Fréquentant la psychologie et la sémiologie depuis pas mal d’années, j’ai toujours été intrigué par la couverture de Demain et j’ai toujours gardé mes remarques pour moi.
Tout d’abord, phonétiquement «Demain» peut aussi être entendu comme «deux mains». Ceci nous ramène donc à ce dessin de «goumier» qui figure à côté du titre et qui tient non pas un fusil mais une sorte de «fusil-stylo» à «deux mains».
Lmrabet embête même les valeureux goumiers. Cette arme -fruit de l’imagination de Lmrabet- ne jette pas du feu mais de l’encre. L’encre évidemment nous ramène au «jet d’encre» en somme au domaine du liquide. La thématique des «deux mains» semble obsédante chez Lmrabet car le «goumier» est dans une posture phallique tenant une chose pervertie qui lance du liquide.
La taille démesurée de l’objet tenu à «deux mains» sur le dessin ne compense-t-elle pas un regret par rapport à quelque chose de plus petit et qui agace le sujet- journaliste ! Une chose rêvée et fantasmée devenue tellement énorme qu’il faut la tenir avec «deux-mains».
Cette interprétation est confirmée par le titre que Lmrabet a donné à sa publication en langue arabe: «Doumane».
Sans faire de jeux de mots vilains «Doumane «c’est aussi phonétiquement «Doux Main». Autrement dit Lmrabet nage dans une «obsession onanistique» triste et dans un «auto-érotisme» gris et frustrant découlant d’une absence de communication fondamentale avec l’autre, avec les autres.
C’est pour cela que tant qu’il n’a rencontré pas l’affection, la vraie, il balancera, chaque samedi, son «fiel», soustrait par un épuisant «auto-effort», tel un adolescent boutonneux et immature, dans un parti pris subjectif «anti-tout». Y compris lui-même.
• Soufiane Fikri
Casablanca