Société

Courrier-des-lecteurs : Le champ politique doit être restructuré

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L’IMRI a inscrit dans sa Charte, parmi les principaux objectifs, la contribution à la consolidation de la démocratie et de la modernité dans notre pays. C’est dans ce cadre, que le dernier remaniement ministériel du 8 Juin 2004 appelle les remarques suivantes .
Depuis l’accession au Trône du Roi Mohammed VI, le Maroc s’est engagé indéniablement dans un processus démocratique, qui est l’un des plus avancés dans les pays arabes et africains. Cependant, ce processus se heurte à un champ politique défaillant.
Il faut citer tout d’abord l’inexistence d’une loi sur les partis politiques, réglementant leur création, leur fonctionnement, et les règles strictes auxquelles ils doivent se conformer.
Cette absence de loi a entraîné un champ politique chaotique, marqué par une multiplicité de partis, sans organisation solide, sans véritable programme différencié, sans moyens d’action appropriés.
De plus, la plupart des partis politiques ont eu des comportements peu vertueux, se traduisant par des scissions, des alliances contre-nature, des pérégrinations d’un parti à l’autre, au gré des circonstances et des intérêts individuels. D’autres part, la majorité des partis n’a pas assuré de renouvellement de ses cadres, et les dirigeants restent inamovibles pendant des décennies.
Cet état de fait a entraîné une perte de crédibilité des partis politiques, qui n’arrivent plus à attirer les meilleurs cadres de la nation. Ces derniers, préfèrent soit militer dans des associations, soit ils renoncent tout simplement à toute action politique.
La seconde cause du champ politique chaotique actuel, est le système électoral adopté par le gouvernement pour les élections législatives notamment. En effet, le scrutin majoritaire à un tour, fragmente l’électorat en une multitude de tendances, et ne permet pas la constitution d’une majorité cohérente de gouvernement. Les conséquences de cette situation se traduisent au niveau de la constitution du gouvernement . C’est ainsi que le Premier ministre actuel n’est pas issu d’un parti politique, alors que la véritable démocratie exige la désignation d’un chef politique issu d’une majorité parlementaire. La composition du gouvernement actuel est un amalgame de ministres sans appartenance politique, et de six formations politiques. Le remaniement ministériel du 8 juin 2004 ne vient que conforter cette situation, puisque sur les cinq nouveaux arrivants, seul une personnalité est véritablement issue d’un parti politique.
Dans cette analyse, il n’est nullement question de mettre en cause les personnalités composant le Gouvernement, et notamment le premier d’entre eux ; dont le patriotisme, l’ardeur au travail et la volonté de bien faire, sont reconnus de tous et hors de tout soupçon.
Mais c’est le système lui-même qu’il faut réformer pour atteindre progressivement la véritable démocratie, qui consiste par des élections libres et transparentes, à porter au pouvoir une majorité cohérente et efficace, tenue d’appliquer le programme pour lequel elle a été élue. Pour cela, l’adoption d’une loi sur les partis politiques est urgente et indispensable pour fixer les règles du jeu. Le système électoral doit être également changé, par l’adoption du scrutin majoritaire à deux tours, seul capable de constituer des gouvernements homogènes et efficaces, et assurer l’alternance.
Les partis politiques, auxquels la Constitution a dévolu un rôle d’encadrement, doivent également se mettre à niveau, par des programmes clairs et précis, une démocratie interne, une organisation transparente, la sanction de tout comportement suspect de ses membres. Le champ politique marocain doit également se restructurer et se recomposer. A l’image des grands démocraties, seules quatre à cinq grandes formations politiques doivent émerger, et représenter les principales aspirations de notre peuple. Ces formations doivent avoir un programme clair et précis, et s’y tenir, afin de respecter le choix des électeurs. Le chemin de la démocratie est long et difficile, et exige un combat incessant et durable. Mais je suis persuadé, que les démocrates marocains sauront l’imposer à plus au moins long terme dans notre pays.

• Par Jawad Kerdoudi
président de l’IMRI (Institut Marocain des Relations Internationales)

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