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Algérie : Une industrie en difficultés

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Dopée par les dividendes des hydrocarbures qu’elle a largement investis dans les infrastructures, l’Algérie a oublié son industrie au point de s’alarmer que ce secteur-clé du développement soit désormais réduit à moins de 5% du PIB. Pourtant les autorités avaient adopté en 2007 un plan de relance de l’industrie, alors sinistrée, pour résorber un chômage chronique oscillant alors et toujours autour des 10% de la population active. Le Premier ministre Ahmed Ouyahia a reconnu le mois dernier devant les députés que l’industrie était marginalisée et se situait en dernière position pour sa contribution à la création de richesses nationales. «L’industrie se voit de plus en plus marginalisée et n’a participé qu’à près de 5% de la valeur ajoutée globale de l’année dernière», a-t-il dit. «Cette situation est inacceptable alors que l’Algérie dispose d’une importante base industrielle ayant besoin de relance», a ajouté le chef du gouvernement, déterminé désormais à porter pour la fin du plan quinquennal «à près de 10% en 2014, la part de l’industrie dans la valeur ajoutée globale». Selon un de ses prédécesseurs (1999-2000), Ahmed Benbitour, cette situation provient du manque d’investissements productifs. «Il faut absolument que les autorités du pays aident le secteur privé national à investir dans le secteur productif, en particulier dans l’industrie», a-t-il déclaré à l’AFP. «L’État doit lui faciliter l’accès au foncier industriel et mettre à sa dispositions les excès de liquidités dont il dispose», a-t-il ajouté. L’économie algérienne, dopée par la flambée des prix du pétrole, disposait à la fin 2010 de 149 milliards de dollars de réserves de change. L’Algérie tire des hydrocarbures près de 98% de ses recettes extérieures. Pour M. Benbitour, la relance du secteur atrophié doit également s’appuyer sur «une profonde restructuration du secteur public» pour permettre «une meilleure utilisation des capacités de production existantes». Le secteur public industriel, mis en place au début des années 1970, a coûté plus de 36 milliards de dollars en subventions entre 1991 et 2005 mais n’a pas réussi à se redresser, selon des experts. Quelque 500 entreprises publiques ont ensuite été privatisées entre 2003 et 2008 tandis que des centaines d’autres avaient fermé. Des milliers de salariés s’étaient alors retrouvés sans emploi dans ce pays devenu adepte de l’économie de marché dans les années 1990. «En dehors du secteur des hydrocarbures et de la production de l’énergie électrique, tous les secteurs industriels sont sinistrés faute d’investissements de mise à niveau», constatait récemment un expert, Réda Amrani, dans un entretien au journal El Watan. «Le secteur industriel public peut être amélioré si l’État abandonne progressivement son statut d’actionnaire principal au profit de régulateur du marché en Algérie», a-t-il ajouté. Le plan de relance industriel de 2007 est resté lettre morte. Il préconisait pourtant la refonte du système de financement de l’économie, de formation des cadres et l’amélioration de l’accès des entreprises au foncier industriel.  «Il n’y a pas eu un seul acte concret de mise en œuvre de cette politique», a estimé M. Benbitour.  Résultat: la production industrielle du secteur public a enregistré une croissance négative de 2,7% au 1er trimestre 2010, selon des statistiques officielles. Le Fonds monétaire international a demandé à l’Algérie de favoriser au maximum «le développement du secteur privé» au terme d’une mission qui s’est achevée le 4 novembre.

  Abdellah Cheballah (AFP)

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