Société

Condamnation unanime

© D.R

Deux meurtres remuent la société marocaine. Deux projets du pire, visant à amputer le Maroc d’une communauté vieille de plus de 2000 ans. La nouvelle a sidéré une première fois, lorsque Albert Rebibo, un marchand de bois de 55 ans, a été assassiné par deux hommes masqués, alors qu’il baissait le rideau de sa boutique dans le marché Al Korea à Casablanca. Atteint par cinq balles, il est mort sur le coup. Contrairement à ce qui a été rapporté dans la presse, l’arme utilisée par les assassins n’est pas un 9 mm. Ce genre de pistolets a été saisi chez quelques membres de la Salafia Jihadia, notamment Mohamed El Nekkaoui. L’arme qui a détonné à Al Korea est en revanche un pistolet automatique, de type colt. Et pour preuve, les enquêteurs n’ont pas trouvé de douilles par terre. Les douilles sont en effet restées à l’intérieur du barillet. L’autre nouvelle sinistre est tombée le samedi. Elle a littéralement stupéfait l’ensemble du Maroc, en semant l’inquiétude parmi la communauté juive. Friat Elie Ben Abraham, également Marocain de confession juive, est mort samedi suite à des coups de poignard. Âgé d’environ 78 ans, ce dernier avait des démêlés avec certaines personnes . Plusieurs affaires le mettant en cause ont même été portées devant la justice. Ce qui pourrait laisser croire que son assassinat relève du règlement de compte. L’enquête au sujet de l’assassinat d’Albert Rebbibo n’épargne, quant à elle, aucune piste. Un avis de recherche concernant deux individus, Mohsine Bouarfa et Taoufiq El Hanouichi, est lancé depuis samedi. C’est la piste du terrorisme ! Les interrogatoires concernent toutefois également des Marocains de confession juive. Dans l’attente des suites de l’enquête, il est hasardeux de favoriser la piste terroriste. C’est pourtant celle qui hante les esprits. La coïncidence de dates entre deux meurtres prémédités de Juifs marocains est en effet troublante. Et le choc qu’elle a provoqué parmi la communauté juive est réel. Pour l’écrivain Edmond Amran El Maleh: « Ces événements sont d’autant plus dramatiques qu’ils ont une forte charge symbolique. Les assassins frappent ceux qui ont choisi de rester». Les Marocains qui n’ont pas été bernés par la propagande sioniste, qui ont dit non à la sommation de quitter leur pays, sont visés. Par quoi ? Un projet larvaire, une entreprise innommable, en vue justement d’en finir avec ce qu’on appelle « l’exception marocaine ». Ce projet est déjà relayé par une certaine presse étrangère qui titre sur « l’exode des Juifs du Maroc ». C’est le cas du quotidien espagnol « El Periodico » qui cite, dans son édition du lundi 15 septembre, des Juifs marocains déterminés à s’exiler. Ainsi, Paul Ebergel, directeur de l’école israélite de Casablanca qui explique que « les Juifs n’ont pas une vocation suicidaire. Nous allons donc partir ». Avant d’ajouter, sur un ton sentencieux, « le judaïsme au Maroc est une histoire qui va mourir ». Cet avis n’est pas partagé par Serge Berdugo, secrétaire-général du Conseil des communautés israélites du Maroc. Il comprend la panique qui s’est emparée de la communauté juive marocaine, suite à l’annonce du deuxième assassinat d’un citoyen marocain de confession juive. « Les gens sont sous le choc, mais ils sont réconfortés par les messages de sympathie des musulmans et par la sollicitude de S.M. le Roi Mohammed VI », affirme-t-il à ALM. Le Souverain a en effet fustigé, dans un message de condoléances adressé à Serge Berdugo, cet acte criminel ignoble, que l’ensemble des Marocains condamnent, car il est incompatible avec leurs traditions ancestrales et leur attachement inébranlable aux valeurs de tolérance, de fraternité et de coexistence. Serge Berdugo est confiant en l’avenir : « cette crise sera dépassée ». Avant d’affirmer que « les Juifs sont autant marocains que les autres citoyens. Leur culture est ancrée ici, et rien ne saura ne les obliger à partir». La société civile se mobilise, quant à elle, pour dénoncer les actes criminels. Un sit-in a rassemblé, dimanche au lieu de l’assassinat d’Albert Rebbibo à Casablanca, plusieurs personnes. Parmi les présents, il y avait Abderrahim Harrouchi, président de l’association Afak. Ce dernier exprime son indignation avec des termes très vigoureux, avant de préciser : « nous ne devons pas faire l’amalgame entre les Juifs marocains et la politique poursuivie par le gouvernement israélien. Les gens qui agissent de la sorte se conduisent de la même façon que certains Occidentaux pour qui tout musulman est un terroriste d’Al Quïda ». Si la piste terroriste s’avère juste dans l’enquête au sujet des deux assassinats, il ne faut pas se leurrer sur le projet qui la fonde. Les Juifs ne sont que la partie visible de l’iceberg. Les obscurantistes chercheront ensuite à s’attaquer à toutes les personnes qui ne partagent pas leur modèle de société.

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