Société

Courrier des lecteurs : Ça n’arrive pas qu’aux autres !

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Détrompez-vous, tout le monde est concerné et les catastrophes naturelles sont devenues, de nos jours, très fréquentes et touchent n’importe quel point de la Terre. La puissance d’un Etat ne peut rivaliser avec celle de la nature. Un pays comme les États-Unis s’est trouvé complètement dépassé et impuissant devant le chaos engendré par les conséquences du cyclone «Katrina». Le désastre occasionné par ce cyclone vient révéler la fragilité de l’être humain face à la puissance de la nature. Ce n’est que par la raison, la science et la coopération que nous parviendrons à éloigner ou à réduire les risques de ces catastrophes naturelles.
Depuis quelques années, des catastrophes naturelles de toutes sortes, de plus en plus fréquentes et graves, font des milliers de victimes et réduisent à néant ce que nous avons construit pendant des années. Aucun continent n’y échappe et aucun pays n’est à l’abri de ces catastrophes. Les avalanches, les mouvements de terrain, les feux de forêts, les inondations dévastatrices, les cyclones puissants, les tempêtes violentes, les séismes destructeurs mais aussi les raz de marées, les éruptions volcaniques, les sécheresses prolongées, les invasions d’insectes nuisibles… Nous avons là un panel de catastrophes dites naturelles, rapportées régulièrement par les médias du monde entier ces dernières années, de n’importe quel point de notre planète. La canicule en Europe, pendant l’été 2003, a fait des milliers victimes en France. Le terrible tsunami qui a frappé les pays riverains de l’Océan indien a endeuillé le monde entier en cette fin d’année 2004 par le nombre de victimes de plusieurs pays; l’ouragan «Katrina» a peut-être fait des milliers de morts en Louisiane et dans le Mississipi et a gravement endommagé les infrastructures et l’économie des trois Etats du sud des Etats-Unis.
Les catastrophes naturelles se multiplient, tellement qu’on peut s’interroger sur la part qui est due à la nature et celle qui dépend de l’activité humaine. Certes, on ne peut pas affirmer que le tsunami qui a dévasté les pays du Sud-est asiatique est un effet secondaire de la dégradation de l’environnement et de l’industrialisation excessive. Mais comment éviter de penser aux changements climatiques, quant à la canicule en Europe et au cyclone «Katrina» qui a frappé le golfe du Mexique avec des vents de plus de 280km/h ?
Les événements climatiques extraordinaires ces dernières années, comme le réchauffement de la terre, la canicule, la fonte des anciens glaciers, la multiplication des cyclones violents et des tempêtes de plus en plus puissantes sont des indices clairs d’un changement climatique. Il faudra compter, à l’avenir, avec des risques climatiques d’un genre nouveau qui provoqueront de gros dommages sur notre planète. Nous devons donc nous habituer à ce que les étés caniculaires et les cyclones dévastateurs hors saisons soient plus fréquents, mais on doit aussi s’y préparer. Il faut qu’on prenne en compte la réalité climatique d’aujourd’hui et la nécessité d’agir de façon urgente. Le changement climatique constitue un défi majeur pour toute l’humanité. Comment interrompre cette évolution négative du climat qui menace l’avenir de notre planète? Comment prendre en compte des évolutions à long terme dont nous commençons à peine à percevoir les conséquences ?
La communauté scientifique est unanime : l’aggravation de l’effet de serre depuis l’ère industrielle est principalement à l’origine du changement climatique global et de la multiplication des anomalies climatiques à l’échelle régionale. C’est autour des deux pôles que le réchauffement climatique est le plus visible : en Alaska, en Sibérie ou en Antarctique, la glace fond et la toundra disparaît, modifiant profondément le paysage.
La question que se posent de nombreux scientifiques aujourd’hui, c’est comment faire régénérer cette couche stratosphérique qui protège la Terre du rayonnement ultraviolet du Soleil ? Selon le climatologue Kerry Emmanuel, qui a publié une étude en août dans la revue « Nature », les cyclones qui frappent l’Atlantique et le Pacifique se sont aggravés, à la fois en durée et en intensité, d’environ 50% depuis les années 70. Dans le même temps, rappelle-t-il, les températures moyennes de la planète ont augmenté, de même que le niveau de pollution dans l’atmosphère. Les données météorologiques prévoient une augmentation de la puissance des vents des cyclones d’environ 5% d’ici la fin de ce siècle. De nombreux chercheurs affirment que le réchauffement climatique a entraîné une hausse des températures des océans, milieux propices pour la formation des cyclones. Cette température élevée de la surface des océans favorise l’évaporation dont les cyclones tirent l’essentiel de leur énergie.
Malgré les constats alarmistes et répétés sur le réchauffement climatique, l’état de la couche d’ozone et le recul des glaciers, les Etats-Unis d’Amérique qui produisent 45 % des gaz à effet de serre, sont le seul pays du G8 à ne pas avoir ratifié le protocole de Kyoto (11 décembre 1997) qui impose de réduire de 5,2% d’ici à 2012 les émissions des gaz à effet de serre. George W. Bush, surnommé par les médias « premier pollueur de la planète », est demeuré jusqu’à présent inflexible et sourd à toutes les mises en garde des scientifiques et aux sollicitations de la communauté internationale pour signer le protocole de Kyoto. Un rapport élaboré en 2003 par le Pentagone allait jusqu’à établir que le réchauffement climatique pourrait être l’un des plus graves défis à la sécurité nationale des États-Unis. Mais ce cri d’alarme n’a pas été entendu jusqu’à présent par le président George W. Bush. Peut-être que le drame que vit son pays lui fera prendre conscience que la globalisation ou la mondialisation n’est pas seulement économique et commerciale mais également écologique.
Aujourd’hui, scientifiques et organisations écologiques disent qu’il est indispensable d’aller au-delà du protocole de Kyoto, c’est-à-dire de limiter encore plus sévèrement les émissions des gaz à effet de serre. Pour réduire cette dangereuse évolution du climat de la planète, les experts souhaitent en effet un accord à l’échelle mondiale pour diminuer les émissions des gaz de 30% d’ici à 2025 et de 65% d’ici à 2050. Mais pour l’heure, il semble utopique d’imaginer la réalisation d’un tel objectif sans un changement d’attitude des Etats-Unis, principaux pollueurs de la planète.
Le défi qui est posé à la communauté internationale aujourd’hui n’est pas de limiter la croissance économique, mais d’assurer un développement respectueux de l’environnement, en maîtrisant la consommation énergétique et en développant les énergies renouvelables. Le développement ne doit pas détruire les écosystèmes et les ressources naturelles, ce qui à terme ruinerait les conditions même de développement. Si les pays en développement adoptent les mêmes modes d’industrialisation et de consommation que les pays développés, la situation serait plus grave et il faudrait plusieurs planètes pour satisfaire les besoins de la population mondiale. L’enjeu majeur d’aujourd’hui et des années à venir sera la recherche, en commun de compromis, d’un véritable contrat entre la nature et l’activité humaine. Il est temps que nous réagissions et prenions la mesure de ce que nous sommes en train de faire subir à notre planète. L’accumulation de nos erreurs, de nos mauvais choix, si elle n’a pas toujours de conséquences immédiatement visibles, fait pourtant peser sur notre avenir des menaces à long terme qui seront difficiles à contrer ou à corriger. Il est évident que la détérioration de l’environnement est liée au développement économique, mais les intérêts économiques en jeu sont tels que les acteurs de l’économie et de l’industrie ont souvent tendance à minimiser les conséquences de leurs activités. Si l’Homme en est responsable, il est aussi la première victime de ces bouleversements climatiques et environnementaux.

Mohamed Sihaddou
Ingénieur en Télédétection Aérospatiale
Toulouse/France

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