Société

Bunker de Staline : des marocains sur le front

© D.R

"Staline, réveille-toi ! ils sont devenus fous", s’est écrié, la voix nouée par l’émotion, Tariq Kabbage maire socialiste d’Agadir lorsqu’il a appris que le bunker de Joseph Staline (1879-1953) visité par des membres de la délégation marocaine qui a participé au Mitt 2006 (Salon du tourisme), est devenu autre chose qu’un musée dédié à sa mémoire. Un lieu de détente ouvert pour des soirées privées à des groupes touristiques étrangers triés sur le volet. Tout autour du souterrain, situé dans un quartier  reculé de la capitale, une escouade d’agents de sécurité bien baraqués monte la garde.  
Ironie du sort, le capitalisme, que Staline le communiste a passé sa vie à combattre, est passé aussi par là!
Ainsi en ont décidé, il y a trois ans, les autorités russes qui l’ont donné officiellement en concession à une société à capitaux arabes. En fait, la pompe à fric se trouve essentiellement dans un complexe commercial attenant au bunker composé de près de 4.000 boutiques louées entre 8.000 et 9.000 Dollars US par mois. 
Décorés par S.M le Roi Mohammed VI lors de sa visite en Russie en 2002, deux jeunes ressortissants marocains de Khénifra, les frères Rachid et Karim Elaarabi (le premier exhibe une carte de visite de président de Dar Al Maghrib à Moscou), installés depuis plus d’une décennie en Russie, se disent associés dans ce projet dont ils parlent avec une fierté à peine dissimulée. Majestueux, l’endroit est effectivement chargé d’histoire surtout qu’une partie des objets et effets personnels de celui qui fut surnommé le “petit père des peuples“ est toujours exposée au regard du visiteur : portraits, jumelles, uniformes… Le bureau de Staline en bois massif où sont posés sa pipe et ses trois appareils téléphoniques noirs de l’époque. Dans un coin bien éclairé, trône sa statue de couleur blanche immaculée et presque au milieu de la salle le jeu de stratégie préféré de l’ex-maître des céans : le Mom que l’on joue à quatre. Construit sur une superficie de 146.000 m2 entre 1934 et 1939, composé d’autres dépendances dont une multitude de chambres, un sauna, une piscine et un passage souterrain qui mène directement au Kremlin, le bunker  abrita également une véritable artillerie de guerre constituée de 150 tanks.“C’est cette grande force de dissuasion, capable  de se déployer en plein centre de Moscou en moins de trois minutes, qui  permit de repousser l’armée nazie, qui envahit Moscou en 1941, au-delà des frontières de la capitale“, explique fièrement une guide russe.
Habillés comme des jet-setteurs, droits dans leurs bottes, les deux frères Elaarabi sont comme un poisson dans l’eau aussi bien dans “leur“ forteresse qu’à Moscou. Le cadet, Karim, fait état de la bagatelle de 55 millions de Dollars comme prix de concession de l’ancien quartier général de Staline qui appartient toujours au ministère de la Défense russe. Plus impressionnant encore dans ce décor ex-communiste, la salle de réunion de Staline et de ses proches collaborateurs dont certaines parties ont subi quelques réaménagements pour la mettre dans l’esprit de l’époque actuelle.
Témoin de la culture du secret érigée en obsession par Staline, une espèce de cercle bien détaché  au milieu de la salle autour duquel se réunissent en position debout Staline et son équipe. Ce cercle produit une résonance qui a ceci d’ingénieux qu’il ne permet pas à ceux qui sont au-delà du premier cercle de capter ne serait-ce qu’une bribe des paroles de Staline. Vestige d’une époque révolue, le drapeau de l’ex-URSS est encore visible dans un coin. Plus loin, deux statues, l’une montrant un homme russe enlaçant affectueusement une femme et l’autre deux militaires en train de discuter. Si Staline savait…

DNES à Moscou

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