SociétéUne

Autiste… différent comme vous

© D.R

De nombreuses familles se retrouvent livrées à elles-mêmes

A quelques semaines de la journée mondiale de l’autisme, la situation des personnes souffrant de ce trouble mystérieux reste alarmante. Malgré la mobilisation de la société civile, les journées et les campagnes de sensibilisation, les autistes souffrent toujours d’une grande marginalisation, de déscolarisation et d’absence de structure de prises en charge. Il s’agit en fait d’un trouble sévère de développement cérébral. Si les causes restent toujours mystérieuses, l’autisme se développe d’une manière fulgurante dans le monde. Aujourd’hui, la prévalence de ce trouble de développement est estimée à une naissance sur 100. Au Maroc et en l’absence de chiffres officiels, le nombre de personnes autistes serait entre 338.000 et 563.000. Les premiers signes de l’autisme peuvent être visibles très tôt comme l’explique la psychomotricienne Meryem Bousfiha : «Si on a l’œil observateur, on peut remarquer que l’enfant présente quelques signes d’autisme à partir des premiers mois de sa vie. Lors de l’allaitement maternel par exemple, on voit que le bébé n’a pas d’interaction avec la maman, il ne la regarde pas et ne se tourne pas à l’appel. Quand il commence à jouer, l’enfant aura des jeux atypiques. Il n’est pas en lien avec autrui, il est dans l’isolement, il fuit le contact visuel. Parmi les signes qui interpellent les parents c’est le retard du langage ainsi que la bizarrerie dans les mouvements. L’enfant allait battre des mains comme s’il va voler. Ce sont des symptômes qui durent dans le temps et qui sont récurrents. Tous les enfants qui présentent l’un ou plusieurs de ces signes ne sont pas forcément autistes. Seul un pédopsychiatre peut faire le bon diagnostic. Pour cela j’insiste sur la prise en charge précoce. Plus on diagnostique rapidement l’autisme, plus le patient aura des chances pour s’adapter, gérer ses émotions et développer son autonomie».

L’autisme se caractérise donc par trois éléments, notamment le trouble de la communication, la perturbation des relations sociales et les troubles du comportement. Ce sont justement ces éléments qui ont poussé Fatima à s’inquiéter pour son fils. «Comme tous les parents, nous avons attendu avec impatience les premiers mots de notre bébé, des mots qui ont trop tardé à se faire entendre. À l’âge de 4 ans, il prononçait des sons monotones et répétait des mots incompris. Il ne supportait pas le bruit et fuyait le regard des autres. Nous avons fait le tour des médecins qui ont confirmé qu’il allait finir par parler. On a dû voir un pédopsychiatre à Casablanca qui a confirmé son autisme», se lamente Fatima en ajoutant: «Après le choc, nous nous sommes rendu compte du manque cruel des structures mais surtout le coût élevé des séances pour la prise en charge des enfants autistes».

Comme cette maman, de nombreuses familles se retrouvent livrées à elles mêmes. Elles sont mal orientées, exploitées et inégales face à la prise en charge. Seules les familles aisées peuvent se permettre ce luxe. Pire encore, la majorité des enfants autistes se trouve obligée de quitter les bancs de l’école comme c’est le cas de Yassine. «Mon fils est déscolarisé à l’âge de 11 ans. Aucune école n’a accepté de l’accueillir soi-disant parce qu’ils n’ont pas de place. Une seule école a accepté de lui passer le test d’accès avec la condition qu’il soit accompagné d’une auxiliaire de vie scolaire, mais je n’ai pas les moyens de payer les frais de scolarité, les frais de l’auxiliaire et des séances chez l’orthophoniste. Pour cela, j’étais obligée de garder mon enfant à la maison, ce qui aggrave sa situation. C’est vraiment injuste !».

Certes, la société civile se mobilise pour sensibiliser et lever le voile sur ce trouble mystérieux. Plusieurs associations luttent pour aider les enfants à s’épanouir et devenir autonomes mais le chemin est bien loin pour que la situation des autistes s’améliore.

Articles similaires

SociétéUne

Dialogue social : Le Chef du gouvernement reçoit une délégation de la CDT

Le Chef du gouvernement, M. Aziz Akhannouch a reçu, vendredi 29 mars...

ActualitéUne

3 Milliards de Dhs d’investissements et 2500 emplois, les détails d’un projet d’usine de cathodes pour véhicules électriques

Mobilité électrique. Le Maroc continue d’attirer les investissements étrangers dans le domaine...