D’emblée il me semble que le titre de la Une du 16 décembre 2005 est – autorisez-moi le terme – inadéquat. Pourquoi ainsi montrer du doigt le seul ex-ministre de l’Intérieur qui, j’entends bien, n’est nullement exempt de tout reproche, loin de là, dès que notre douloureux passé, pas si vieux que cela, ressurgit? (…) Le peuple ne restera pas dupe éternellement. Je pense même que les Marocains sont conscients que les travaux et autres rapports de l’IER ne sauraient absoudre les tortionnaires de leurs crimes et péchés.
Toutefois, ne croyez pas, monsieur le directeur, que je suis partisan d’une chasse aux sorcières et qu’un esprit vindicatif me hante. Je suis conscient que notre pays traverse une phase délicate, certains diront de transition, et que nous ne devons pas nous comporter de manière instinctive.
Mais que la société civile, les partis politiques et les médias, dont vous êtes un digne représentant, osent amorcer le débat dans sa globalité. Blâmer une personne (comment imaginer qu’un seul homme, aussi puissant et cruel soit-il, peut humilier tout un peuple sans complicités?) me paraît réducteur et puéril. Ne serait-il pas plus bénéfique, si l’on veut faire fi de toute l’ opacité qui s’est signalée pendant les années de plomb, de faire le mea culpa de toute une génération? On pourrait dès lors parler de justice retrouvée et de réconciliation.
• Hicham Bouzid