’injustice porte atteinte à la dignité humaine.

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