Société

Ba Driss : un époux récidiviste

© D.R

Si Jacques Martin conduisait encore ses vieilles émissions, l’histoire de Ba Driss aurait volé la vedette à toutes les curiosités d’«Incroyable mais vrai». Ba Driss est né selon l’acte d’état civil en 1937, mais à le croire, il y a erreur. Il était venu au monde dix ans auparavant, dans un petit bled de la banlieue de Taza appelé douar Lemrabite. Aujourd’hui, Ba Driss est âgé de 76 ans selon ses propres calculs. Il se porte très bien et jouit d’une bonne santé. Une apparence qui cache une histoire personnelle aux tournures aussi rocambolesques que stupéfiantes, marquée de façon presque ponctuelle par les décès successifs des femmes qu’il a épousées et de nouvelles naissances, qui allait prendre un caractère massif, au moment où Ba Driss était le plus avancé dans l’âge. Un rappel s’impose. En 1965 et en bon musulman, Ba Driss s’était marié avec une femme de son bled. Un an après, elle meurt. Personne ne saura la cause du décès. Allah en a voulu ainsi. Quelques mois après le décès de son épouse, il se remarie avec une autre femme toujours du même douar. Comme à la bonne vieille tradition, cette union s’est traduite, exactement neuf mois après par la naissance d’un premier enfant. Peu de temps après la naissance du bambin, la seconde épouse trépasse. Encore une fois, personne n’est capable de déterminer les causes de la mort. Incapable d’assumer la lourde responsabilité de prendre en charge l’éducation et l’entretien de son enfant, Ba Driss n’y va pas par trois chemins. Il décide de se marier pour une troisième fois. Dans la vie, comme dans la mort. On s’y sera habitué, la nouvelle épouse meurt et le pourquoi du décès demeure, naturellement, méconnu. Plus Ba Driss s’acharne à vouloir mener une vie de famille «normale», plus le destin en décide autrement, suscitant au passage, et au sein des habitants du douar, une vague de rumeurs. Les bruits qui courent autour de Ba Driss ne manquent surtout pas de susciter un état qui a tout d’une véritable panique au sein de la gente féminine du douar. L’incompréhension, voire le signe indien qui poursuivait Ba Driss derrière chacun de ses mariages a même provoqué une position unanime des femmes de ce petit bled. Les filles de Douar Lemrabite se mettent d’accord entre elles et prennent la décision de ne pas s’unir à lui en cas de demande mariage. Deux tentatives de mariage entamées par Ba Driss se sont d’ailleurs soldées par un cuisant échec. A chaque fois, sa demande s’est vue opposer un niet total, aussi bien de la part des parents et que des filles elles-mêmes. Une position qui, aussi ferme qu’elle puisse être, n’a pas eu raison de la détermination de l’infatigable Ba Driss. Vingt ans après, et comme si espérant que la chance allait lui sourire enfin, ce dernier se pointe chez les parents de Lalla Lghalia, une jeune fille du douar, âgée de vingt-cinq ans. Celle-ci veut bien de lui. Une fois n’est pas coutume, elle n’y laisse pas sa vie. Bien au contraire. Ce dernier mariage s’est rapidement mu en une véritable fabrique de bambins. Pendant que tous les habitants attendaient, non sans suspense, l’annonce de sa mort, l’épouse tombe enceinte et accouche, en 1994, d’une petite fille qui portera le nom de Aziza. Avant la fin de l’année, une autre naissance fleurit le foyer de Ba Driss. En somme, la période allant de 1994 à 2001 s’est traduite par sept naissances : quatre garçons et trois filles, avec une moyenne de d’un nouveau-né par un peu moins d’une année. Une prouesse. Ce n’est qu’alors que Ba Driss se comporte en personne raisonnable et intègre, enfin, la notion de planification familiale. Il arrête de se reproduire! Mais il est déjà trop tard. Mieux que cela. On ne saurait dire par quel miracle Ba Driss a soudain, et à l’âge de 76 ans, retrouvé sa virilité et force d’antan. Lalla Lghalia tombe de nouveau enceinte. Cette fois, ce sera trois pour le prix d’un. Elle accouche de trois bébés à la fois. Mais Ba Driss n’a tout simplement pas les moyens de subvenir aux besoins de sa nombreuse famille. Qui en aurait? Désespéré, Ba Driss, accompagné de sa femme et de ses enfants jumeaux, a fait le déplacement à Rabat. Objet de la visite : demander de l’aide en improvisant un sit-in devant le Parlement. De l’aide, il en aura bien besoin.

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