Société

Bilan du CRI de Casablanca

© D.R

Thami Ghorfi : Monsieur Jamai, je voudrais tout d’abord que vous nous rappeliez les missions des Centres régionaux d’investissement et en particulier, celui du Grand Casablanca.
Mouâd Jamaï : Les centres régionaux d’investissement qui ont été créés sous la lettre royale du 9 janvier 2002, ont commencé leur activité en août 2002 de la même année ; le premier étant celui de Casablanca. Deux principales missions leur sont attribuées :
1. la première est l’assistance au niveau de la création d’entreprises ;
2. la seconde concerne l’accompagnement des investisseurs au niveau de leurs formalités et de leur installation.

Quel bilan faîtes-vous actuellement de votre activité ?
M.J. : Nous sommes un organe extrêmement jeune parce qu’un an et demi est à peine suffisant pour s’installer. Le bilan est positif sur le plan «création d’entreprises». Grâce à la collaboration de l’ensemble des administrations, nous sommes passés d’un délai de 5 semaines à 48 heures pour créer une entreprise et bientôt à quelques minutes pour faire une création en ligne d’une entreprise. Je pense que c’est une excellente prouesse que de pouvoir, dans le cadre de la simplification, passer de quelques semaines à quelques heures.
Est-il possible de faire preuve de contagion dans votre environnement, pour faire en sorte qu’il y ait moins de bureaucratie dans d’autres administrations qui sont plus lentes?
M.J. :Je pense qu’il y a déjà une émulation positive et d’autres cas sont là pour démontrer qu’il y a une dynamique et une rupture positive au niveau de l’administration et je pense que l’on va pouvoir faire tache d’huile.
Quel bilan faîtes-vous sur le plan quantitatif?
M.J. : Aujourd’hui, il y a deux voies, que je compare à la route nationale et l’autoroute, pour créer une entreprise . Ceux qui veulent l’autoroute gratuite viennent chez nous, ceux qui veulent emprunter la voie nationale, ont toujours la possibilité de le faire. Mais à notre niveau, pour l’année 2003, nous avons fait plus de 4000 intentions de création, c’est-à-dire des certificats négatifs, et à peu près 1800 créations dont 60% des SARL. C’est un bilan positif pour une année. Nous constatons aussi que le 1er trimestre 2004 a connu une amélioration de 20% par rapport à l’année dernière.
Vous avez une idée du budget moyen d’investissement pour ces projets ?
M.J. : 250 projets sont initiés au niveau du Centre régional d’investissement avec des budgets moyens et 100.000 créations d’emplois éventuelles.
Est-ce que vous avez dans vos missions une responsabilité à éveiller des créateurs d’entreprise qui sommeillent en nous ?
M.J. : Hélas, cette faculté est très dormante chez nous. Nous avons constaté chez les ingénieurs qui sont les fleurons de notre jeunesse que très peu d’entre eux souhaiteraient créer leur propre entreprise. Je pense que c’est un problème éducationnel et notre objectif cette année est d’inciter les gens, jeunes et moins jeunes, à créer leur entreprise. Pour y parvenir, nous sommes en cours de mise en place d’une batterie de réformes, notamment des encouragements pour les créateurs d’entreprises et surtout aller à la rencontre des étudiants dans les écoles pour les inciter à créer plus d’entreprises.
Quel est votre avis au sujet des difficultés de post-création d’entreprises qui font que par moment l’acte d’entreprendre peut être passionnant mais aussi un acte pénible?
M.J. : Concrètement, nous avons une mission d’accompagnement des investisseurs mais pas tous les investisseurs qui sont en difficulté. Il ne faut pas seulement s’intéresser aux créations qui passent par le centre mais à l’ensemble des investissements qui sont mis en place. Je vous signale que nous ne sommes pas le seul organe qui agit au niveau de la mise à niveau et de l’accompagnement des investisseurs. En ce qui nous concerne, nos moyens modestes ne nous permettent pas de faire le suivi de l’ensemble des investisseurs mais nous sommes en train de résoudre un nombre important de différends entre les administrations et les investisseurs en question.
Etes-vous orienté seulement vers les investisseurs nationaux ?
M.J. : Si j’avais une priorité à émettre, ce sont les investisseurs nationaux, petits et grands. Mais il est aussi très important d’accorder une importance particulière aux investissements étrangers et je pourrais vous dire que le Maroc et la région de Casablanca sont extrêmement attrayants. Pour preuve, je prendrai comme exemple, France Expo qui s’est tenu la semaine dernière et auquel ont participé 360 entreprises françaises. C’est une première et il paraît que c’est la plus grande manifestation hors de France. Ce qui m’intéresse d’une façon particulière, ce sont les petits investisseurs, les PME/PMI françaises qui ont investi de leur temps et de leur argent pour venir au Maroc et à Casablanca. Je pense que c’est un excellent symbole d’espoir pour notre région.
Ce sont des gens qui sont venus voir les opportunités de marché pour vendre leurs produits, trouver des débouchés ou prospecter des possibilités d’investissement ?
M.J. : Pour les avoir rencontrés, je pense qu’il y a de tout. Il y a des gens qui cherchent des partenariats, pour ne pas dire des délocalisations à travers notre région. La mise en place des 35 heures et tout ce qui va avec au niveau de la France a fait en sorte qu’un certain nombre d’investisseurs cherchent à fabriquer à moindre coût. Le Maroc représente une opportunité pour ces gens aussi bien par la proximité vis-à-vis de l’Europe que par les facilités de langue que nous offrons.
Une fois l’entreprise créée, celle-ci a besoin de fonds pour investir et se développer. Est-ce que vous avez des prestations ou des services pour accompagner ces entreprises à chercher des fonds, sachant que le système bancaire n’est pas toujours facile d’usage pour les PME/PMI ?
M.J. : Je pense que le changement de mentalité qui est en train de s’opérer concerne aussi les banquiers. Nous avons constaté une dynamique extrêmement positive à cet égard et c’est avec les banques de la place que nous travaillons pour qu’il y ait un accès plus facile au système bancaire marocain.
Depuis quelques temps nous avons un nouveau président du conseil de la ville de Casablanca, que l’on appelle le maire de Casablanca, qui est associé à l’autorité de la ville, le wali, et qui ont un grand projet pour la ville de Casablanca. Je voudrais vous demander si cette association vous facilite la tâche pour vendre mieux Casablanca en tant que label ?
M.J. : wali en arabe veut dire le père dans la langue française et nous avons donc le père et le maire. Je suis extrêmement heureux de savoir que le wali et le maire de Casablanca parlent le même langage avec une vision commune qui est en train de se tracer. Les grands chantiers ont été attaqués, à savoir l’assainissement, le transport et l’éclairage et aujourd’hui, cela nous facilite beaucoup plus la tâche. J’ai même une nouvelle extrêmement importante à annoncer dans le cadre de la simplification des procédures de création d’entreprises opérée au niveau de notre centre. En effet, un immeuble verra le jour dans les quelques semaines à venir et sera consacré à l’ensemble des autorisations concernant les personnes morales. Ce qui signifie qu’on aura un seul interlocuteur quels que soient les types d’autorisations.
Casablanca a connu quelques blocages sur le plan économique notamment l’agence urbaine qui a provoqué quelques flottements pour les investisseurs dans le secteur immobilier et par ricochet tous ceux qui attendent leurs bâtiments. Est-ce que la visibilité est meilleure aujourd’hui ?
M.J. : Je ne parlerais pas de flottement mais de restructuration tout à fait normale. Sachez que Casablanca et le Maroc en entier ont vécu des évènements par cascades. Nous avons un changement sur le plan humain, une restructuration de l’agence urbaine et une restructuration de la ville avec l’unité de la ville. Casablanca a connu également l’arrivée de nouveaux responsables. En fait, nous avons reculé pour mieux sauter et aujourd’hui la dynamique est là et tous les blocages sont derrière nous.

Prochain rendez-vous le 29 mars 2004
Cette émission sera rediffusée ce soir à 22h00 sur les ondes de Médi 1

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