Société

Comment sortir et ne plus sombrer dans la dépression

© D.R

Une tristesse qui dure au-delà de 15 jours avec des répercussions sur le sommeil, sur l’appétit, sur la concentration, sur les fonctions cognitives, sur l’attention, la vigilance… avec une grande fatigue physique, un dégoût de la vie, l’absence de projet, beaucoup de pessimisme, des pleurs et parfois des idées suicidaires, ce sont là les symptômes de la dépression, ce mal du siècle pour certains. Mais pour le Dr Driss Moussaoui, la dépression n’est pas ce mal du siècle qu’on ne cesse de nous décrire. «Cette maladie a toujours existé, on l’appelait «mélancolie», du temps d’Hippocrate, les médecins d’expression arabe comme Ibn Omran, Ibn Sina (Avicenne), Ibn Rochd (Averroès) l’utilisaient sous les dénominations : «malikhoulia» ou «sawdawia», indique Dr Moussaoui. Selon ce dernier, les origines de la dépression sont  de trois catégories : causes génétiques, causes dues à l’éducation, et puis d’autres liées à l’environnement. Et c’est la conjonction de ces trois facteurs qui aboutit à la dépression. Toujours d’après Dr Mouassaoui, la dépression est causée par un mauvais fonctionnement hormonal et ceci a un impact sur le cerveau. Ainsi c’est une maladie du cerveau, avec des atrophies de certains endroits du cerveau comme l’hippocampe, avec des lésions vasculaires, par des micro-vaisseaux qui éclatent, avec une diminution du nombre de synapses (connections entre neurones) par neurone… Et tout cela provient d’une hormone du stress, le cortisol, qui est très élevée dans le sang nuit et jour. Alors que chez une personne normale, le cortisol est élevé la journée et baisse la nuit pour que la personne puisse se reposer. Et selon l’OMS, une personne sur cinq fait une dépression un jour ou l’autre dans la vie. Et au Maroc, d’après les dernières études, une personne sur quatre est dépressive, et une personne sur deux a un problème psychique. «Mais ce chiffre n’est pas étonnant, c’est même une fréquence normale si on fait le parallèle avec les troubles somatiques», nous indique Dr Moussaoui. Et de poursuivre : «Un tiers des Marocains adultes a une hypertension artérielle. Les gens trouvent normal de tomber physiquement malade durant une année (rhume, angine, diarrhée…). Comment peut-on imaginer que le cerveau, l’organe le plus complexe qui soit, ne puisse pas tomber en panne d’une manière ou d’une autre, en dysfonctionnement une fois dans l’année, dans dix ans, ou dans la vie». Ainsi c’est cette perception de la personne dépressive dans la société qui pèse sur le malade. Partout dans le monde, les gens ont honte par rapport aux troubles psychiques. Les gens ne comprennent pas la personne atteinte de dépression. On la blâme et la culpabilise : «Qu’est-ce que tu as ? Qu’est-ce qu’il te faut ? Pourquoi es-tu comme ça ?». C’est comme si on demandait à un hypertendu: «Pourquoi as-tu une hypertension artérielle?». «La personne dépressive est comme une personne à terre qui ne peut pas se lever. La famille doit soutenir le malade, pas le bousculer. Elle doit l’aider à consulter», nous explique Dr Moussaoui. Mais comment guérir de la dépression? La réponse de notre psychiatre est qu’il faut des médicaments dans le cadre d’une bonne relation thérapeutique et une bonne écoute de la part du médecin pour sortir de cette dépression. Ceci bien qu’il y ait des personnes qui peuvent guérir spontanément au bout de six à huit mois. «Mais, cela peut laisser des séquelles. Et il y a un risque de récidive», averti le psychiatre. Pour ce dernier, la dépression est une maladie comme les autres. Un mal qui se soigne, «nous avons un taux de guérison de 80 %», indique-t-il. Et d’ajouter : «Mais, c’est un mal très destructeur, qui peut causer des divorces, perte de travail. Les dépressions les plus graves mènent au suicide. Le suicide est loin d’être rare au Maroc. On n’a pas de chiffre exact, parce que là aussi il y a du tabou». Selon les chiffres de l’OMS, en 30 ans, il y a eu 30 millions de suicides de par le monde ; en comparaison, le sida a fait 25 millions de morts sur la même période. Mais, le problème qui se pose au Maroc est qu’il n’ y a pas assez de psychiatres pour traiter le nombre de cas. Selon Dr Moussaoui, «en principe tous les médecins généralistes ont été préparés à diagnostiquer et traiter la dépression., mais malheureusement tous n’osent pas le faire. Et il est question de 20.000 médecins qui sont tous habilités à diagnostiquer et à traiter la dépression.

Les femmes plus dépressives que les hommes
Les maladies liées au stress et la prévalence de la dépression plus chez les femmes que les hommes. Cette conclusion a été révélée suite à une étude faite par le service de psychiatrie adulte des hôpitaux universitaires de Genève. Les expériences sur les rats révèlent que les femmes sont aussi plus vulnérables à d’autres maladies liées au stress, comme le syndrome de l’intestin irritable, le trouble de stress post-traumatique et d’autres troubles anxieux. «On l’appelle aussi le stress syndrome général d’adaptation», indique Alexandre Dayer, du Service de psychiatrie adulte des Hôpitaux universitaires de Genève, expliquant qu’ «il s’agit de la réaction de l’organisme face à une menace pour son intégrité ou son équilibre». Quant à Mirjam Christ-Crain, spécialiste des hormones du stress à l’Hôpital universitaire de Bâle, il précise que «le stimulus externe déclenche dans le corps une cascade de réactions, sur ce qu’on appelle l’axe du stress . Le pouls et la pression augmentent, ainsi que le niveau de glucose dans le sang, afin de pouvoir fournir plus d’énergie. Concentré sur cet effort, le corps réduit tout le reste: la libido, l’appétit, les défenses immunitaires». L’effet immunosuppresseur du stress, entre autres, est nocif à terme, car le prolongement des conditions d’excitation, comme une pression sanguine ou un niveau de sucre élevé, augmente les risques de diabète, d’obésité, de cholestérol et, enfin, de troubles cardiovasculaires, selon l’étude. En cas de stress chronique, la recherche d’un nouvel état d’équilibre va nécessiter une consommation de ressources énergétiques plus importante et peut conduire à une surcharge pour l’organisme, relève Alexandre Dayer, chercheur en neurosciences. Le prix à payer pour cette surcharge prolongée peut mener au burn-out et à la dépression. C’est au déclencheur de toute cette cascade de réactions que les scientifiques se sont intéressés faisant remarquer que la corticolibérine, une hormone secrétée par le cerveau, joue le rôle de chef d’orchestre. 

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