Société

Algérie : nouvel accès de fièvre entre la France et l’Algérie

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Gel d’un projet parlementaire franco-algérien, volonté de députés algériens de «criminaliser» le colonialisme français: les relations entre Paris et Alger connaissent un nouvel accès de fièvre, inédit depuis cinq ans, qui a enflammé le Parlement français mardi. La crise, symptôme de relations toujours passionnelles depuis près de 50 ans, a commencé jeudi quand Alger a annoncé le gel d’une réunion portant sur la création d’une grande commission parlementaire entre les deux pays. Motif: le gouvernement d’Abdelaziz Bouteflika a très mal supporté que la France inscrive l’Algérie sur «une liste de pays à risque pour les transports aériens». «Comment l’Algérie peut-elle être parmi les pays qui luttent contre le phénomène du terrorisme et dans le même temps figurer sur la liste des pays dont les ressortissants sont soumis à des mesures de contrôle spécifiques ?», a protesté le président de l’Assemblée algérienne, Abdelaziz Ziari. Fierté algérienne blessée, souvenir de la décennie noire des années 90, le tout sur fond de relations passionnées entre deux pays qui se sont séparés dans le sang après 132 ans: la tension est encore montée d’un cran avec le dépôt au Parlement algérien d’une proposition de loi pour «criminaliser» le colonialisme français, deux ans avant le 50e anniversaire de l’indépendance algérienne en 1962. «Nous envisageons de créer des tribunaux spéciaux pour juger les responsables de crimes coloniaux ou de les poursuivre devant les tribunaux internationaux», a souligné un député FLN (majorité au pouvoir), Moussa Abdi, précisant que la proposition de loi avait été signée par 125 députés de différents partis. Cette proposition de loi est l’exacte opposée de la loi française du 23 février 2005 vantant «le rôle positif de la présence française outre-mer, notamment en Afrique du Nord». Une disposition abrogée un an plus tard, condamnée par le président Bouteflika et qualifiée de «loi de la honte» par des parlementaires FLN. Cinq ans après, l’histoire se répète, à rôles inversés. C’est au tour des Français de «regretter» la proposition de loi algérienne, a déclaré Eric Besson, ministre français de l’Immigration et de l’Identité nationale. Le secrétaire d’Etat à la Défense et aux anciens combattants, Hubert Falco, a estimé que l’initiative des députés algériens était «incompréhensible» et «outrancière». Le ministre des Affaires étrangères a tempéré la position officielle : «l’exécutif algérien n’a aucunement pris position sur cette proposition (…) qui ne fait l’objet d’aucun soutien de la part des Algériens», a souligné le ministre qui doit se rendre en Algérie dans les semaines à venir. C’est néanmoins dans un climat tendu qu’une convention de partenariat franco-algérienne a été ratifiée mardi à l’Assemblée nationale française. Elu d’une circonscription du sud-est du pays, où résident depuis leur arrivée en 1962 de nombreux rapatriés français d’Algérie et de harkis (Algériens réfugiés en France après avoir combattu aux côtés de l’armée française pendant la guerre d’Algérie), le député UMP (majorité, droite) avait demandé le report de la ratification. L’éventuelle mise en place «des tribunaux d’exception n’est pas acceptable», a aussi déclaré François Sauvadet, un autre élu de la majorité, demandant «une clarification de la part du gouvernement algérien sur cette initiative». Lors d’un voyage en Algérie le 3 décembre 2007, le président français Nicolas Sarkozy avait dénoncé le système colonial, «profondément injuste», tout en refusant la repentance.

  Emmanuelle Trecolle et Samir Tounsi (AFP)

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