Société

Calvaire d’une mère célibataire

Le 4 janvier 2003, Hanane, âgée de vingt ans, donne naissance à un enfant de sexe féminin, dans la région d’Oujda. Le nouveau-né porte désormais le prénom de « Asmaâ ». L’information pourrait être, tout à fait, normale, sauf que le bébé est fait d’une relation extraconjugale. Il n’a pas de nom de famille. Il ne peut pas être inscrit sur le registre de l’état civil. Le petit innocent, sans aucune faute de sa part, est ainsi né du bon côté de la marge.
Le problème se complique davantage lorsqu’on apprend que sa mère Hanane est également une enfant naturelle. Elle a été adoptée par une autre femme dans la région. Cette femme lui apprend, quelques semaines avant sa mort, que sa mère biologique l’a abandonnée juste après sa naissance. Elle l’a prise en charge et l’a élevée comme sa propre fille et sans qu’elle ne se rende compte de sa réalité. Mais l’adoption a été effectuée sans papier et sans passer par la procédure qui était de mise avant la réforme de l’état civil l’année dernière. Formule que les Associations actives dans ce domaine appellent « adoption sauvage ». Résultat. La mère n’est pas inscrite sur l’état civil. Elle donne un enfant qui, à son tour, ne peut être inscrit sur l’état civil. En d’autres termes, Hanane est une fille d’une mère célibataire.
Elle devient, à son tour, et à un jeune âge, mère célibataire. Le sort de cet enfant ? La question interpelle à plus d’un titre. Comment pourrait-il être adopté ? Et au cas où aucune famille ne le prend en charge, quelle serait sa destinée? Sa mère continue d’endurer silencieusement des souffrances inhumaines, sous toutes les formes.
Et dans notre société, le fait de faire un enfant d’une relation extraconjugale suffirait à s’attirer toutes les foudres. Induites en erreur ou séduites, ignorantes ou conscientes, violentées ou complaisantes, elles sont des mères célibataires. Les souffrances se multiplient lorsqu’elles pensent à sauver l’enfant-né et échapper aux poursuites de la justice et à l’indignation de l’entourage. Livrer son enfant à une famille pour le prendre en charge dans le cadre de la « Kafala », la procédure relève du parcours de combattant. Selon les procédures, la famille désirant « adopter » cet enfant est appelée à déposer une demande auprès du juge chargé de l’authentification. Celui-ci ordonne à la police d’effectuer une enquête pour savoir si la famille demandeuse dispose des moyens nécessaires pour la prise en charge de l’enfant en question. Ensuite, une fois l’enquête montre que la famille ait cet enfant, le juge leur livre l’acquiescement pour une première inscription chez les « Adouls ». Arrive, enfin, l’étape cruciale, celle du livret de l’état civil. Aujourd’hui, après la réforme de l’état civil, notamment l’article 16 l’année dernière, l’enfant naturel portera le nom de famille du père qui l’adopte. Mais, encore faut-il trouver cette famille qui adoptera l’enfant pour le sauver ? Le sort de Asmaâ, si elle n’est pas adoptée, ne serait pas différent de celui de sa mère.

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