En critiquant la manière dont les formations sont dispensées aux futurs cadres, le professeur Robert Papin du HEC a fait sensation, le 8 décembre, lors de la clôture des Intégrales de l’investissement. Pour cet ancien de Stanford, les Marocains ne doivent pas reproduire les schémas obsolètes de l’Europe.
Les écoles doivent de plus en plus prendre compte de la dimension humaine et sociale vu qu’un manager ne résout pas les problèmes de son entreprise par la connaissance, mais globalement en s’appuyant sur les compétences de ses collaborateurs. «Aujourd’hui encore, l’on continue à privilégier les critères d’acquisition de connaissance. Dans les écoles de management, on classe les enseignants suivant le volume de leurs recherches et de leurs publications». Ce sont tous là, regrette le professeur, «des schémas du passé, des modes d’enseignement qui devaient être modifiés dès le choc pétrolier de 1973». Le manager de demain est celui qui est d’abord doté de qualités humaines, une bonne capacité de mobilisation et une agilité mentale à ne pas confondre avec l’agilité mathématique. Or, peu d’écoles supérieures et d’universités se penchent aujourd’hui sur ces aspects.
Ces écoles et ces centres de formation doivent, pour amorcer l’indispensable virage vers les tendances du marché, procéder à une analyse critique. En particulier, suggèrent les spécialistes présents aux Intégrales de l’investissement, ils doivent s’interroger sur la rentabilité d’un enseignement thématique lorsqu’il n’est pas appliqué sur le terrain. Avec une déperdition de 80%, le gap est terrible.
D’où la nouvelle tendance consistant en l’étude de cas et visant à imprégner les étudiants des problèmes vécus par les entreprises. Cette approche est d’autant plus importante que le manager de demain dispose d’une marge de manœuvre réduite. «Il y a 30 ans, commettre une erreur de management n’était pas un problème, les entreprises disposaient d’une marge suffisante pour se rattraper. Aujourd’hui, l’environnement concurrentiel rend tout erreur fatale», rappelle M. Papin. Pour le cas du Maroc, il est désormais indispensable de savoir que les grandes entreprises marocaines seront de moins en moins marocaines, vu les contraintes de la mondialisation et la concurrence de l’Inde et de la Chine.
L’adéquation de la formation avec les besoins des PME-PMI devient plus qu’une nécessité. Pour ces dernières, le défi est de survivre. C’est le carnet de route du futur manager, lequel doit évoluer dans un environnement où le management paternaliste ne permet plus de motiver durablement les collaborateurs. En la matière, les PME-PMI marocaines doivent «prendre les devants» pour ne pas vivre le scénario catastrophe du secteur des BTP en France dans les années 80. Autant dire que l’implication des entreprises dans la formation et l’encadrement des étudiants demeure une priorité.
Les qualités du parfait Manager
Diriger exige des qualités particulières. Les gourous du management sont, en effet, de plus en plus unanimes autour de l’idée que le management n’est pas que gestion technique. Le job de manager ferait, en fait, largement référence aux relations humaines complexes et non quantifiables. Le succès d’un dirigeant reposerait ainsi, de l’avis de tous, sur ses qualités de stratège, de meneur d’hommes et de gestionnaire financier. Pour ceux qui aiment les définitions, en voilà une : le management est à la fois art et science, faisant appel à des qualités innées, intuitives, personnelles, aussi bien qu’à un ensemble de connaissances théoriques. L’art de diriger est ainsi présenté comme une qualité, un savoir-faire non totalement codifiable. Les dirigeants performants sont ainsi des hommes et des femmes qui sont capables de rester ouverts sur le monde qui les entoure. Ils sont également capables de mobiliser leurs collaborateurs et de maîtriser quelques outils de gestion financière qui leur éviteront de perdre, en quelques instants, le fruit de toute une vie professionnelle.