Société

Arrestation d’une bande de trafiquants

© D.R

Chambre correctionnelle près le tribunal de première instance d’El Jadida. La salle d’audience était archicomble ce jour du mois courant. Trois jeunes femmes et deux jeunes hommes se tenaient au banc des accusés et tournaient de temps en temps leurs têtes vers l’assistance pour échanger quelques gestes et signes avec les membres de leurs familles. Le président du tribunal qui feuilletait le dossier a levé ses yeux pour les regarder. Ils l’ont fixé également par leurs regards en attendant leurs interrogatoires. Et le président les a appelés l’un après l’autre : Amal, Âlia, Wafae, Saïd et Ahmed.
Sans doute, l’assistance se demandait sur les raisons pour lesquelles le président du tribunal a commencé par l’appellation des jeunes femmes puis des jeunes hommes. En principe, il commence par l’appel des principaux accusés puis leurs complices. Les trois jeunes femmes sont-elles les principales prévenues dans cette affaire ? La réponse a été déduite quand le président a rappelé à chacun des prévenus les accusations qui lui ont été attribuées : Amal est poursuivie pour trafic de drogue, Âlia, sa sœur Wafae et Saïd pour complicité et Ahmed pour consommation de drogue.
«Es-tu le cerveau de cette bande spécialisée dans le trafic de drogue», a demandé le président du tribunal à Amal qui a gardé la tête baissée. Issue de Casablanca, Amal, âgée de vingt-six ans, n’a jamais pensé séjourner à la capitale des Doukkalas. Mais les aléas de la vie l’ont obligée d’y résider. Ses parents avaient tous les deux une première relation conjugale qui avait échoué avant de se remarier ensemble. Un remariage qui n’a pas duré longtemps après la naissance d’Amal. Et cette dernière s’est retrouvée solitaire, puisque chacun de ses parents a préféré garder ses enfants, fruits de leur premier mariage. Pourtant, elle a déployé tous ses efforts pour poursuivre ses études. Elle a décroché son bac littéraire et elle s’est inscrite à la faculté de Ben Msik, à Casablanca, branche de la littérature arabe. À défaut d’une bourse universitaire et d’un soutien matériel, Amal s’est retrouvée obliger d’abandonner ses études pour chercher un emploi lui permettant de gagner sa vie, loin de ses parents et ses demi-frères et demi-sœurs. D’un emploi temporaire à un autre à Casablanca, elle a fini par regagner El Jadida après avoir entretenu une relation amoureuse avec Mohamed, la trentaine. Généreux avec elle, il est arrivé à la convaincre pour demeurer avec lui dans une maison à Derb Lahjar à El Jadida. Quelques jours sous le même toit, elle a découvert enfin qu’il est trafiquant de drogue. Elle l’aimait trop pour le quitter. Elle a commencé alors à l’aider à liquider la marchandise en restant le plus souvent à la maison pour accueillir les clients. Il suffit que Mohamed lui téléphone et l’ordonne à approvisionner un tel client pour qu’elle s’en charge. Elle livre la quantité au client et empoche l’argent. Un jour, Mohamed a été arrêté et incarcéré. Depuis, elle s’est chargée du trafic du haschich. Elle était très prudente et ne laisse aucune trace pour la police. Elle contacte les clients par téléphone et fixe avec eux un rendez-vous dans un lieu de la ville, loin de chez elle, afin qu’elle les rejoints avec la marchandise demandée. Elle empochait l’argent et rebroussait chemin sans attirer l’attention de personne. Toutefois l’arrestation de Saïd a facilité son dévoilement. Ce jeune dealer d’une vingtaine d’années est arrêté en flagrant délit par la police et est interrogé sur la source de quelques grammes saisis sur lui. Il a avoué les avoir achetés de chez une certaine Al Âzoua, occupant une maison à Derb Lahjar. Se dépêchant sur les lieux, les enquêteurs ont arrêté Al Âzoua et ont saisi chez elle quatre plaquettes et cinq morceaux du haschich. Cependant, Al Âzoua leur a expliqué qu’elle ne se chargeait que d’aider Amal à liquider le haschich.
À ce moment, un client, Ahmed, est arrivé pour acheter une petite quantité de drogue d’une valeur de 70 dirhams. Mais il a été appréhendé. Quelques minutes plus tard, Amal est arrivée en compagnie de Wafae et elles ont été également arrêtées. Tous les quatre ont été conduits au commissariat de police puis devant la justice. Interrogées, Amal, Al Âlia et Wafae ont nié être des trafiquantes de drogue et des complices. Elles ont expliqué que la quantité du haschich saisie ne leur appartienne pas. Quant à Saïd et Ahmed ont avoué être leurs clients.
Après le réquisitoire du substitut du procureur du Roi et les plaidoiries des avocats, le tribunal a rendu son verdict après délibération en condamnant Amal à 2 ans et demi de prison ferme et les deux sœurs complices, Al Âlia et Wafae, à 18 mois de prison ferme. Quant à son complice Saïd et le toxicomane, Ahmed, ils ont écopé respectivement de 10 et 3 mois de prison ferme.

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