Société

Courrier-des-lecteurs : TIC : Quelle place dans notre politique ?

Au moment où tous les économistes s’accordent à dire que les TIC représentent un levier très important pour le développement de notre pays, nous avons l’impression que notre gouvernement accorde de moins en moins d’importance à ce secteur.
Il y a quelques jours, le 30 juin 2004, se tenaient au Caire les travaux du bureau exécutif du Conseil des ministres arabes des Télécommunications. Je me suis posé cette question simple : qui a représenté le Maroc à ces travaux ? Après quelques recherches sur le Web, j’ai constaté que la délégation marocaine à ce conseil était conduite par l’ambassadeur du Royaume au Caire et le délégué permanent auprès de la Ligue arabe.
Rappelons que lors de l’avènement du gouvernement Jettou I, le secrétariat d’Etat à la Poste, aux Télécommunications et aux Technologies de l’information (SEPTI) a été supprimé et ce département a été rattaché au ministère du Commerce, de l’Industrie et des Télécommunications. L’avènement du gouvernement Jettou II a vu la disparition du mot télécommunications de l’intitulé de ce ministère. La responsabilité de ce secteur s’est vue confier au ministère des Affaires économiques et générales.
Comment peut-on expliquer l’absence au sein des gouvernements Jettou d’une représentativité de premier plan pour ce secteur ? Est-ce que le Maroc a besoin d’une autorité forte, centrale et identifiée dans ce domaine ou au contraire le secteur est-il représenté au gouvernement à travers tous les ministères vu son caractère transversal? Est-ce que les acteurs actuellement en place seront amenés à frapper à plusieurs portes pour discuter des problèmes du secteur ?
Je me suis posé ces questions comme probablement toutes les personnes travaillant dans ce secteur. Pour essayer d’avoir quelques réponses, je me suis connecté une autre fois sur le Web pour visiter les sites officiels de vingt pays dispersés dans quatre continents (5 en Afrique, 6 en Europe, 6 en Asie et 3 en Amérique). Je voulais identifier le responsable de ce secteur dans ces pays.
Sur les vingt pays visités, dix-sept ont au niveau de leur gouvernement un ministère ou un secrétariat d’Etat qui est responsable exclusivement ou partiellement du secteur des TIC. Seuls trois pays ont uniquement des directions centrales ou des agences. Ces pays sont la France, le Canada et les Etats-Unis d’Amérique.
En France, c’est la Direction générale de l’industrie, des technologies de l’information et des postes (DiGITIP) qui a été créée dans le but de proposer et mettre en oeuvre les actions propres à créer un environnement favorable au développement de l’industrie en France, à développer la compétitivité industrielle du territoire français et à accroître la compétitivité internationale des entreprises industrielles et du secteur des postes et des télécommunications.
Au Canada, c’est la direction du Dirigeant principal de l’information qui a pour mission, à l’échelle du gouvernement du Canada, de mener la poursuite de l’excellence dans la prestation des services et dans la gestion de l’information et de la technologie pour le Canada.
Aux Etats-Unis d’Amérique, c’est une agence gouvernementale sous tutelle du ministère du commerce qui s’occupe du secteur. C’est la «National Telecommunications and Information Administration». Dans les dix sept pays qui ont un ministère ou un secrétariat d’état qui s’occupe du secteur des TIC, les mêmes intitulés reviennent souvent avec des particularités dans certains pays comme en Malaisie et au Royaume-Uni. En Malaisie, les TIC sont traitées par le ministre qui s’occupe de l’énergie et de l’eau. Au Royaume-Uni, c’est la même chose, les TIC sont traitées par le secrétaire d’état qui gère aussi l’énergie. Ces exemples montrent que le choix du Premier ministre Driss Jettou n’est pas unique dans le monde mais dans ce cas, les acteurs du secteur des TIC ont besoin de connaître et vite l’identité de l’entité gouvernemental qui sera leur interlocuteur privilégié et qui a des prérogatives claires. C’est crucial pour le développement de ce secteur et pour tous les investisseurs qu’ils soient marocains ou étrangers.
Qu’elle pourrait-être cette entité gouvernementale ?
Une direction centrale comme en France ou au Canada ou une agence comme aux Etats-Unis ? Mon choix se porterait rapidement sur une agence qui ne définirait pas uniquement la politique gouvernementale mais exécuterait aussi et surtout, pour le compte du gouvernement, les grands chantiers que sont l’informatisation de l’Etat, le commerce électronique et le gouvernement électronique.
Le Maroc a fait le choix de la modernité qui passe par l’éducation, la mise à niveau de l’économie et aussi l’intégration à la société globalisée de l’information. Ce sont des défis importants pour le Maroc, mais je crois qu’il a les ressources humaines nécessaires pour les relever.

• Radouane Mrabet
Professeur à l’ENSIAS – Rabat

Articles similaires

SociétéUne

Alerte météorologique: l’ADM appelle à la vigilance sur l’axe autoroutier Meknès-Oujda

La Société nationale des autoroutes du Maroc (ADM) a appelé les usagers...

SociétéSpécialUne

Plus de 28.000 nouveaux inscrits en 2022-2023 : De plus en plus d’étudiants dans le privé

L’enseignement supérieur privé au Maroc attire des milliers de jeunes chaque année.

SociétéSpécial

Enseignement supérieur privé : CDG Invest entre dans le capital du Groupe Atlantique

CDG Invest a réalisé une prise de participation de 20% via son...

SociétéUne

Enseignement supérieur: La réforme en marche

Le digital occupe une place de taille dans la nouvelle réforme du...