Société

Attention, danger !

Depuis quelque temps, plusieurs cliniques privées du Maroc, notamment à Casablanca et Rabat, ont eu une idée hasardeuse et potentiellement dangereuse. Celle de fabriquer, par le biais d’un appareil dénommé extracteur, au sein même de leur établissement, l’oxygène qu’elles consomment habituellement.
Susceptibles de se transformer rapidement en tendance aux conséquences lourdes si l’on n’y prend pas garde, ces cas pour le moment isolés montrent que l’oxygène médical, loin d’être un produit ordinaire, est tout simplement un produit méconnu de ceux qui se proclament auto-producteurs. Cette pratique porte en elle des risques majeurs. D’abord et essentiellement pour la santé des malades. Ce qui peut engager la responsabilité de l’établissement qui prodigue des soins. En effet, il est de notoriété que ces extracteurs, qui ne erprésentent pas du reste une nouveauté technologique, ne sont pas à même de produire et de garantir un oxygène médical aux caractéristiques requises et encore moins de permettre un contrôle permanent des impuretés résiduelles gênantes que l’oxygène contient. Aucune indication sur la qualité du produit fourni n’est disponible sur l’appareil. Qualité au demeurant variable au gré du débit du gaz appelé. Autrement dit, la pureté du produit fabriqué par pareille machine n’est appréhendée qu’à travers l’indication relevée sur un prospectus qui passe sous silence la constance de celle-ci dans le temps. C’est en cela que ce procédé de fabrication, artisanal à tout point de vue, est aléatoire, voire dangereux.
Les normes exigées par la Pharmacopée européenne imposent pour que l’oxygène soit d’usage médical qu’il réponde scrupuleusement aux spécifications suivantes : pureté globale supérieur ou égale à 99,5%, teneur résiduelle du gaz carbonique inférieure ou égale à 300ppm (partie par million de volume), teneur résiduelle du monoxyde de carbone inférieure ou égale à 5ppm, humidité résiduelle inférieure ou égale à 67ppm.
Pour lever toute incertitude quant à la conformité de ce produit extrêmement sensible, d’autres tests supplémentaires sont systématiquement effectués par les industriels des gaz médicaux en vue de contrôler l’odeur, les particules solides et les vapeurs nitreuses. Compte tenu de cette batterie d’exigences, l’on comprend aisément que n’est pas fabricant de gaz médicaux qui veut et qu’il est salutaire par conséquent de s’entourer de toutes les garanties liées à l’utilisation de l’oxygène à des fins médicaux.
Dans cette affaire, il y va de la santé du patient et de la responsabilité du praticien. C’est pour cela que les gaz médicaux, en l’occurrence l’oxygène médical et le protoxyde d’azote, les deux principaux gaz auxquels ont recours les hôpitaux publics et les cliniques privées, se doivent de répondre impérativement à des caractéristiques bien définies. Faute de quoi, les risques encourus peuvent être très graves. Sous d’autres cieux, la production et la distribution des gaz médicaux sont régies par des règles strictes et sévères. Ce cadre normatif est constitué de deux référentiels : les bonnes pratiques de fabrication et la Pharmacopée. Les bonnes pratiques de fabrication sont un véritable recueil d’obligation et de précautions qui permettent de préserver la qualité des produits pendant le processus précédant leur conditionnement.
La Pharmacopée, quant à elle, précise les caractéristiques chimiques auxquelles doivent répondre le protoxyde d’azote et l’oxygène médical. C’est-à-dire la pureté globale, la nature et la teneur des gaz résiduels gênants, les types d’analyse et les modes opératoires nécessaires.
“L’association des bonnes pratiques de fabrication et les spécifications de la Pharmacopée, explique un spécialiste, constituent un arsenal de contrôles qui doivent être validés par un pharmacien responsable avant la consommation de ces gaz. Or, dans le cas de l’auto-production, cette contrainte est complètement occultée. Ces normes ne laissent de place ni à l’improvisation ni aux approximations“. Un professionnel de la médecine tire la sonnette d’alarme: “Ce qui se passe dans certaines cliniques est grave. Avant que le phénomène dangereux de l’auto-production ne prenne de grandes proportions, le ministère de la Santé est appelé à réagir rapidement en mettant sur pied une norme marocaine des fluides médicaux.
Une telle norme offre l’avantage de disposer d’un référentiel en matière d’importations des gaz médicaux, notamment le Protoxyde d’azote qui se font aujourd’hui en dehors de tout contrôle“. Les industriels des gaz médicaux se trouvent interpellés à leur tour par cette affaire sérieuse. Il est urgent que le silence observé jusqu’ici à ce sujet soit rompu.

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