Société

De l’enseignement à la falsification

© D.R

Lorsqu’il lisait les romans polars ou les faits divers dans les colonnes des journaux, Youssef focalisait toujours son attention sur les erreurs commises par le criminel qui finit dans les filets de la police. Peu à peu il commença à incarner les personnages dont il lisait les méfaits et se voyait plus intelligent pour ne commettre aucune faute. La fortune est à la portée de sa main, il lui suffit d’agir.
Youssef est né un jour de 1980 à Fès. Il était un élève brillant et ambitieux au point qu’il n’a jamais échoué dans son parcours scolaire. Ayant décrocher son baccalauréat, il a rejoint l’université qu’il quittera quelque temps plus tard. Pour lui, il n’y a pas d’horizon après l’obtention de la licence. En conséquence, il n’a pas voulu rater le concours pour l’accès au centre de formation des enseignants. Ses années de formation achevées en 2001, il a eu un poste dans une école située dans la région de Talsinte, au sud du Maroc. Très éloigné de sa famille, ses amis et ses voisins, Youssef a senti une solitude atroce au point qu’il a pensé abandonner son poste.
La situation s’est aggravée encore au début de l’année scolaire en cours quand il a été muté dans une autre école à plus de trois kilomètres de la première. Certes, il n’a pas rejoint sa classe pour rester chez lui à Fès. Il se contentait d’envoyer des certificats médicaux. D’un certificat à l’autre, Youssef a été radié de sa profession pour rester en chômage. En conséquence, le problème d’argent a commencé à se poser avec acuité. Comment va-t-il faire ? Inspiré comme il l’était, il a déduit que la meilleure façon d’avoir de l’argent facile, avec moins de risques d’être arrêté est la falsification des billets de banque. Seulement, il doit avoir des complices pour l’aider. A ce propos, il a pensé à son ami, Khaled, né en 1975 à Fès, qui dispose d’une somme d’argent. Quand Youssef lui a proposé son idée, ce dernier s’est engagé sans trop hésiter. Aussitôt, il lui a versé une somme pour qu’il loue une maison et aussi pour acheter un ordinateur et un scanner.
Depuis, ils ont effectué les premières expériences. Ils ont tenté au départ de falsifier les billets de 20 et de 50 dirhams. Mais cela n’a pas marché. Ils sont passés à la falsification des billets de 100 et 200 dirhams. L’expérience a réussi. Pleins de joie, ils ont mis la machine en action. Et les faux billets de 100 et 200 dirhams ont été mis en circulation au marché.
Deux semaines plus tard, la police judiciaire de Fès a reçu à ce propos une information faisant état que des faux billets de banque circulaient. Les éléments de la brigade anti-gang ont pris l’affaire en main et ont entamé les investigations. En un temps record, ils sont arrivés à mettre leur pied sur la piste d’une bande. Au départ, ils ont mis la main sur un jeune homme en possession de 20 faux billets de 100 dirhams. Il s’agit de S.M, né en 1976 à Fès. Ce dernier leur a indiqué Khaled, l’ami de Youssef, qui lui a vendu les faux billets contre plus de 30 % de profit. Arrêté, Khaled a conduit les enquêteurs chez Youssef.
Ce dernier leur a expliqué qu’il était le cerveau de la bande et qu’il avait l’intention de constituer une société écran. Cette dernière devrait employer une dizaine de filles qui se chargeraient de faire le tour d’un maximum de bijouteries afin d’acheter par les faux billets des bijoux en or. Il avait planifié que chacune d’elles liquiderait une somme de plus de 20 mille dirhams en faux billets de banque par jour. Son plan prendra fin en émigrant avec le magot vers un pays européen ou vers le Canada. Seulement, son projet sera noyé. Les enquêteurs ont identifié trois autres complices qui agissaient à Casablanca, Kénitra et Meknès. Il s’agit respectivement de A.G, sur lequel les enquêteurs ont saisi 59.900 dirhams,composés de 238 faux billets de 200 dirhams et 137.000 dirhams en 100 dirhams, et de H.G et O.G sur lesquels ils ont saisi une somme de 71.500 dirhams, composés de 25O billets de 200 dirhams et 205 billets de 100 dirhams. Youssef, Khaled et leurs trois complices ont été traduits en état d’arrestation devant le parquet général près la Cour d’appel de Fès; ils sont poursuivis pour constitution d’une association de malfaiteurs, falsification et mise en circulation de billets de banques, et complicité.

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