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Corruption sexuelle : Un tabou de plus en plus visible

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Elle reste peu connue du fait qu’elle est rarement signalée

Une nouvelle forme de corruption prend de l’ampleur au Maroc et fait réagir : la corruption sexuelle. Ce fléau gangrène principalement le marché du travail. Selon Michèle Zirari Devif, juriste et secrétaire générale adjointe de Transparency Maroc, «la corruption sexuelle est le fait pour une personne (fonctionnaire ou employé du privé) d’exiger des faveurs sexuelles en contrepartie d’une prestation qui fait partie de ses fonctions». Combien de personnes en sont victimes? Difficile à dire, faute de statistiques nationales. «Nous travaillons sur ce projet depuis moins d’une année et de plus nous n’avons pas les moyens de faire des enquêtes qui donneraient des chiffres sûrs.

D’après les contacts que nous avons pu avoir, c’est un phénomène fréquent», indique Mme Zirari Devif. Signalons à ce sujet que Transparency Maroc, en partenariat avec l’Association internationale des femmes juges et Transparency International, a mis en place un projet intitulé «Impact de la corruption sur les femmes» qui s’étend jusqu’à la fin du mois de mars 2018, dans le but d’étudier et d’analyser le phénomène. La finalité étant d’aboutir à identifier son ampleur et concevoir les mesures à prendre pour le combattre. Malgré sa fréquence, la pratique de la corruption sexuelle reste peu connue du fait qu’elle est rarement signalée et traitée par les mécanismes traditionnels de surveillance et les mesures anti-corruption. Transparency Maroc note que les cas sont rarement dénoncés car beaucoup de victimes ignorent leurs droits, craignent la stigmatisation, ne connaissent pas les recours qui existent, ou tout simplement considèrent que parler des agressions dont elles étaient victimes ne leur aurait servi à rien. Mme Zirari Devif explique cette situation par le fait que «nous vivons dans une société où tout ce qui touche le sexe, de près ou de loin, est tabou. Dès lors qu’une femme est victime  d’une infraction à connotation sexuelle, la tendance générale est de la considérer plus comme coupable que comme victime.

Il suffit de rappeler le récent fait divers de la jeune fille victime d’attentat à la pudeur avec violence dans un bus de Casablanca. De nombreux commentaires sur les réseaux sociaux estimaient que «c’est bien fait pour elle», car elle était habillée trop légèrement». Et d’ajouter: «C’est une situation que subissent les femmes victimes de corruption sexuelle mais aussi toutes celles qui sont victimes de harcèlement sexuel, sextorsion, attentat à la pudeur et viol. Le tabou qui entoure tous ces comportements rend très difficile leur dénonciation et les victimes sont beaucoup plus considérées comme coupables que comme victimes par de nombreuses personnes». Conscients de la menace majeure de la corruption fondée sur le genre pour le développement du secteur privé ainsi que de l’importance et la responsabilité des acteurs économiques dans la lutte contre ce phénomène, les partenaires du projet organiseront, en partenariat avec la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM), un séminaire le mardi 31 octobre 2017 à Casablanca sous le thème  «Secteur privé et lutte contre la corruption basée sur le genre». Cette rencontre sera l’occasion pour les participants d’identifier les actions et les programmes en cours qui peuvent potentiellement contribuer à faire face à la corruption sexuelle dans le secteur privé et sensibiliser   les acteurs économiques autour de cette problématique.

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