Société

Btissam Daoudi : «Il faut que l’élève apprenne qu’il est maître de son corps»

© D.R

ALM : Comment évaluez-vous le niveau de l’éducation sexuelle dans l’école marocaine ?
Btissam Daoudi :  Il n’y a pas une véritable pédagogie de l’éducation sexuelle dans l’école marocaine. Quand on parle d’éducation sexuelle, il faut comprendre qu’il ne s’agit pas d’apprendre le sexe aux enfants. Il est question de leur transmettre un message basé sur des données scientifiques concernant l’appareil génital des deux sexes et l’évolution du corps de la puberté à la ménopause ou l’andropause. Il faut que l’élève apprenne qu’il est maître de son corps et que personne n’a le droit d’en disposer à sa guise, ou de l’obliger à faire quelque chose. Par là on apprend à l’enfant à devenir responsable de son corps. Acquérir ce sens de responsabilité c’est avoir une prévention correcte que ce soit contre les infections sexuellement transmissibles ou contre les agressions et les abus sexuels. Ainsi, le sexe ne sera plus quelque chose d’énigmatique pour l’enfant. Il osera en parler. Parler de sexe au Maroc est du ressort du  «hchouma», du tabou.

Comment peut-on aborder la question de la sexualité avec les enfants ?
Il faut être en mesure de banaliser le fait de parler de sexualité. Si l’enfant a reçu cette éducation d’une façon claire et sans ambiguïté, on réduira bon nombre de problèmes. Mais cette éducation doit répondre aux normes de la société marocaine et à la religion musulmane. Il faut aussi parler en fonction de l’âge de l’enfant, en tenant  compte de l’élaboration de tout un programme d’Éducation. Le ministère de l’éducation sensibilise les élèves sur les IST, la reproduction et les moyens de contraceptions… Mais il faudrait aussi enseigner et expliquer les lois qui protègent contre les abus sexuels, la pédophilie et parler de la prostitution, de l’inceste… il faut libérer les esprits. Il sera plus question d’une éducation à la santé sexuelle que des cours de sexualité.

Comment doit-on enseigner cette discipline ?
Cette discipline doit être introduite à travers des modules, par exemple à la deuxième année du collège et à la première année du lycée, sachant que l’âge de la puberté au Maroc est de 12 ans chez la fille et de 14 ans chez le garçon. Sans oublier le fait que chaque âge a sa sexualité, il faut donc autant initier les parents.

Qu’en est–il de la formation des enseignants ?
Pour transmettre une éducation sexuelle, il faut que l’enseignant soit conscient de l’importance de ce sujet. On ne peut pas donner cette mission à un pédophile ou à un délinquant sexuel. Il faut que les enseignants soient aptes sur le plan pédagogique et social, qu’ils aient reçu une formation soutenue, notamment en techniques d’écoute, ainsi que tout ce qui a trait à la sexualité et la législation. Ce n’est pas une formation d’un ou deux mois, mais ce doit être une formation spécialisée par rapport à chaque cycle de l’enseignement. Il faut aussi que ces enseignants aient une certaine expérience dans le domaine de l’animation des jeunes, les séances ne doivent pas prendre l’aspect d’un discours ou d’un cours sur la reproduction ou la sexualité. Il s’agit d’organiser un espace de dialogue et de débat. Le rôle de l’enseignant, c’est de permettre aux jeunes de réfléchir, de s’exprimer à propos du sujet tout en leur faisant comprendre les limites nécessaires entre ce qui ne peut  pas se dire de leur intimité et qui relève de l’espace privé et ce qui peut être questionné sur la santé sexuelle dans un espace public. Aussi l’enseignant doit être capable d’entendre leurs questions et de transmettre les informations de façon claire et précise tout en respectant la confidentialité, s’appuyant sur les valeurs humaines et se référant aux lois en vigueurs au Maroc.

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