Société

«Ce n’est pas une militante des droits de l’Homme»

© D.R

ALM : Vous venez de saisir par lettre Robert Bret, au sujet de l’invitation au Sénat français de la dénommée Aminatou Haïdar. Pourriez-vous nous révéler la teneur de cette lettre ?
Lahcen Mahraoui : Dans cette lettre, j’ai dit à monsieur Robert Bret qu’il est de son droit de recevoir Madame Haïdar en tant que personne, tout comme il est du droit de Mme Haïdar de le rencontrer. Toutefois, il y a lieu de s’interroger sur la légitimité de cette dernière à se présenter auprès du Sénat français en tant que «militante des droits de l’Homme». Car c’est bien ainsi, semble-t-il, qu’elle ait été introduite. Dans les faits, le discours de Madame Haïdar est purement politique et sans aucune objectivité sur le Maroc.
Dans toutes ses prises de parole durant une tournée qui l’a conduite en Espagne, en Italie, aux Etats-Unis, et maintenant en France, Mme Haïdar fustige toutes les avancées du Maroc d’aujourd’hui, dans le domaine du droit humain, alors que tout le monde s’accorde à dire que c’est le pays arabo-musulman et africain qui a le plus avancé dans ce domaine.
Après la mise en place de l’Instance Equité et Réconciliation (IER), les dossiers de tous les prisonniers politiques, dont ceux des Sahraouis, ont été étudiés et des indemnités ont été versées à tous ceux qui ont souffert dans leur chair. Peu de pays ont su faire cette démarche sur leur passé, même si elle n’efface pas, il est vrai, la souffrance endurée.
Dernièrement, la grâce royale a été accordée à tous les prisonniers politiques sahraouis ; Mme Haïdar en a elle-même bénéficié. C’est ainsi qu’elle peut circuler librement aujourd’hui avec un passeport marocain, exprimer son point de vue là où elle le souhaite, sans être inquiétée, ni gênée, malgré ses discours sur le Maroc. Après cette tournée, elle rentrera au Maroc où elle réside.

En quoi le discours de cette séparatiste dérange-t-il ?
Si cette dame veut parler de la situation des droits de l’Homme, puisqu’elle se présente en tant que militante, et si elle se dit être concernée par la question sahraouie, pourquoi ne parle-t-elle pas des atteintes aux droits de l’Homme qu’ont subies les prisonniers civils et militaires dans les camps de Tindouf en Algérie ?  Peut-être que Mme Haïdar juge qu’il y a encore à faire dans le domaine des droits de l’Homme au Maroc, ce qui est peut-être vrai, et elle peut tout à fait s’exprimer à ce sujet. Mais ce qui est choquant, c’est qu’elle s’exprime couramment en tant que militante des droits de l’Homme en occultant toutefois la situation alarmante des populations sahraouies à Tindouf, et en soutenant au contraire ceux qui font perdurer cette situation. Pourquoi cette dame ne défend pas le droit de milliers de personnes encore entassées dans les camps de Tindouf pour obtenir leur liberté de mouvement et leur permettre de recevoir en intégralité l’aide octroyée par la communauté internationale ? Pourquoi Mme Haïdar ne s’exprime pas sur le détournement de cette aide humanitaire versée par les contribuables européens et sur les produits importés que l’on retrouve finalement mis en vente en contrebande dans le marché algérien permettant à ceux qui dirigent le Polisario depuis trente ans de s’enrichir ? Pourquoi Mme Haïdar ne défend pas les enfants qui, depuis leur jeune âge, ont été arrachés à leurs parents et sont restés sans aucun contact avec leurs familles retenues sur l’Ile de la jeunesse à Cuba pendant 10, 15 et même 20 ans ? Certains de ces enfants sont devenus adultes et commencent à livrer leurs témoignages sur ce qu’ils appellent eux-mêmes le «kidnapping international de la fin du XXème siècle». Comment ces enfants peuvent-ils encore être emmenés par bateaux entiers d’un continent à l’autre sans papiers pour subir un endoctrinement à la cubaine, loin de leurs familles.

Votre initiative peut-elle faire plier un sénateur connu pour ses positions ouvertement hostiles à l’intégrité territoriale du Royaume ?
Je connais, certes, les positions de ce sénateur à l’égard de notre intégrité territoriale. Mais je dois quand même lui rappeler que, pour Mme Haïdar, s’afficher comme «militante des droits de l’Homme», c’est malheureusement le moyen de se positionner comme «opposante» au Maroc, faire parler de soi et de passer pour une héroïne à la radio du Polisario, de s’afficher sur le site Internet et de se créer une notoriété.
Grâce à cette notoriété, elle peut ensuite être invitée ou se faire recevoir en de nombreux lieux, sous l’image erronée de militante des droits de l’Homme, pour finalement laisser libre cours à ce qu’elle a sur le cœur et laisser parler son militantisme politique pro-Polisario.
A monsieur le sénateur, je dois également dire que je regrette que, dans une institution comme le Sénat, dans un pays de droit comme la France, on puisse réussir à se faire passer pour ce que l’on n’est pas et obtenir à ce titre des contacts avec des personnes qui pourront ensuite s’exprimer dans la sphère politique et toucher ensuite le grand public, sans avoir eu de fait une information préalable réelle.
Un point objectif sur le conflit au Sahara lui permettrait d’être éclairé sur la situation et l’aiderait en tant qu’homme politique à prendre position. Le problème sahraoui est politique, ce n’est ni Mme Haïdar ni Ali Salem Tamek qui ne vont le résoudre. Cette situation a déjà duré trente ans, elle est la conséquence d’un contexte lié à la guerre froide.

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