Société

Al Hoceïma : La peur toujours présente

© D.R

La terre a tremblé dans la région d’Al Hoceïma, le 24 février dernier. Aujourd’hui, les habitants de la ville et des douars avoisinants ont élu domicile dans des tentes installées dans des places publiques, des espaces vides et dans tous les endroits où les risques d’effondrements sont nuls.
Le week-end dernier, il n’a pas cessé de pleuvoir à Al Hoceïma. Pourtant, les gens ont préféré rester sous les tentes plutôt que de regagner leurs maisons.
Évidemment, plusieurs familles n’ont carrément plus de toits où s’abriter, car leurs demeures se sont effondrées ou menacent sérieusement de le faire. Les autres familles, également installées dans les camps, sont, elles aussi, prisonnières d’une peur atroce, incontestablement légitime. « Nous passons les journées dans notre maison, mais une fois la nuit tombée, nous préférons dormir dans les tentes », explique un habitant d’Al Hoceïma dont la demeure n’a pourtant subi aucun dommage. Personne ne veut s’aventurer, longtemps, sous le béton armé.
« En fait, cette phobie est aggravée par les dizaines de répliques, plus ou moins importantes, ressenties quasi-quotidiennement par les habitants de la région d’Al Hoceïma », précise le Dr. M’hamed Lachkar, président de l’association « Asasha », dont le siège est à Al Hoceïma.
C’est dans cette ambiance de peur généralisée, que plusieurs acteurs de la société civile ainsi que les autorités publiques ont lancé des campagnes de sensibilisation à l’adresse des habitants d’Al Hoceïma. « Même si la vie commence à reprendre son cours normal, la peur reste intacte dans l’esprit des gens », poursuit le Dr. Lachkar. Pour lui, « la priorité doit être donnée aux projets de reconstruction des maisons, essentiellement dans le monde rural ». Les sinistrés des douars doivent être, de manière urgente, relogés, car « l’installation des tentes soulage les bénéficiaires, certes, mais ne règle pas le problème », lance le Dr. Lachkar. Celui-ci conclut que des maisons en préfabriqué seraient une solution rapide et efficace au profit des sinistrés du séisme.
Pour le professeur Lahcen Aït Brahim, de la Faculté des sciences de Rabat, les répliques ressenties dans la région d’Al Hoceïma sont tout à fait normal. Elles peuvent même durer un ou deux mois encore. « Un séisme produit sur une région les mêmes effets qu’une maladie », explique le Pr. Aït Brahim. En termes simples, nous serons donc, aujourd’hui, dans la période de convalescence. « Il faut que la croûte fracturée par le séisme du 24 février revienne à la situation normale », commente le Pr Aït Brahim. Celui-ci ajoute qu’il n’est pas du tout inquiétant de voir que « les répliques atteignent des pics comme celui du vendredi dernier, avec 5 sur l’échelle de Richter ».
Le Pr Aït Brahim, qui est également responsable du laboratoire des risques géologiques, a effectué des tournées dans les localités d’Al Hoceïma touchées par le séisme. Le but est de sensibiliser les habitants à revenir à leurs demeures, quand ces dernières sont évidemment en bon-état. « Nous leur expliquons que les maisons ayant survécu au séisme du 24 février, n’ont rien à craindre des répliques qui s’en suivent, à condition, bien sûr, que la structure en béton-armé ne soit pas endommagée », précise le Pr. Aït Brahim. C’est justement l’un des objectifs des tournées qu’effectuent ces experts. L’Etat met, gracieusement, à la disposition des propriétaires des maisons endommagées une expertise (plan de béton armé) qui leur permettra de renforcer la structure de leur demeure et éviter tout effondrement.
Les experts ont également l’aptitude de considérer une maison comme « habitable » sans aucun danger pour ceux qui y vivent. Toutefois, dès que le terre se remet à trembler, les habitants pris de panique reprennent la route des camps.
A la question de savoir si Al Hoceïma peut être frappée par un autre séisme dont la magnitude est supérieure à 6,3, le Pr Aït Brahim assure que ce type de risques existe pour Al Hoceïma, comme pour plusieurs autres villes marocaines, algériennes et européennes.

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