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Badeiaa Falky Zaki : «Ce diplôme démocratisera la médecine esthétique pour le patient et pour le praticien»

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Entretien avec Badeiaa Falky Zaki, expert médecine morphologique et anti-âge, cofondatrice et coordinatrice du diplôme universitaire «Lasers médicaux à visée esthétique»

ALM : La première promotion du diplôme universitaire «lasers médicaux à visée esthétique» vient de voir le jour. Comment est née l’idée de mettre en place ce diplôme universitaire ?

Badeiaa Falky Zaki : Il faut tout d’abord souligner qu’il s’agit du premier diplôme en son genre au niveau de notre continent. Un rêve qui ne pouvait se concrétiser sans l’engagement et le dévouement de tout un arsenal pédagogique, à sa tête le professeur Badreddine Hassam, chef du service de dermatologie à l’hôpital Avicenne de Rabat et directeur de ce diplôme. Il s’agit d’un diplôme universitaire, de deux ans, accrédité par la Faculté de médecine et la présidence de l’enseignement au niveau de Rabat. Étant cofondatrice et coordinatrice de cette formation, j’ambitionne à travers ce diplôme de démocratiser la médecine esthétique aussi bien pour le patient que pour le praticien. La finalité étant de développer cette discipline et répondre à la demande croissante des soins par le laser de manière adaptée et scientifique, et ce en développant la connaissance, la législation et l’import des produits qu’il faut. De plus, nous avons au niveau national des sommités prêtes à partager ce savoir-faire. Nous disposons également de moyens nécessaires pour ramener des missionnaires sur place. Du coup, rien ne justifie que l’on se déplace à l’étranger pour suivre une telle formation sans parler du coût exorbitant que peuvent engendrer des déplacements pareils. Au Maroc, ce diplôme coûte dans sa globalité 30.000 dirhams à raison de 15.000 dirhams par an. Ce sont les frais de scolarité destinés à couvrir les frais de déplacements, logement et honoraires des intervenants locaux et internationaux.

Quels sont les échos recueillis de cette expérience pionnière ?

Nous connaissons un grand engouement aussi bien de la part des praticiens marocains que maghrébins. Nous comptons parmi nous des médecins issus d’Algérie et de Tunisie. De même, nous avons été sollicités par la Mauritanie et le Sénégal pour partager cette expérience. Notons que la première promotion compte 70 lauréats au moment où 70 autres sont actuellement en 2ème année. Nous avons même lancé la troisième promotion, ce qui explique l’intérêt grandissant que portent les médecins à cette discipline. C’est une médecine qui appartient à toutes les spécialités. D’ailleurs au niveau de notre diplôme nous avons des réanimateurs, des ophtalmologues, des endocrinologues, des dermatologues, des plasticiens, des maxillo-faciaux et autres.

Sur quoi porte cette discipline ?

Nous formons les médecins aux lasers médicaux et aux techniques de médecine esthétique pouvant être associées au laser  ou pratiquées seules. Chose qui ne nous était pas accessible dans le passé. Auparavant, rares étaient les médecins à suivre des cours en la matière. Il faut dire que parmi les premiers praticiens à pratiquer le laser, nombreux qui le faisaient sans diplôme, mais plutôt en ayant juste assisté à des ateliers. Certes, nous sommes médecins dans la mesure où nous pouvons gérer toutes les contre-indications et complications, mais pour plus d’efficacité il faut quand même suivre des études et connaître davantage cette pratique. Le fait de maîtriser cette pratique garantit plus de sécurité et d’efficacité pour le patient et à moindre coût. Par exemple pour l’épilation permanente, on préconisait avant de nombreuses séances pour le patient. Grâce à la formation, nous pouvons exercer la même pratique avec un minimum de séances et un bon rendu. Il existe aujourd’hui tout un écosystème scientifique profitable à la fois pour le médecin et le patient qui est de plus en plus en sécurité.

Les gens ont toujours tendance à lier le laser aux soins esthétiques mais ils ignorent qu’il a une portée curative et sociale indéniable. Que pouvez-vous nous dire à ce propos ?

En effet, le laser est à la fois à visée esthétique et curative. Nous l’utilisons aujourd’hui pour traiter les fuites urinaires, le rajeunissement vaginal ainsi que pour d’autres fins chirurgicales. Sa portée sociale réside dans le fait qu’il traite des préjudices qui ont un lourd impact psychologique. Prenons pour exemple quelqu’un qui a longtemps été stigmatisé pour une cicatrice au niveau du visage ou encore une personne tatouée qui désire intégrer les Forces armées royales. Nombreux sont les cas auxquels nous pouvons intervenir pour réparer les séquelles psychiques avant les séquelles physiques favorisant ainsi l’intégration sociale des patients.

Qu’en est-il du coût de ces prestations ?

Les prix varient selon les interventions. Le volet esthétique reste relativement cher et ce en fonction des zones à traiter et leur nombre. Ce qu’il faut préciser, c’est que le laser est avant tout du consommable. A la base, le prix des appareils de haute performance démarre à 850.000 dirhams. Les lampes consommables, quant à elles, peuvent coûter jusqu’à 45.000 dirhams, sans parler des contrats de maintenance qui peuvent atteindre jusqu’à 65.000 dirhams par appareil. Ce qui explique le coût des séances. N’empêche que nombreux, parmi nous participent  aux actions sociales avec qui leurs lasers.

Les traitements par laser sont-ils remboursables ?

Au niveau international, certains actes esthétiques ayant un retentissement psychologique sont remboursés par la sécurité sociale. Certaines associations étrangères interviennent même gratuitement pour détatouer les jeunes et les intégrer dans la société. Cependant, aucun traitement de laser n’est à ce jour remboursable au Maroc. Même les interventions chirurgicales ne le sont pas à ma connaissance.

En tant que praticiens, vous ne plaidez pas à pour ces soins soient reconnus et remboursables ?

On aimerait bien, mais nous commençons à peine à nous organiser. Nous avons une association qui comprend 900 médecins dont 40% exercent  le laser en parallèle à d’autres spécialités. Je dirais même que nous sommes une vingtaine de médecins au Maroc à faire exclusivement de l’esthétique. Les autres l’exercent en parallèle avec leur spécialité ou avec la médecine générale. Un syndicat de médecins laseristes est en cours de création. Parmi ses objectifs figure éventuellement la reconnaissance par la mutuelle de certains actes qui ne sont pas purement esthétiques mais qui portent atteinte à la vie sociale et personnelle du patient. Rappelons qu’à notre niveau et en tant que praticiens, nous avons pu négocier avec une assurance pour notre responsabilité. Reste maintenant à pouvoir faire la même chose pour les patients avec la mutuelle, la CNSS… afin qu’ils puissent être remboursés.

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